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Sceptique
26 décembre 2010

La décentralisation et ses méfaits

Le médias se réjouissent de la guérison du vilain bouton rouge qu'a été le campement improvisé pour des milliers de personnes chaque nuit, dans les terminaux de l'aéroport international de Roissy-Charles De Gaulle.

Mais quelques dizaines de kilomètres plus au Nord, tout le réseau routier secondaire qui irrigue la Picardie rurale est bloqué depuis plusieurs jours par les énormes chutes de neige, sa transformation en congères par le vent, et le froid qui maintient le tout. Toute circulation y est arrêtée, y compris celle des commerces ambulants qui ravitaillent les personnes âgées, et qui ravitailleraient bien les autres, ceux qui allaient vers les villes pour y acheter l'essentiel. Avant la catastrophe finale qui a frappé la région, l'avant-veille et la veille de Noël, ces commerces urbains avaient subi le contrecoup des avatars des camions, interdits de circulation, ou renversés dans les fossés. Beaucoup de rayons vides témoignaient des ruptures de stocks.

Et cette situation est susceptible de perdurer jusqu'à un dégel naturel qui n'est pas encore prévu par la Météorologie régionale (deux à trois degrés au dessus de zéro ne peuvent faire fondre la neige). Or c'est le département qui a maintenant la responsabilité de l'entretien de la voirie, et il n'a les moyens, et le souci, que de traiter les axes principaux. Les communes rurales n'ont d'autre recours que les quelques agriculteurs en activité. Ils risquent leurs tracteurs, pour dépanner des automobilistes, et racler, s'ils ont les équipements nécessaires, les amas de neige. 

L'État s'est dépossédé de son autorité coordinatrice pour ce genre de services de proximité. Ils sont maintenant confiés au bon vouloir des Conseils Généraux, qui invoquent "le manque de moyens" imposé par l'État. Ce dernier n'a effectivement plus aucun moyen, comme l'étaient ses forces armées, réduites drastiquement, et regroupées sur quelques points du territoire. 

De toute façon, hier, c'était Noël, aujourd'hui, c'est Dimanche, "on" verra demain!

Voilà quelques années que, sous prétexte de décentralisation, la France glisse vers un déséquilibre entre un État qui s'affaiblit et des collectivités locales obsédées par leur lutte contre ce qu'il en reste. Elles y consacrent plus d'énergie qu'à la mission qui leur a été imprudemment confiée. Elles assoient leur pérennité sur un électorat urbain reconnaissant. Tant pis pour les villages et les villageois. Les communautés de communes n'y ont pas changé grand-chose.

Où s'est située la faille? L'idée de décentralisation, réactionnelle aux excès de la centralisation, a été portée par les héritiers du jacobinisme, la Gauche! Parce que notre vie politique est ainsi faite: l'opposition, c'est dire non à ce qui a été fait, et proposer le contraire. À l'autoritarisme et à l'étatisme du gaullisme et de ses héritiers, il fallait opposer l'affaiblissement de l'État, au profit des indépendances locales*. 

Au retour au pouvoir de la Droite, après quinze ans de pouvoir effectif de la Gauche, le poids d'un Centre héritier du Girondisme a fait basculer le choix politique vers une aggravation de cette fameuse décentralisation. Pour le plus grand profit d'une Gauche, à laquelle l'accaparement des pouvoirs territoriaux fournira les forces nécessaires à sa reconquête de l'État. Enfin, c'est sur ce quoi elle compte.

De parts et d'autres, "on" aurait pu se demander si l'évolution historique de notre pays vers un État centralisé ne correspondait pas à une nécessité, tellement les forces centrifuges y ont toujours été puissantes. Ce retour d'un coeur léger vers la féodalisation, qui a atteint un poids critique, pourrait s'avérer coûteux.

Sceptique

*Et catégorielles!

 

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