La pitié dangereuse
L'humanité est un trait fondamental de la personnalité du Président Sarkozy. Sa toute première manifestation se fit en faveur des infirmières bulgares et du médecin palestinien, enfermés par le satrape libyen. Il y eut bien d'autres prises de position chevaleresques en faveur de victimes d'injustices ou de la méchanceté fondamentale de régimes politiques ou d'organisations terroristes.
Sa toute dernière, en faveur de Florence Cassez, enfermée à vie* dans une prison mexicaine, pour complicité d'enlèvement, présentait tous les risques de braquer le gouvernement mexicain, attaqué nommément en la personne de son Ministre de la Sécurité, responsable de l'arrestation-spectacle de Florence Cassez, il y a six ans.
Le gouvernement mexicain s'est fâché tout rouge, a annulé sa participation à l'Année du Mexique, et a écarté un éventuel "transfèrement" vers une prison française, où , certainement , elle ne resterait pas aussi longtemps.
Le Président Nicolas Sarkozy en avait déjà trop dit et trop fait pour s'abstenir à l'annonce du refus par la Justice mexicaine d'examiner le dernier recours présenté par Florence Cassez. Il a donc abattu ses dernières cartes, et il a perdu. "On" va le moquer ou lui reprocher l'acte manqué, comme on l'aurait accusé de pusillanimité s'il n'avait rien dit, ni fait. Mais lui-même aurait eu le sentiment de se trahir s'il n'avait pas agi dans le sens de son humanité. Il se préfère ainsi.
Florence Cassez est peut-être innocente de ce qu'on lui reproche. Il y a sans doute eu de grosses fautes de procédure à l'occasion de son arrestation et de sa mise en accusation. Mais elle-même n'a jamais pris conscience du risque qu'elle avait pris à être la compagne d'un beau voyou, dont les moyens généreux étaient douteux. Ses dénégations peuvent être fondées, mais en justice, elles ne suffisent pas. C'est le système de défense préféré!
Sa protestation égocentrique doit en agacer plus d'un et plus d'une, là-bas, au Mexique, confronté à une violence maffieuse indicible. Sa manipulation obstinée au plus haut niveau a échoué, et compromis pour un long moment ses chances d'une mesure de grâce.
Sceptique
*Je ne sais pas s'il y a des remises de peine au Mexique, ou des mesures en faveur de prisonniers âgés. Mais à 35 ans, Florence Cassez a, encore, théoriquement, 55 ans à faire. Ce qui met le terme officiel de son emprisonnement à 90 ans.