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Sceptique
18 mai 2011

Hypocrisie "à la française, hypocrisie "à l'américaine".

La mésaventure de DSK n'a pas que de lourdes conséquences pour lui-même et pour le Parti Socialiste. Elle fait, aussi, éclater les jugements collectifs réciproques des peuples français et américain, habituellement bien cachés sous la traditionnelle "amitié" qui nous lie depuis quelques siècles. 

Collectivement, les américains jugent très sévèrement l'écart de conduite de notre homme politique renommé, propulsé à la tête du FMI, où il a fait bonne figure. Ils nous reprochent d'avoir volontairement caché ce point faible de sa personnalité. Caché à leurs yeux, mais aussi aux nôtres, mis "sous le coude" à chaque occasion, répétée, et parfois très sérieuse, comme elles apparaissent, maintenant que les langues des témoins et des victimes se délient.

Lui-même avait la franchise d'évoquer, mais sur le mode lénifiant, ce point faible, qu'il savait menaçant pour sa carrière. "On" ne l'a pas entendu, "on" a compté sur la capacité d'oubli des français, sur leur peu d'intérêt pour la politique, en fait, pour ne pas se priver des talents de DSK. Au point que le Parti Socialiste voyait en lui leur plus grand numérateur commun, capable d'aspirer des voix de droite (remplaçant un certain nombre de voix de gauche assurées manquantes), et de ne pas inquiéter le monde des affaires (les vraies).

"Un homme est un homme, c'est naturel en somme". Ce constat, refrain d'une chanson française, résume l'indulgence fondamentale, teintée de mépris, quand même, des femmes françaises, à l'égard de leurs fils(toujours*) et de leurs maris (nettement moins). Bien sûr, il ne faut pas "qu'Ils aillent trop loin, trop fort, trop visiblement, dans l'expression de leur "nature". Les voies de fait, commises par des "malades", incapables de relations saines et égales avec les femmes, sont condamnées, mais la drague, même insistante et collante, est facilement pardonnée, plus généreusement que l'inhibition et l'impuissance. De toute façon, cet aspect de la vie relève de l'intimité, et "on" en parle le moins possible, en dehors des généralités.

Les hommes américains ne sont pas intimement différents. Ils ont du mal à supporter la frustration, il la compensent comme ils peuvent, mais ils savent qu'ils n'auront droit à aucune indulgence tant de la part de leur conjointe que de leur société, bien gardée par des Tartuffes se prenant très au sérieux. L'affaire DSK a remis en lumière les accrocs au contrat conjugal commis par quelques célébrités, et le prix sentimental, ou politique, payé. La balance penche nettement en faveur de l'homme français. Devant la société, il paye nettement moins cher ses faiblesses pour le beau sexe. Les rivaux ne l'entendent pas toujours ainsi.

Doit on faire amende honorable et évoluer vers un alignement sur le modèle culturel américain? Alors même que des américains nous envient et viennent chercher en France une odeur de liberté propre à ce domaine**?

Tout bien pesé, j'estime que non. Si un rééquilibrage entre les hommes et les femmes est indispensable, il doit se faire par la prise de conscience, par les femmes françaises, de leur participation à notre façon d'être hypocrites, en commençant par leur sexisme maternel, largement inconscient, mais redoutablement efficace. Si les jeunes mâles français y trouvent avantage, les filles n'arrivent pas à s'affirmer au sein de la société, dans le monde du travail, de la politique, dont le machisme est sournois.

La force des puissants est faite de notre faiblesse. La "force" des hommes est une réalité animale***. La "force" des femmes doit devenir une réalité sociétale. Il leur appartient de s'en convaincre, d'abord elles-mêmes, puis de l'imposer à la société, et de la transmettre, à leurs filles. 

Sceptique

* Les femmes complaisantes envers les frasques de leur homme se comportent en mères.

**Dans bien d'autres, nous aurions, au contraire, beaucoup de progrès à faire.

***La société ne retirerait aucun avantage à l'affaiblissement des hommes, volontaire ou imposé.

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