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Sceptique
15 juin 2011

Quand l'hallali sonne pour Berlusconi

Il n'y a plus beaucoup de monde pour le défendre, l'homme d'affaires avisé, qui, pris de passion pour la politique, est venu appliquer, sur le terrain de la nation italienne, ce qui lui avait réussi dans les médias privés.

Les italiens sont, maintenant, ravis de le faire tomber, les français, bien travaillés par leurs médias, applaudissent à leur tour, supputant la même chute brutale de leur propre président, en 2012.

Les reproches qui sont faits au Président du Conseil de droite, ce sont d'une part les accrocs à la morale des affaires commis dans l'exercice de son métier d'homme d'affaires. Il est, depuis des années, dans le collimateur des juges, et s'en dépêtre comme il peut, en invoquant son indisponibilité de responsable du pouvoir. D'autre part, les débordements de sa vie sexuelle, son goût pour les jeunes filles en fleur, épanouies à point, mais à l'âge incertain, lui valent des accusations de détournement de mineures, et même de proxénétisme. Le caractère orgiaque de ses fêtes privées est anachronique dans le contexte de pruderie et de puritanisme qui a gagné le monde occidental.

Que peut peser l'efficience politique dans ce contexte? De moins en moins, surtout après quelques années de pouvoir.

Car je ne vois nulle part se poser la question: "mais comment en est-il arrivé là?". Quand, comment, pourquoi, a-t-il été placé au pouvoir, avec l'assentiment majoritaire des italiens? Quand on sait à quel point la constitution italienne rend difficile l'émergence d'un pouvoir fort et durable, la longévité, les retours en force de Silvio Berlusconi après des désaveux, ne tiennent pas au hasard.

La réponse à la question ne mène pas à un coup de force quelconque. Berlusconi a des idées politiques, de droite, comme il était logique qu'elle se forment dans une Italie quasiment ingouvernable, dont le pouvoir instable était exposé à la corruption. Pour mémoire, nous avons, nous, français, souffert de l'impuissance de la IVème République, et le rappel au pouvoir du Général De Gaulle en 1958 a été le remède de nos faiblesses, par restauration de l'État et une nouvelle constitution permettant une stabilité et une efficacité de l'exécutif.  Les italiens n'ont pas, eux, bouleversé leur constitution, et la longévité de Berlusconi, lors de son deuxième mandat, est, dans l'histoire de la République italienne, un phénomène inattendu. Il ne me parait pas possible d'évacuer son "équation personnelle".

Les résultats négatifs des derniers référendums*, à l'initiative de l'opposition, constituent un désaveu de Berlusconi, mais ne l'obligent pas à démissionner. Le mandat donné à son parti est encore valable, mais il peut être lâché par son allié, la Ligue du Nord, d'Umberto Bossi. Il n'y a pas de doute qu'il est affaibli, et qu'il serait de son intérêt futur qu'il démissionne  et laisse l'opposition faire la démonstration de son incapacité.

L'ingratitude est à la fois le point faible et le droit imprescriptible des démocraties. N'y courons nous pas, nous-mêmes, prenant le risque d'une marche arrière, à l'aveugle? 

Sceptique

*L'unanimité se fait sur le sens "anti-Berlusconi" du vote des italiens. Ce qui donne à entendre qu'ils ont répondu n'importe quoi, pourvu qu'il soit le contraire de ce que souhaitait "Il cavaliere". L'avenir énergétique de l'Italie, par exemple, a été jugé moins important que les frasques du Président du Conseil.

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Commentaires
S
Je n'en suis pas sûr. Il a déjà subi des éclipses qui lui ont permis d'être regretté et rappelé au pouvoir par une majorité. Le problème de l'Italie, c'est qu'il y a Berlusconi, et les autres....anonymes.
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L
"Il n'y a pas de doute qu'il est affaibli, et qu'il serait de son intérêt futur qu'il démissionne et laisse l'opposition faire la démonstration de son incapacité."<br /> <br /> J'en doute fort. Un an encore au pouvoir s'il ne démissionne pas c'est du sûr. Sinon, plus jamais. A son âge, s'il démissionne, il tire sa révérence pour la dernière fois.
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S
J'ai l'impression que ces frasques, inconnues en Italie depuis longtemps, ont d'abord amusé les italiens, reconnaissant leur machisme dans la conduite du "cavaliere". Le "désamour" progressant, les orgies de Berlusconi ont été appelées en renfort de son rejet.<br /> Il n'y a pas, à ma connaissance, de professionnalisation de la politique en Italie, pas de grandes écoles, de "Sciences Po", d'ENA, créant une méritocratie qui adopte vite les travers de l'aristocratie. Berlusconi est un "parvenu" typique, qui a mis sa fortune au service de son ambition politique, qu'il a traitée comme il l'avait fait pour la première, l'immobilier. Ce qui me parait expliquer à la fois sa méthode et sa solitude.
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P
"dans le contexte de pruderie et de puritanisme qui a gagné le monde occidental": est-ce de la pruderie que d'attendre d'un dirigeant politique (républicain) qu'il observe un minimum de décence dans sa vie érotique?
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Sceptique
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