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Sceptique
27 août 2011

Université:"faire de bonnes études avec peu d'argent"

La question était taboue. Elle était la chasse gardée des syndicats d'étudiants, épaulés par quelques professeurs, eux-mêmes "anciens" de ces mêmes syndicats.

"Faut-il étendre à l'enseignement supérieur les définitions de l'enseignement primaire:"laïc, gratuit, et obligatoire", étendu ensuite aux deux cycles du secondaire, ou lui maintenir son ancien et théorique statut: optionnel, volontaire, responsable?

C'est à peu près ce qui se passait avant l'autonomie des Universités, oeuvre de l'actuel gouvernement. L'État prenait en charge la totalité du budget, et pour éviter d'ajouter un Nième motif de grève aux étudiants, les droits d'inscription étaient maintenus à un niveau symbolique, sans contrepartie de présence aux cours. Les deux ou trois examens de fin d'année suivant l'inscription servaient de régulateurs de la démographie universitaire.

L'ambition des législateurs était nettement plus élevée. L'autonomie devait rendre les Universités lieux d'excellence, pouvant rivaliser avec les Grandes Écoles et leurs semblables des principales nations du monde. Si les étudiants étaient insensibles au classement de Schanghaï, nos universitaires étaient vexés. Pour remonter la pente, il fallait de l'argent, pour équiper des laboratoires, pour attirer des chercheurs et des enseignants de renommée extra-hexagonale. La dotation de l'État étant ce qu'elle était, le supplément était à chercher du côté du mécénat, ou de l'augmentation des droits universitaires. Le mécénat était forcément subordonné à la renommée (naissante) de l'Université. Il fallait "amorcer la pompe".

Ce à quoi s'opposent farouchement les syndicats étudiants, au nom de l'égalité d'accès aux études supérieures, avant-dernière marche de l'ascenseur social. Sur le fond, ils ont raison, mais dans les faits, les chances de succès des études sélectionnent toujours les jeunes des familles aisées, ayant mieux préparé, et suivant de plus près, les parcours de leurs enfants.

Il y a assez de fronts ouverts* dans le cadre du conflit permanent entre l'État et la société civile, pour qu'on remette à plus tard la résolution de ce conflit. Le délicat examen de passage approche. Les problèmes très difficiles s'accumulent, tandis que les partis challengers brandissent leurs solutions miraculeuses.

Les politiques, tous les politiques, fermant leur gueule sur les broutilles, ce sont deux "think tanks" qui ont mis leurs pieds "dans le plat". Un "libéral", rien d'étonnant, à glisser tout de suite sous le tapis. Mais, l'autre, c'est Terra Nova, enfant naturel du P.S., jusqu'ici, bien élevé, et remarqué à ce titre. Tout en prenant la précaution d'en exempter à l'avance les étudiants boursiers, le "think tank" propose des hausses progressives mais considérables des droits d'inscriptions des universités**. L'avis de Terra Nova ne peut être censuré, ni à Paris, ni à La Rochelle. Les commentaires vont bon train. Certains dénient le problème, d'autres surenchérissent. Quant au Professeur Vincent Berger, Président de l'Université Paris VII, il affirme:"ce modèle ne peut pas fonctionner dans un système où les classes sociales aisées ne cherchent pas à diriger leurs enfants vers les universités et la recherche, mais vers les grandes écoles." 

"Yaka" fermer ou "universifier" les grandes écoles et l'égalité sera guérie. C'est la conclusion implicite. Il ne vient pas à l'idée de cet Universitaire qu'une Université rénovée et puisant sa renommée dans les succès de ses étudiants, et l'affluence de nouveaux, pourrait rééquilibrer les réputations des deux systèmes. Sur les bancs des grandes écoles, il y a un certain nombre d'enfants d'universitaires.

Sceptique

*Le nombre de fronts potentiels, séparant des belligérants prêts à en venir aux mains, avec de très concrets projets d'anéantissement de l'ennemi, est difficilement imaginable. Les pompiers de service dans les divers ministères, et même les préfectures, tiennent nuit et jour leurs lances et leurs vannes prêtes. Les preneurs de température, guettant les échauffements suspects, sont devant leurs écrans, ouverts sur l'internet.

**Terra Nova propose aussi, mais en 2011 et en 2012, "ça ne mangera pas de pain", une allocation d'études plutôt conséquente et généralisée. Aïe, aïe, aïe, la dépense publique!

Référence: "Le Monde" du 24 Août, page 14,"France"

 

 

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