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Sceptique
15 novembre 2011

Dictature des marchés? Ou dictature de la peur?

"La dictature des marchés": c'est le dernier anathème de Jean-Pierre Jouyet, patron de l'AMF. Y-croit-il? Si oui, je n'ose l'imaginer, il serait victime, lui aussi, de la dictature du Grand Yaka, ce "parrain" invisible qui tire les ficelles dans certains thrillers.

Souvent, on me pose la question: mais qu'est-ce donc que ces "marchés", dont on nous rebat les oreilles? À cette question flatteuse, que répondre? Imaginons 100.000 automobilistes français qui décident tous seuls, dans leur coin, qu'ils garderont leur voiture un an de plus. Elle marche encore bien, et il vaut mieux garder les 10.000 euros nécessaires à la Caisse d'Épargne. Il y aura même 200 euros de plus! Et, bien, voilà, 100.000 voitures de moins pour le marché 2011 de l'automobile, en France. 100.000 multiplié par 10.000 (prix approximatif), cela fait 1 milliard d'euros en moins pour l'industrie automobile...mondiale. Simplement par la faute de mauvais français, radins, et inquiets. Ou vice versa.

Ou encore? Cent mille "investisseurs"* qui paniquent tout d'un coup à propos d'une valeur, menacée comme d'autres de la même catégorie, et qui donnent à leur banque l'ordre de vendre tout ou partie de leurs titres de cette valeur, dès que possible et au mieux. Les courtiers les mettent en vente, et leur prix se détermine en fonction des offres et des demandes. S'il y a beaucoup d'offres, et moins de demandes, le cours baisse. Le mauvais exemple en entraine d'autres, dans la même catégorie. Les tendances baissières de la bourse sont en rapport direct avec la perte de confiance dans l'économie. Les possesseurs d'actions et d'obligations vendent pour ne pas tout perdre**. Il s'ajoute à ces braves gens des joueurs professionnels, les "traders", qui à l'aide de leurs ordinateurs achètent ou vendent des milliers d'actions, sans même engager d'argent. Le solde de ces opérations n'est que de quelques centimes, mais multipliés par le nombre de titres, cela fait beaucoup d'argent, partagé entre la banque, employeur, et le trader, payé à la commission( ou "bonus") pour l'essentiel***. 

Les marchés, se sont des petits ruisseaux, ou de modestes rivières, qui fabriquent un fleuve furieux qui emporte les valeurs vers un précipice. L'instantanéité de la transmission des ordres accentue la pente et la rapidité de la chute. Pour ceux qui les ont achetées un certain prix, c'est une perte, de l'épargne et de l'intérêt attendu.  Même ceux qui ne sont pas concernés sont inquiets. Is réduisent leurs dépenses, ils placent leurs économies, mais sans risque, sur un livret d'épargne. L'être humain a de bonnes raisons de se sentir vulnérable, d'autant plus que la nature l'a doté d'une bonne mémoire, la sienne, et celle, transmise, de ses ancêtres. IL sait que la faim existe. Il n'en a plus que rarement l'expérience personnelle, dans la société d'aujourd'hui, mais IL sait que ses ancêtres en ont souffert. Le plus souvent, il redoute le retour de la bonne misère d'antan.

Les marchés, c'est aussi comme un mouvement de foule, imprévisible et incontrôlable, écrasant tout et sans pitié sur son passage, s'épuisant, heureusement, assez vite. Mais pouvant reprendre, de la même manière, irrationnelle. Si ces mouvements sont impromptus, leur observation à bonne distance permet de les décrire et d'informer le monde. Ce qui ne manquera pas d'induire d'autres mouvements de réaction à la rumeur. Il y a parmi ces observateurs des professionnels qu'on peut comparer à nos météorologues, les Agences de Notation. Elles supputent les mouvements pour les jours qui suivent, en évaluant les déséquilibres des économies, les rendant instables. Ces annonces ont elles le pouvoir d'amplifier et d'accélérer ces mouvements et leur nuisance? Ce n'est pas impossible puisqu'il s'agit de réactions émotionnelles, négatives ou positives. N'a-t-on pas affaire, là encore, à un avatar de la Liberté? Les plus libéraux des hommes n'aiment pas ça, et leur réflexe, c'est de penser à interdire!

C'est donc la dernière idée en vogue: dans l'impossibilté de saisir au collet ces oiseaux de mauvaise augure, "on" envisage de leur intenter des procès, de les mettre à l'amende sur les lieux de leurs forfaits supposés.

Sceptique

* Les investisseurs achètent et revendent, pour leur compte ou celui de leurs clients, particuliers ou institutionnels, des titres en bourse.

**"Il" parait qu'on peut gagner de l'argent en bourse, même quand elle baisse! Il faut être un bon joueur!

***Les gains seulement. Les "bouillons", c'est pour la banque!

 

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Commentaires
S
Malgré toutes les images ou les scénarios qu'on peut bâtir, tout se résume à la perte de confiance des investisseurs ou des épargnants dans l'économie réelle, à travers ses signifiants boursiers. Les économistes ayant une nette propension au pessimisme, voire, au défaitisme, ce sont les politiques qui peuvent, soit conduire le navire vers un port, soit déverser de l'huile sur la mer en furie. Encore faut-il avoir de l'huile!
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P
voici une description pour le moins inquiétante des marchés et de leur fonctionnement!
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Sceptique
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