MERKOZY, comme on dit!
La vie politique en France a implosé en se réduisant à cette crise qui paralyse tout, et à ce débat serré entre les dirigeants des deux principales puissances de l'Union Européenne, l'Allemagne et la France. Si j'ai placé l'Allemagne avant la France, ce n'est pas par courtoisie, mais par réalisme. Pour le moment, en Décembre 2011, l'Allemagne a un meilleur jeu en mains que la France. La France, par contre, a celui de savoir que l'Allemagne a autant besoin de l'Europe qu'elle-même.
Déjà que la bonne entente d'un couple est improbable par nature, et le plus souvent fictive dans l'intimité, dès lors qu'il s'agit de dirigeants élus et chargés de la lourde mission de défendre les intérêts de leurs mandants, toute concession est jugée comme faiblesse. Dans l'affaire, Angela Merckel défend les intérêts de l'Allemagne et des allemands, tandis que Nicolas Sarkozy, parce que la France partage avec plusieurs pays de l'Europe une situation d'endettement excessif et de récession économique, est obligé de défendre l'avenir de l'ensemble et la solidarité qui en est, pour un certain temps, le ciment.
Mais la solidarité ne doit pas être une assistance, gronde sûrement la Chancelière. L'Europe ne doit pas se transformer en Resto du Coeur. Donc, pas question de mutualiser les dettes, comme Nicolas Sarkozy inclinait à le défendre, puisque la France, au triple A précaire, n'y aurait pas perdu. Donc, ouste les euro-bonds!
D'un autre côté, pour Sarkozy, qui peut compter sur l'approbation des pouvoirs politiques de l'Euro-groupe, pas question d'infantiliser les peuples et leurs états par le contrôle de leurs parlements par une instance judiciaire européenne, qui aurait le droit d'annuler un projet de budget adopté par un Parlement. La politique, émanation du pouvoir d'un peuple, même moulinée avec ce qu'il faut de raison, doit conserver le dernier mot et toute sa responsabilité. C'est le principal écueil de la construction européenne, c'est évident. Il n'est déjà pas évident d'obtenir un consensus à l'échelle d'une nation. Il est improbable d'en obtenir un, dans un court délai, à l'échelle d'un ensemble de nations, telle qu'est l'Union Européenne.
Le compromis, c'est que chaque pays, de l'Euro-groupe, au moins, se dote de la Règle d'Or* budgétaire, et ne s'en écarte de plus de 3% de son p.i.b.(actuellement ils sont plusieurs en dehors des clous!), et que la Cour de Justice Européenne n'ait qu'un rôle de contrôle du texte constitutionnel.
Ce qui est clair, c'est que par nécessité, la politique de la Fourmi s'impose à l'ensemble des pays de l'Union Européenne. Le rêve de celle de la Cigale, d'une relance par la consommation, panacée de la gauche française (la rose, pas la verte), ne rencontre plus aucun écho. Tant que durera la tempête, sur le paquebot Europe, on ne fera plus la fête.
Sceptique
*Je ne suis pas un chaud partisan de la Règle d'Or, puisque, par principe, elle limite les droits et responsabilités de la politique choisie par le peuple souverain, en même temps que le choix de ses mandants. C'est ce qui fait la difficulté d'un consensus, en particulier, en France, où l'opposition ne veut pas se lier les mains à l'avance, espérant recevoir le pouvoir en 2012. Mais c'est peut-être un nouvel outil, indispensable à l'adaptation à la mondialisation. Revenir sur cette dernière ne parait pas raisonnable, et ne séduit que les extrêmes, gauche et droite.