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Sceptique
16 décembre 2011

Jacques Chirac, Maire de Paris, Président de la République

La conquête de la Mairie de Paris fut, de la part de Jacques Chirac, ex- Premier Ministre du Président Giscard d'Estaing, le principal acte de rébellion contre ce dernier, et la première marche vers l'objet réel de son ambition, la Présidence de la République. La défaite de Valéry Giscard d'Estaing face à François Mitterand en 1981 contraint Jacques Chirac à prolonger ses préparatifs, le temps qu'il faudrait. Paris fut en quelque sorte son Île d'Elbe, et on sait combien Napoléon Bonaparte couvrit de bienfaits cette île, avant de repartir à la reconquête de la France.

Jacques Chirac fit de Paris une île, jouissant d'attentions exceptionnelles de la part de son Maire, payant peu d'impôts, grâce aux recettes de la taxe professionnelle. Il y faisait bon vivre, et le Maire de Paris répondait à toutes les sollicitations ou interpellations, faisant régler par ses services les incidents vécus par ses "sujets". Oui, Jacques Chirac était un bon maire, attentionné et chaleureux envers les parisiens privilégiés. Les esprits chagrins étaient en embuscade, mais leur heure était encore loin.

Jacques Chirac avait fait de la capitale sa base d'organisation de sa marche vers la présidence. Il s'y était entouré de ses amis les plus fidèles et les plus efficaces. Fort de la délégation confiante des électeurs, et confronté, comme tous les politiques de l'époque, aux ambiguités du financement de la vie politique, il a utilisé les finances de la Ville de Paris pour rémunérer son état-major. C'était contraire aux règles des finances publiques, mais cette transgression excluant l'intérêt personnel était pratiquée par tous les partis politiques, dans leurs fiefs. Cette référence à la féodalité n'effarouchait personne.

Ce pouvoir, prolongé par le double septennat de François Mitterrand, prit fin au printemps 1995, avec l'élection de Jacques Chirac à la présidence de la République. 

Sans que le nouveau maire, Jean Tibéri, y soit pour quelque chose, la ville de Paris commença à souffrir: la tentative d'Alaiin Juppé, Premier Ministre, de s'attaquer aux retraites, se traduisit par une grève totale des transports parisiens et l'asphyxie de la ville. Le gouvernement ne fit strictement rien pour soulager la souffrance des parisiens et des banlieusards. Le respect du droit de grève était son obsession. Finalement, le gouvernement dut céder sur tout. Il ne tarda pas à faire une nouvelle fausse manoeuvre: la dissolution de l'assemblée. La gauche revint au pouvoir pour une nouvelle cohabitation, inverse des précédentes.

Chacun sa méthode de faire des bêtises. Jospin fut écarté du deuxième tour de la présidentielle de 2002 par l'irruption dans le jeu de Jean-Marie Le Pen, leader du front national. Chirac fut "miraculeusement" réélu Président de la République, et ne prit aucun risque majeur, en vue d'un plus calme mandat. L'opposition, hélas, lui en fit voir de toutes les couleurs. Les plus modestes initiatives furent balayées par les manifs mobilisant jusqu'aux collégiens, ravis d'être autant pris au sérieux. L'opposition y gagna un supplément de méfiance, Jacques Chirac et la majorité, un peu plus de déconsidération. 

C'est pendant ces périodes incertaines que l'opposition lança les premières accusations de corruption ou d'emplois fictifs à l'encontre de Jacques Chirac et de ses fidèles parmi lesquels Alain Juppé. Protégé par son statut de Président, Jacques Chirac ne dut répondre à la Justice qu'à partir de 2007, où il ne se représenta pas. Le procès vient de se conclure par des condamnations pour des faits que le vide juridique à propos du financement de la politique avaient rendu inévitables.

Tant qu'elle n'est pas au pouvoir, l'opposition met en avant le statut "exorbitant" de la fonction présidentielle. Son candidat promet de s'appliquer à lui-même, s'il est élu, un statut moins protecteur. Je pense que si c'est le cas, il réfléchira à deux fois avant de baisser sa garde. Avec les pouvoirs et les responsabilités qui sont les siens, le Président de le République française aura toujours besoin d'être protégé contre un harcèlement judiciaire. Le dépôt d'une plainte nécessite une enquête. Beaucoup de pseudo-motifs peuvent être inventés.

Sceptique

 

 

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Commentaires
S
S'il existe des juges exprimant leurs sentiments dans leurs jugements, la tradition judiciaire en France les oblige à se référer aux textes de loi, avec très peu de marge d'appréciation. D'où la prolifération et la complexité de nos lois, qui doivent prévoir le plus de cas possibles. Appliquer la loi dans toute sa rigueur peut être, à l'occasion, une façon de masquer sa partialité.<br /> Les faits imputés au responsable politique étant réels, malgré leur banalité à cette époque, les juges ne pouvaient éviter d'infliger une sanction au moins symbolique. Un acquittement n'était pas défendable, et aurait renforcé l'opposition. <br /> Les français, électeurs, ne font pas grand cas de ces condamnations, et ne retirent pas leur confiance(ni ne la renforcent), en ces élus, une fois achevée leur période d'inéligibilité. La France n'a jamais été un pays rigoriste. Éva Joly espère y parvenir, la pauvre!<br /> Je suis plus inquiet de l'évolution de la société et de sa justice vers le déni de la maladie mentale et l'application du talion aux fous assassins. Cela dénote un affaiblissement de la raison, au profit de la passion.
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C
J'avoue être très mal à l'aise avec cette condamnation. N'ayant jamais été un "fan" de Chirac (je me souviens du temps où il était Président - ou je ne sais quoi - des "Jeunes gaullistes"), je ne peux m'empêcher de penser qu'il a été piégé par des juges qui voulaient souligner à quel point ils se désolidarisaient du politique après que celui-ci se soit décerné - il y a longtemps déjà - un brevet de bonne conduite. "Na ! c'est bien fait pour toi !", voilà un peu ce que j'en pense. Un peu.
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Sceptique
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