La perte du Triple A: "n'ayons pas peur!"
Les agences de notation sont aux investisseurs ce qu'est la météo pour les vacanciers. Prendre son parapluie ou pas.
Bon, c'est peut-être un peu plus sérieux que ça. Mais par la réalité des conséquences, ou par la honte qui fait rougir?
La honte, avoir honte, faire honte à....est très utilisée en politique. À gauche, au centre, "on" s'écrie:"honte à Sarkozy, qui a causé, ou n'a pas empêché, la dégradation du bulletin de notes. À l'extrême-gauche, c'est "à bas la Finance, qui nous humilie, vive la Révolution!". Et à l'extrême-droite, c'est, "à bas l'euro, à bas l'Europe, à bas l'immigration, qui nous réduisent en esclavage."
L'UMP, qui épaule le Président et son gouvernement, sait bien que cette dégradation n'est qu'un effet de la crise, mais aussi la conséquence d'une inflation de la dépense publique depuis trente ans, dont la hausse est freinée depuis cinq ans, mais dont la réduction réelle est à bien plus long terme. L'État ne peut se dérober à ses obligations, et les collectivités locales ont fait danser l'anse du panier...à fromages. Ce n'est pas à trois mois de la présidentielle qu'on va revenir sur l'imprudente décentralisation.
La première conséquence de la défiance des investisseurs à l'égard de l'Europe, c'est la baisse de l'euro. L'euro fort gênait toutes les économies, en rognant leur compétivivité. Il n'avait que l'avantage de nous faire payer moins cher le pétrole. Tans qu'il sera bas, il améliorera la position des industries européennes sur le marché international, mais notre carburant sera plus cher. Les automobilistes léveront-ils le pied pour consommer moins? On avait pu l'observer juste avant la crise, où la spéculation avait porté son prix au plus haut, et fait diminuer sa consommation de 3%. L'automobile étant notre péché pas mignon, la vertu ne dure pas longtemps.
Le dilemme est entre "prendre en compte la crise", réduire nos dépenses, faire l'effort de produire mieux et moins cher, et "nier la crise", désigner des boucs émissaires, les mettre à l'amende, et distribuer le produit de la rapine aux amis fidèles et à ceux dont on veut être aimé. "Après nous, le déluge!"
Ce système fonctionne par tranches de cinq ans, minimum constitutionnel (de la Vème République), pas plus. Mais bonjour les dégâts! La potion thérapeutique sera toujours amère, la dégradation structurelle de l'économie laissera des cicatrices.
Il faut donc combattre l'idée que la toise sera le remède de nos maux, et démontrer qu'elle nous fera perdre le peu qui nous reste. Le chemin est encore long vers une France vraiment moderne, confiante en elle et dynamique. D'importants chantiers de réformes sont sous le coude, tandis que les projets de l'opposition se résument à développer les lieux de promenade (à l'exclusion des centres commerciaux!) pour les dimanches et les beaux jours.
Il y a beaucoup à attendre des confrontations entre le candidat-prenant et le candidat-sortant. Les vérités-pas-bonnes-à-dire sortiront, et feront bouger les lignes.
Sceptique
Note du 16 Janvier 2012: Une autre agence, la mal nommée "Moodys" (pour un français), nous maintient, elle, le triple A. Je suis curieux du bruit que l'annonce va faire!