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Sceptique
14 janvier 2012

La perte du Triple A: "n'ayons pas peur!"

Les agences de notation sont aux investisseurs ce qu'est la météo pour les vacanciers. Prendre son parapluie ou pas.

Bon, c'est peut-être un peu plus sérieux que ça. Mais par la réalité des conséquences, ou par la honte qui fait rougir?

La honte, avoir honte, faire honte à....est très utilisée en politique. À gauche, au centre, "on" s'écrie:"honte à Sarkozy, qui a causé, ou n'a pas empêché, la dégradation du bulletin de notes. À l'extrême-gauche, c'est "à bas la Finance, qui nous humilie, vive la Révolution!". Et à l'extrême-droite, c'est, "à bas l'euro, à bas l'Europe, à bas l'immigration, qui nous réduisent en esclavage."

L'UMP, qui épaule le Président et son gouvernement, sait bien que cette dégradation n'est qu'un effet de la crise, mais aussi la conséquence d'une inflation de la dépense publique depuis trente ans, dont la hausse est freinée depuis cinq ans, mais dont la réduction réelle est à bien plus long terme. L'État ne peut se dérober à ses obligations, et les collectivités locales ont fait danser l'anse du panier...à fromages. Ce n'est pas à trois mois de la présidentielle qu'on va revenir sur l'imprudente décentralisation. 

La première conséquence de la défiance des investisseurs à l'égard de l'Europe, c'est la baisse de l'euro. L'euro fort gênait toutes les économies, en rognant leur compétivivité. Il n'avait que l'avantage de nous faire payer moins cher le pétrole. Tans qu'il sera bas, il améliorera la position des industries européennes sur le marché international, mais notre carburant sera plus cher. Les automobilistes léveront-ils le pied pour consommer moins? On avait pu l'observer juste avant la crise, où la spéculation avait porté son prix au plus haut, et fait diminuer sa consommation de 3%. L'automobile étant notre péché pas mignon, la vertu ne dure pas longtemps.

Le dilemme est entre "prendre en compte la crise", réduire nos dépenses, faire l'effort de produire mieux et moins cher, et "nier la crise", désigner des boucs émissaires, les mettre à l'amende, et distribuer le produit de la rapine aux amis fidèles et à ceux dont on veut être aimé. "Après nous, le déluge!"

Ce système fonctionne par tranches de cinq ans, minimum constitutionnel (de la Vème République), pas plus. Mais bonjour les dégâts! La potion thérapeutique sera toujours amère, la dégradation structurelle de l'économie laissera des cicatrices.

Il faut donc combattre l'idée que la toise sera le remède de nos maux, et démontrer qu'elle nous fera perdre le peu qui nous reste. Le chemin est encore long vers une France vraiment moderne, confiante en elle et dynamique. D'importants chantiers de réformes sont sous le coude, tandis que les projets de l'opposition se résument à développer les lieux de promenade (à l'exclusion des centres commerciaux!) pour les dimanches et les beaux jours.

Il y a beaucoup à attendre des confrontations entre le candidat-prenant et le candidat-sortant. Les vérités-pas-bonnes-à-dire sortiront, et feront bouger les lignes.

Sceptique

Note du 16 Janvier 2012: Une autre agence, la mal nommée "Moodys" (pour un français), nous maintient, elle, le triple A. Je suis curieux du bruit que l'annonce va faire!

 

 

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Commentaires
S
Cher Emmanuel,<br /> <br /> Merci pour ton commentaire et les informations que tu ajoutes. Tout à fait d'accord, il "lui" faut cinq ans de plus pour finir le travail. Rien n'est perdu.
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E
Merci de cette note sur les perceptions de la notation par nos politiques. Une agence sur 3 -on n'a pas encore entendu Fitch sur cette question- a décidé enfin de sortir la pancarte d'alerte. Comme vous le dites si bien, et comme le disait également avec son air un peu débonnaire feu le Premier ministre Raymond Barre, la France a longtemps vécu au-dessus de ses moyens... Alors, il y a un moment où il faut que quelqu'un nous rappelle nos vérités. Trente ans de gabegie et de dépenses inconsidérées... depuis la distribution gratuite des allocations de tous genres en 1981 ! Une fonction publique nationale et territoriale pléthorique et une désindustrialisation galopante pour faire place aux loisirs et au temps libre. L'économie française n'est ni réellement financière assumée comme au Royaume-Uni, ni réellement industrielle assumée comme dans les pays scandinaves et germaniques... Juste entre les deux, un équilibre précaire ! Le président Nicolas Sarkozy a souhaité redressé la barre depuis 2007, mais nous venons de si loin qu'un quinquennat ne suffit pas. Alors,notre cercle reste encore vicieux de notre équation : déficits et dettes publics + déficit du commerce exterieur = faible croissance + chômage. Sans doute Standard & Poors pense que nous ne savons pas encore résoudre cette équation ou en inventer une autre. Mais nous sommes sur la bonne voie : le déficit diminue et la dette suivra. Mais il faudra travailler sur le dur, le noyau : l'économie industrielle ! Et nous retrouverons notre "AAA". Alors, il y a des candidats qui crient au loup et au méchant lion pour faire peur et faire rentrer les bulletins à leur nom dans les urnes. Et il y a celui qui se bat comme il peut pour maintenir le cap du redressement de la France. A gauche comme à droite, on devrait reconnaître à Nicolas Sarkozy d'avoir osé les réformes de structure en pleine tempête de la crise internationale. Mais il faudra les poursuivre, les chantiers sont immenses. Donnons-lui encore un quinquennat pour aller jusqu'au bout de ces réformes en y associant toutes les intelligences disponibles. Dommage, il avait démarré ainsi en 2007 avec plein de commissions. Et le soufflet est tombé lorsque la crise s'est accentuée. Reprenons alors la bonne méthode... la France vient de loin, mais ses capacités à se redresser restent entières. Il faudra les mobiliser énergiquement...
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Sceptique
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