Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sceptique
28 janvier 2012

François Hollande et le programme de sa coalition

S'il y a quelque chose de bon dans le programme présenté par François Hollande, au nom de lui-même et de la coalition qu'il veut amener au pouvoir, c'est son arrivée avec une bonne avance sur le marché des choix politiques. Il est maintenant possible d'en examiner la philosophie, les lignes de forces, et les conséquences sur la vie des français, échelonnées sur cinq ans, s'il est élu.

En face de lui, l'UMP a concocté un catalogue de mesures de bon sens mais prudentes, en attendant que son candidat naturel, Nicolas Sarkozy, lâche sa besogne quotidienne de Président en exercice, et entre en campagne avec des projets d'envergure, visant à redresser la situation créée par la crise, ce qui passe par la sortie d'icelle, concertée avec l'Union Européenne et les États-Unis, et à parachever la réforme structurelle de la société et de l'économie française. Il y a encore beaucoup à consolider et à faire!

En 2007, le programme de Nicolas Sarkozy proposait une perspective qui visait une justice sociale, non fondée sur la redistribution, mais sur la propulsion d'un maximum de français vers les revenus les plus élevés. C'était le "enrichissez-vous" des gouvernements bourgeois du 19ème siècle. La crise internationale à jeté à bas cet objectif ambitieux. Les ascenseurs sont tombés en panne et les marches d'escalier sont devenues branlantes et glissantes. Le chômage s'est sensiblement aggravé, en raison de la contraction de l'économie européenne, et le manque de compétitivité de nos industries a précipité les faillites et les délocalisations.

Le défaut de compétitivité de nos industries a des causes bien connues et reconnues: le coût excessif des charges qui pèsent à la fois sur les salariés (diminution du salaire réel) et sur les employeurs. À quoi s'ajoutent le prix des 35 heures, compensé par le budget de l'État, et celui des trop nombreux congés et ponts dont jouissent les français. La hausse de la productivité, exemplaire en France, ne parvient pas à compenser le défaut de compétitivité. Comme il ne peut être question de priver de vacances les français, qui ne vivent plus que pour ça, la solution rationnelle s'imposait: transférer une partie des charges reposant sur le travail, sur la consommation, ce qui permettait de faire payer les marchandises importées, et donc, ceux qui les fabriquent. Mais contre toute logique, ce transfert est rejeté par l'opposition et les syndicats. Leur solution, c'est que l'économie marchande renonce à tout ou partie de ses profits. Qu'elle n'en fasse plus du tout serait le paradigme de la justice.

Le programme présenté par François Hollande propose donc l'alourdissement des charges des entreprises ayant atteint la rentabilité, et le partage de la société française entre les foyers qui ne dépassent pas un revenu moralement correct ( moins de 4.000 euros mensuels), et ceux qui le dépassent et sont considérés comme perpétuant l'embourgeoisement des catégories professionnelles supérieures. Pour eux, spécialement, le quotient familial sera revu à la baisse et quelques niches fiscales, logiques: (prise en compte des aides familiales nécessaires aux familles dont les deux conjoints travaillent), seront rabotées. La parité a ses limites, à moins, qu'au contraire, elle soit absolue: si les femmes veulent des enfants, c'est leur affaire!

 

Les électeurs oublient avec une régularité d'horloge que la gauche est idéaliste. Elle voit les choses et les hommes comme ils devraient être. Il en résulte dans l'histoire de la Vème République, qui s'appuie sur le fait majoritaire, que le pouvoir de la gauche ne dépasse jamais la durée d'une législature: cinq ans. 1981-1986, 1988-1993, 1997-2002, furent les espaces de temps possédés par la gauche. Sans la fausse manoeuvre de 1997, elle en aurait compté une de moins. Elle a mis les bouchées doubles à l'occasion de la dernière. Mais, c'est vrai, elle surfe sur deux traits de la société française, la mémoire courte, et l'ennui. Une législature, un quinquennat, c'est, pour les français, gastronomes, l'équivalent d'un bourguignon ou d'un sauté de veau servi à tous les repas, toute l'année, pendant cinq ans. "Ils" veulent changer de cuisinier. Le bourguignon est remplacé par le sauté de veau, ou inversement.

Donc le programme de François Hollande, c'est de prendre aux français qui sont au dessus de la limite qu'il a fixée, ce qui dépasse, pour le distribuer à ceux qui sont en dessous. C'est beau, c'est grand, c'est généreux, mais....ça ne marche pas. Chaque fois, le taux des mécontents, parce qu'on leur en prenait trop, ou parce qu'on ne leur en donnait pas assez, est repassé au dessus des 50%. Mais les grands sentiments l'emportent sur les petits principes, et leur vent forcit pendant les cinq ans des petits principes des petits bourgeois. Il continue à forcir après, et quand il atteint la force d'une tempête, il commence à casser tout. Retour à la case réparation des dégâts!

Il est difficile de ne pas penser qu'on pourrait faire l'économie de ces aventures.

C'est tout pour aujourd'hui!

Sceptique

 

Publicité
Publicité
Commentaires
S
La peur, le défaitisme, sont sûrement les derniers sentiments à avoir, car, non seulement il est facile de démontrer les erreurs théoriques et pratiques (de l'être humain) de la gauche, mais nous faisons partie d'une Union Européenne qui rejette majoritairement la théorie et la pratique marxistes. Même dans leur version social-démocrate modérée. Ce n'est pas pour rien qu'Angela Merckel, qui s'est forgée à l'anti-marxisme en Allemagne de l'Est, envisage de prêter main-forte à Nicolas Sarkozy, avec lequel elle "dispute le bout de gras" depuis la crise de 2008. Cette solidarité, impensable, est un bon symptôme du renforcement de l'Europe. Et il ne faut pas oublier que cette construction "utopique" est un pur produit de la Raison. La défendre, c'est garder le cap sur l'avenir.
Répondre
L
Votre texte et vos commentaires sont très lucides. Ca fait du bien d'entendre la vérité. On est presque obligés de se cacher pour la dire la vérité. Quand vous êtes de droite, même sans être à l'ump vous êtes obligés de fermer votre clapet parce que sinon vous êtes gentiment rabroués. Taxé d'idiot utile ou inutile.<br /> <br /> Seuls les mecs de gauche sont humains et réfléchissent. Voila le discours.<br /> <br /> Notre pays tourne à l'envers je peux le confirmer. Moi même je connais un chef d'entreprise qui m'explique, un artisan; il est hyper pro dans son métier et seul à son compte. Il m'expliquait qu'il pourrait exploser son chiffre d'affaire s'il le voulait. Mais il préfère laisser son activité "végéter" pour ne pas être sur taxé. Il ne veut pas laisser sa santé m'a t il expliqué pour tout rendre à l'état. C'est malheureux d'entendre ça quand on sait combien les artisans sont rares et recherchés, combien d'entreprises rament pour boucler des chantiers faute de trouver les compétences nécessaires. Et ben voila où elles sont les compétences. Etouffées sous l'impôt. Et que va faire le peuple ???? continuer à voter pour les héritiers mittérandiens, ceux qui ont déjà trahi notre nation ???
Répondre
V
Tu sais, pour des raisons de confidentialité je n'ai pas révélé en public qui est cette amie et quel genre d'entreprise elle gère, je te le dirai en privé...En tout cas, ce système de solidarité fondé sur le principe très noble qui postule"que ceux qui gagnent plus aident ceux qui n'ont rien ou très peu"a été pervertie et détourné en créant encore plus d'injustice...tout d'abord parce que l"aumône" ou la solidarité (pour abandonner les références religieuses) ne peut jamais devenir une obligation venant de l'extérieur et réglementée quant à ses modalités (d'ailleurs même en religion il faut donner le 10% de ses revenus pas le 60% comme c'est souvent le cas aujourd'hui...)et ensuite parce que si celui qui donne est tellement pénalisé et finalement dépouillé, il va préférer passer de l'autre côté et devenir celui qui "reçoit" sans se fatiguer...
Répondre
S
L'histoire que tu racontes est "paradigmatique"!
Répondre
V
Merci Yves. Aider ceux qui sont créatifs et veulent innover et ne pas les étouffer et les décourager me semble très important. La plus grande partie de gens intéressants, cultivés et productifs dans ce pays est "pénalisée"quand elle réussit. Comme me le disait une amie qui a une entreprise qu'elle gère seule, quand elle est en grande difficulté, on ne lui demande rien et en plus elle reçoit des aides...mais dès qu'elle gagne un peu on l'accable de charges (donc on lui retire ce qu'elle a gagné) et on ne lui accorde plus aucune aide. Mais comme elle a un handicap léger (d'audition) elle s'est rendue compte après des années qu'elle aurait pu demander des aides ce qu'elle fait depuis peu...Et elle m'a dit hier que cette allocation l'aide à vivre sans problème tandis que sa société...non! et elle s'est exclamée à la fin: "en France, il n'y a que nos tares qui nous font vivre!" Oui, être en bonne santé, avoir fait dix ans d'études et gagner de l'argent c'est un handicap lourd!!
Répondre
Sceptique
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité