François Hollande et le programme de sa coalition
S'il y a quelque chose de bon dans le programme présenté par François Hollande, au nom de lui-même et de la coalition qu'il veut amener au pouvoir, c'est son arrivée avec une bonne avance sur le marché des choix politiques. Il est maintenant possible d'en examiner la philosophie, les lignes de forces, et les conséquences sur la vie des français, échelonnées sur cinq ans, s'il est élu.
En face de lui, l'UMP a concocté un catalogue de mesures de bon sens mais prudentes, en attendant que son candidat naturel, Nicolas Sarkozy, lâche sa besogne quotidienne de Président en exercice, et entre en campagne avec des projets d'envergure, visant à redresser la situation créée par la crise, ce qui passe par la sortie d'icelle, concertée avec l'Union Européenne et les États-Unis, et à parachever la réforme structurelle de la société et de l'économie française. Il y a encore beaucoup à consolider et à faire!
En 2007, le programme de Nicolas Sarkozy proposait une perspective qui visait une justice sociale, non fondée sur la redistribution, mais sur la propulsion d'un maximum de français vers les revenus les plus élevés. C'était le "enrichissez-vous" des gouvernements bourgeois du 19ème siècle. La crise internationale à jeté à bas cet objectif ambitieux. Les ascenseurs sont tombés en panne et les marches d'escalier sont devenues branlantes et glissantes. Le chômage s'est sensiblement aggravé, en raison de la contraction de l'économie européenne, et le manque de compétitivité de nos industries a précipité les faillites et les délocalisations.
Le défaut de compétitivité de nos industries a des causes bien connues et reconnues: le coût excessif des charges qui pèsent à la fois sur les salariés (diminution du salaire réel) et sur les employeurs. À quoi s'ajoutent le prix des 35 heures, compensé par le budget de l'État, et celui des trop nombreux congés et ponts dont jouissent les français. La hausse de la productivité, exemplaire en France, ne parvient pas à compenser le défaut de compétitivité. Comme il ne peut être question de priver de vacances les français, qui ne vivent plus que pour ça, la solution rationnelle s'imposait: transférer une partie des charges reposant sur le travail, sur la consommation, ce qui permettait de faire payer les marchandises importées, et donc, ceux qui les fabriquent. Mais contre toute logique, ce transfert est rejeté par l'opposition et les syndicats. Leur solution, c'est que l'économie marchande renonce à tout ou partie de ses profits. Qu'elle n'en fasse plus du tout serait le paradigme de la justice.
Le programme présenté par François Hollande propose donc l'alourdissement des charges des entreprises ayant atteint la rentabilité, et le partage de la société française entre les foyers qui ne dépassent pas un revenu moralement correct ( moins de 4.000 euros mensuels), et ceux qui le dépassent et sont considérés comme perpétuant l'embourgeoisement des catégories professionnelles supérieures. Pour eux, spécialement, le quotient familial sera revu à la baisse et quelques niches fiscales, logiques: (prise en compte des aides familiales nécessaires aux familles dont les deux conjoints travaillent), seront rabotées. La parité a ses limites, à moins, qu'au contraire, elle soit absolue: si les femmes veulent des enfants, c'est leur affaire!
Les électeurs oublient avec une régularité d'horloge que la gauche est idéaliste. Elle voit les choses et les hommes comme ils devraient être. Il en résulte dans l'histoire de la Vème République, qui s'appuie sur le fait majoritaire, que le pouvoir de la gauche ne dépasse jamais la durée d'une législature: cinq ans. 1981-1986, 1988-1993, 1997-2002, furent les espaces de temps possédés par la gauche. Sans la fausse manoeuvre de 1997, elle en aurait compté une de moins. Elle a mis les bouchées doubles à l'occasion de la dernière. Mais, c'est vrai, elle surfe sur deux traits de la société française, la mémoire courte, et l'ennui. Une législature, un quinquennat, c'est, pour les français, gastronomes, l'équivalent d'un bourguignon ou d'un sauté de veau servi à tous les repas, toute l'année, pendant cinq ans. "Ils" veulent changer de cuisinier. Le bourguignon est remplacé par le sauté de veau, ou inversement.
Donc le programme de François Hollande, c'est de prendre aux français qui sont au dessus de la limite qu'il a fixée, ce qui dépasse, pour le distribuer à ceux qui sont en dessous. C'est beau, c'est grand, c'est généreux, mais....ça ne marche pas. Chaque fois, le taux des mécontents, parce qu'on leur en prenait trop, ou parce qu'on ne leur en donnait pas assez, est repassé au dessus des 50%. Mais les grands sentiments l'emportent sur les petits principes, et leur vent forcit pendant les cinq ans des petits principes des petits bourgeois. Il continue à forcir après, et quand il atteint la force d'une tempête, il commence à casser tout. Retour à la case réparation des dégâts!
Il est difficile de ne pas penser qu'on pourrait faire l'économie de ces aventures.
C'est tout pour aujourd'hui!
Sceptique