Les droites et les centres ont-ils une autre voie que de se serrer les coudes?
Une certaine rivalité, ou même, une rivalité certaine, caractérise, dans notre paysage politique, les relations entre les droites, regroupées dans l'UMP et quelques courants, et les centres..."centrés" sur quelques personnalités comme François Bayrou, Hervé Morin, Jean-Louis Borloo.
Ce sont des différences de "philosophie politique" qui ont, peu à peu, depuis 1958, naissance de la Vème République, musclé la droite de gouvernement, en en faisant une force structurée, ne cherchant pas longtemps son leader, et travaillant pour lui, avec un dévouement de jésuites, tandis que la mouvance centriste, se préférant "bonne compagnie", refusait habituellement toute forme d'organisation pyramidale, malgré la doctrine chrétienne-démocrate qui les unissait.
À l'exception de l'intermède giscardien, de 1974 à 1981, les centres constituèrent une force d'appoint utile et modératrice à la mouvance gaulliste prééminente des deux cohabitations des années Mitterrand, et des deux ans de la présidence de Jacques Chirac, élu Président en 1995, et privé de majorité en 1997. En 2002, Jacques Chirac récupéra les "coudées franches", et confia le poste de Premier Ministre au centriste Jean-Pierre Raffarin.
En 2007, une UMP regroupant les gaullistes et un contingent étoffé de centristes gagnés à la dynamique unitaire, sous la direction de Nicolas Sarkozy, plaça en première position du second tour son chef et candidat. Les centristes, menés par François Bayrou, n'étant pas au second tour, leurs électeurs se reportèrent sur Nicolas Sarkozy et contribuèrent à sa victoire finale, mais sans en avoir reçu la consigne de leur leader éliminé. Quant aux députés centristes élus aux législatives de 2007, une majorité d'entre eux formèrent le "Nouveau Centre", qui rallia la nouvelle majorité présidentielle.
En cette année 2012, d'élection présidentielle, l'action délétère de la crise mondiale et l'impopularité des réformes indispensables assumées par Nicolas Sarkozy l'ont affaibli, lui personnellement, et la majorité qui le soutient. Mais, malgré quelques corrections dictées par la raison et la prudence, le programme annoncé par le candidat du Parti Socialiste, pièce maitresse de l'opposition, est indiscutablement redistributeur et négationniste, à la fois de la crise et des difficultés structurelles de l'économie française. François Hollande et ses soutiens proposent un "remake" un peu édulcoré de François Mitterand. Tous les témoins de cette époque ne sont pas morts ou frappés de maladie d'Alzheimer. L'inadaptation de ce programme à la réalité d'aujourd'hui est caricaturale. Ils en ont le frisson.
Donc, tout en continuant à défendre leur propre ambition et leur propre thérapeutique, les leaders centristes qui sont candidats, Hervé Morin, et surtout François Bayrou, sont bien obligés, au vu des sondages, d'envisager leur absence au deuxième tour. Et l'UMP, qui soutiendra la candidature, non encore déclarée, du Président Nicolas Sarkozy, sait qu'Il aura besoin des voix centristes pour être réélu, et, du soutien des députés centristes que seront portés à l'Assemblée Nationale en Juin prochain.
C'est pourquoi, sans attendre de reconnaissance* des intéressés, la Commission d'investiture de l'UMP n'a pas opposé de candidats aux leaders centristes qui assument, ou qui ont assumé, des ambitions présidentielles. Sans l'avouer, les gaullistes et les centristes sont d'accord sur les risques majeurs d'un succès de l'opposition dans le contexte économique et financier qui affecte toute l'Union Européenne, zone Euro ou non. Au sein de l'Union Européenne, ce sont les économies les plus distributrices, les plus sociales, qui sont en difficulté, qui font l'objet d'une grande méfiance de la part des prêteurs. La France, qui a hérité de ses expériences de gauche des handicaps très lourds, qui aurait besoin de plus de modernité que de retour au "bon-vieux-temps", ne peut se permettre une récréation supplémentaire.
Avant le premier tour, le retrait des candidats de droite qui ne peuvent espérer atteindre 5% des voix serait raisonnable. Et, au deuxième tour, pas une voix ne devra être perdue par le rassemblement d'une nouvelle majorité autour de son candidat naturel au deuxème tour. L'hypothèse de la nécessité d'un Front Républicain contre la candidate de l'extrême-droite ne nécessitera pas une longue réflexion.
Sceptique
*Inconnue dans nos moeurs politiques.