Berlin(1948), Damas(2011), le retour de la Guerre Froide
L'histoire ne se répète jamais exactement, mais des similitudes entre le présent et le passé peuvent troubler, et inviter à la réflexion. Ainsi la fin de non recevoir, sous la forme d'un veto au Conseil de Sécurité, opposé par la Russie de Poutine et la Chine, sa complice, à la demande des occidentaux et des arabes de condamner la répression par Bachar El Assad, le maitre de la Syrie, de son peuple révolté.
Nullement troublés par la férocité de la répression, qui tue tous les jours quelques centaines de syriens, les protecteurs du dictateur signifient aux puissances qui s'en émeuvent, que la Syrie appartient à leur monde. Tout comme Staline considéra dès la conclusion de la guerre de 39/45, que la zone d'occupation de l'Europe qui lui avait été attribuée à Yalta, faisait définitivement partie de son empire. L'enclave occidentale à Berlin le gênait désormais, il en décida le blocus, persuadé que les alliés l'abandonneraient. Plus tard, les alliés est-allemands de la Russie soviétique, vexés de voir leurs habitants fuir vers les zones occidentales, érigèrent le mur, et abattirent sans honte, tous les fuyards qu'ils surprenaient. Les protecteurs de Berlin-Ouest durent mettre un mouchoir sur leurs émotions. La guerre ouverte en Europe faisait partie des hypothèses des États-Majors et des responsables politiques. L'Europe elle-même ne pouvait opposer à l'empire soviétique aucune défense sérieuse, et le puissant allié américain venait d'être humilié au Vietnam. Le "bras de fer" de Ronald Reagan, une course à la haute technologie de la "guerre des étoiles", fit brusquement céder une Union Soviétique minée par l'effort et une lassitude de ses peuples, privés de liberté et de plaisirs.
L'écroulement de l'Union Soviétique, au début des années 1990 mit fin à la Guerre Froide, par forfait de ce protagoniste. Après une période d'instabilité politique, de repli économique, et de corruption généralisée, la Russie fut reprise en mains, en toute légalité, par Vladimir Poutine, un ancien du KGB, enrobant les méthodes de ce célèbre organisme de surveillance et de répression, dans un flot d'eau bénite. L'alliance du sabre et du goupillon, version orthodoxe. De soumise au pouvoir politique depuis la Révolution de 1917, l'Église Russe devint la fidèle alliée du nouvel homme fort. Qui ne demande à son peuple qu'une chose: fermer sa gueule. Pour le reste, ils peuvent tout faire. Il ne lie plus, comme ses maitres le firent obstinément, la "misère accessible à tous" et la grandeur de la Russie. Son frère chinois demande la même chose à ses sujets: s'empiffrer et fermer leur gueule. À tous les deux, ils veulent montrer au reste du monde que la prospérité matérielle est compatible avec l'absence de liberté. Leur succès plait à beaucoup de dirigeants du monde, auxquels les occidentaux demandent de renoncer à leur pouvoir absolu, en échange de facilités de paiement.
Le présent ne parait plus favorable aux occidentaux, mis en échec partout où ils veulent défendre leur modèle, et secoués et affaiblis par une crise économique. Peu compatible avec les habitudes prises grâce à une prospérité qui semblait la marque du système, démocratique, en politique, et libéral en économie.
Le rêve d'une démocratie et d'une prospérité mondiales, triomphe total de nos valeurs, se voit opposer la contre-offensive d'un crypto-communisme qui a mis un peu d'eau dans son vin rouge. Cette nouvelle entente veut profiter des affaiblissements américain et européen. Comme les peuples concernés ne perçoivent pas le danger, très bien empaqueté, les dirigeants qu'ils se donneront manqueront sûrement de soutien....comme ceux de 1938! Décidément, oui, l'Histoire repasse les...restes.
Sceptique