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Sceptique
10 février 2012

François Hollande et l'Éducation Nationale

Un beau et grand discours de François Hollande, hier, transmis en direct par LCI. Sa tâche était facilitée: le candidat était en pays ami, acquis à sa cause.

Il a pu se permettre une présentation schématique de la situation. Bonne, enfin, pas tout à fait, pendant les années bénites de la mitterrandie, et littéralement saccagée dès le retour durable de Chirac, et du suivant, Nicolas Sarkozy, d'où viendrait tout le mal.

Alors, sur ce terrain là, il sera le sauveur. Il restaurera, "ad integrum", l'Éducation Nationale telle qu'elle était le 21 Avril 2002, date de la grande catastrophe. Il lui rendra les effectifs amputés par le non remplacement d'un retraité sur deux, il rétablira la formation spécifique de tous les futurs enseignants, de tous niveaux, dans des Écoles supérieures intégrées dans les Universités. Il n'a pas tort de tirer argument de la chute brutale des vocations à enseigner. La suppression de la formation spécifique et des stages par le gouvernement de Nicolas Sarkozy a effectivement découragé un grand nombre de vocations. Que ces mesures aient été dictées par la situation des finances publiques résultant de la crise, est rejeté. La commodité est de rejeter en bloc la responsabilité de la crise dans les difficultés du pays, dans la réduction brutale des dépenses publiques. Un petit 20 ou 30%, pas plus. Que la Cour des Comptes dise qu'il faut encore plus de rigueur, diminuer les dépenses et ne pas faire payer plus d'impôts est passé sous silence. Seules les critiques de la formation des maitres sont utilisées.

Il vole au secours de l'école homogène et du collège unique, et il rejette l'autonomie des équipes pédagogiques et des nouveaux pouvoirs des directeurs d'établissements, actuellement en chantier*. Comme les faits sont têtus, et l'existence des "petits caïds" plus sûre que celle de Dieu, il créera une nouvelle profession à l'intérieur de l'éducation nationales, affectée à la sécurité, des enseignants, et des élèves.

Peut-être parce qu'il se trouve devant un auditoire à caresser dans le sens du poil, "il en fait un tas". Et le catalogue de ses promesses d'hier soir me semble sérieusement déborder ses propositions modérées, en retrait sur le programme du P.S., qu'il affichait jusqu'à ce discours.

La bi-polarisation de la vie politique française accentue, en plein dans la crise qui s'est propagée à l'euro et à la construction européenne, la dramatisation de cette échéance présidentielle et législative. L'opposition, menée par François Hollande, offre au pays l'ouverture d'une parenthèse reproduisant celle de 1981. L'inversion de la vapeur, le retour à la case départ. 2002 ou 2007? Peu importe.

Il y a, bien sûr, "loin des lèvres à la coupe", et on sait ce qu'il advient des promesses, confrontées à la réalité des hommes et de la société. Dans la pratique, les responsables politiques s'adaptent à la réalité qu'ils rencontrent, prennent des décisions qui permettent à leurs adversaires, ou leurs "bons amis", de parler de trahison. Beaucoup rêvent, ces temps-ci, d'un gouvernement d'union nationale qui gouvernerait "en vérité", uniquement sous la dictée de la Raison. Pas facile à cerner, en fait. S'il y a une "pensée unique", je me demande où elle se trouve? Je n'en vois pas l'expression dans la multiplicité des avis d'experts de toutes sortes. Il y a un droit à l'erreur en politique, et le problème, c'est l'obstination.

Sceptique

* Comme ancien usager, pour moi-même, et pour ma famille, de l'Éducation Nationale, je suis convaincu de la dégradation de sa qualité, de l'échec des prétentions que ses protecteurs, ses syndicats, affichent, en projetant sur l'État la culpabilité des mauvais résultats. Le "mammouth" n'est pas seulement obèse, mais paralysé. La fonction de Ministre de l'Éducation Nationale est devenue un "casse-pipe" politique. Sauf Jack Lang, ils ont tous été brisés et oubliés (il y ont intérêt, n'est-ce-pas, Monsieur François Bayrou?). En attendant que la fonction soit supprimée et que l'Éducation Nationale devienne une Régie Nationale, autonome et gouvernée par ses membres, l'autonomie des équipes pédagogiques, tenues aux résultats, mais libres d'adapter ses méthodes aux particularités du "terrain", était une première étape. Ce n'est pas pour rien que Sigmund Freud classait l'enseignement parmi les tâches impossibles. Le gigantisme de l'institution contribue à la "babelliser".  

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