Les suites "religieuses" des crimes de Toulouse
Mohammed Merah, l'assassin de militaires musulmans et d'enfants juifs à Toulouse, s'est autorisé de sa religion et de son concept de "guerre sainte". À ses premières victimes il reprochait de porter les armes contre les combattants musulmans d'Afghanistan. À ses dernières, d'être juives, d'appartenir à un peuple, ennemi dès l'origine de l'Islam, qui a aggravé son cas en reprenant à la Terre d'Islam la partie qui avait été son berceau historique, pour le motif qu'il pourrait y vivre sans partage et maître de sa sécurité, après deux millénaires d'exil, de persécutions, et pour finir, un monstrueux projet d'extermination.
Et chacun de se poser la question: la possibilité qu'un adepte d'une religion puisse trouver dans ses textes fondamentaux l'ordre et la justification d'accomplir de tels actes, n'est elle pas un vice originaire de cette religion, une logique particulière donnant une cohérence et une légitimité au meurtre? Ou, s'agit-il, selon d'autres analystes, d'une dérive contraire à l'esprit de la dite religion, celui observé par la quasi unanimité de ses pratiquants, qu'il ne faut pas confondre avec ces "fous de Dieu", enfoncés dans l'erreur, voire l'hérésie?
L'ancien monde abrite trois religions "révélées", construites successivement sur le même modèle, à partir du même mécanisme, une révélation émanant du Dieu créateur lui même, transmise par un messager. Moïse, le Christ, puis Mohammad. Le Dieu est unique, les trois messagers sont d'accord sur ce point. Alors, pourquoi ce renouvellement de la révélation, qui annule la ou les précédentes, disqualifiant les religions qui en sont issues? La première ne démord pas de son exclusivité, mais à chaque malheur, et ils furent nombreux, fait son examen de conscience, et traque ses manquements à la Loi qui a été dictée à Moïse. La seconde, le christianisme, se présenta comme une réforme de la première, mais cette fois-là à vocation universelle, ouverte à tous les hommes du monde, ce qui impliquait le renoncement aux signes d'identification du peuple juif, comme la circoncision et les interdits alimentaires, susceptibles de rencontrer des oppositions ou des incompatibilités. La Foi remplaçait la Loi. La troisième, transmise par Mohammad, et annoncée comme la dernière et définitive, dénonçait les dérives vers l'Erreur des deux premières*, et décrivait une nouvelle et intangible Vérité, destinée, elle aussi, à l'universalité. Sa particularité fut d'être conquérante, de s'imposer par les armes et non par la prédication patiente. En moins d'un siècle d'existence, elle "tenait", outre la péninsule arabe, le proche orient, toute l'Afrique du Nord et la péninsule ibérique. Son empire continua de grandir pendant encore quelques siècles. Sa sécularisation, autrement dit son tiédissement, fut stoppée par une réforme fondamentaliste autour du 13ème siècle de notre ère.
Aucune religion révélée ne contient en elle-même les moyens de s'accommoder de l'existence d'autres religions, ou d'une pensée non religieuse, réfutant par principe toute Vérité. Une religion révélée ne peut devenir tolérante que par tiédissement, par relativisation de son message. Sa réforme ne peut se faire que vers la réaffirmation de ses principes originaires. La demande pressante faite au Pape de l'Église Catholique d'accommoder la doctrine aux nouveautés de toutes sortes des sociétés modernes est ridicule. C'est la liberté mentale individuelle à l'égard de la religion qui peut autoriser...ce qu'elle interdit comme contraire à l'ordre divin. La contraception, l'IVG, l'euthanasie sont des transgressions d'une nature scellée par ordre divin. Il est maintenant permis, dans nos pays, de ne pas croire, et donc de ne plus obéir aux prescriptions et interdits attribués au Dieu créateur( dans la mesure où ils n'ont pas été repris par la loi civile**). Seuls les croyants y sont tenus. Mais par leurs convictions seulement. Au regard de la loi civile, leurs "péchés" ne sont pas des délits.
Le paradoxe de nos lois actuelles est justement d'avoir à punir les actes dictés par des religions qui n'ont pas fait partie de notre histoire, mais aussi les transgressions des interdits chrétiens qui ont été repris par nos lois civiles. La bataille pour les en retirer a commencé il y a cinquante ans avec la contraception, puis avec l'IVG. L'euthanasie, le suicide assisté, dont l'interdiction divine n'est plus admise par tous, sont encore exclus de nos libertés, et divisent l'opinion. L'Église catholique continue à en défendre âprement l'interdiction, comme elle regrette les libertés octroyées. Elles l'ont été contre Elle. Celles qui suivront le seront aussi. Il ne sert à rien de le lui reprocher. Elle a, aussi, une logique.
Du côté des religions apportées par l'immigration, il y eut la loi d'interdiction de la burqa, vêtement empêchant l'identification de la porteuse (ou du porteur!), et les questions posées par la construction de mosquées, ignorées par les lois de 1905, définissant la laïcité de l'État, à ses divers degrés d'expression. Quelques particularités de la loi musulmane, comme la polygamie, les formalités du divorce, le mariage par autorité parentale, le crime d'honneur, durent faire l'objet de mises au point, ou de criminalisation, du fait de nos lois.
Sceptique
*À la nôtre il était reproché d'être idolâtre, et d'avoir divinisé le Christ.
**Pour des raisons "politiques", la contraception ne pouvait avoir d'existence légale, et l'IVG était un crime. L'euthanasie et le suicide assisté sont réprimés par le droit commun.