Que signifie le "toujours moins" de la FCPE?
Tous les médias écrits et télévisés d'aujourd'ui réagissent avec un bel et complaisant ensemble, au lancement par la FCPE d'une campagne visant à faire renoncer les enseignants récalcitrants (à une vieille directive du Ministère) à donner à leurs élèves des devoirs à faire à la maison. "Les pauvres petits, si fatigués par leurs six heures de classe.....privés d'une demi-heure de télé ou d'ordinateur!"
J'ai même vu, dans mon quotidien régional, un très opportun entretien avec Philippe Meirieu, co-artisan des déficiences, véhémentement niées, mais évidentes, des élèves d'aujourd'hui. Cet expert de la pédagogie proclame avec aplomb que "les devoirs à la maison ne servent à rien". Nul besoin de le démontrer, circulez, il n'y a rien à voir.
À la télévision, "on" a trouvé une fillette et une mère, la première faisant ses exercices à son retour de l'école, et la mère, la surveillant et la contrôlant. Tout en ne cachant pas que ça l'em....de!
Et les enseignants qui ont pris la décision de les donner, à la fois les justifient comme application autonome de l'enseignement donné en classe, et soulignent le peu de temps que cet exercice demande. Mais c'est vrai qu'il est écrit, proprement, et noté par l'enseignant. Toujours selon Mr Meirieu, dans les autres pays, "on" ne note pas, et les résultats sont meilleurs (pas de preuves à l'appui).
Pour ma part, j'attribue cette demande de ces enseignants comme une manifestation de conscience professionnelle, d'intérêt pour leurs élèves, et de communication indirecte avec les parents. Que je sache, les enseignants se disent, en masse*, désespérés par le peu de coopération des parents.
Pourtant, c'est une association de parents d'élèves qui a pris l'intiative de cette campagne, ce qui, rapproché de la plainte à propos des parents, pourrait être interprété comme un "laissez-nous tranquilles!" Mais la FCPE est animée, depuis son origine, par des enseignants-parents d'élèves, et non vraiment séparée des syndicats d'enseignants, dont on connait la volonté d'écarter l'État de la gestion de l'enseignement public. Payer, oui, jamais assez, mais y mettre son nez, non.
Ce serait donc le zèle des enseignants demandeurs qui serait attaqué, en mobilisant les adhérents qui se fient avec candeur à leur Association. Car il n'est pas démontrable qu'une sollicitation des enfants n'a aucun effet sur leur apprentissage.
Il est tellement évident que les enfants dont les parents s'occupent, surveillent le travail, et organisent leur activité extra-scolaire, ont plus de chances que les autres, ce qui contribue à figer la structure de la société, par une sorte d'héritabilité de la compétence, que ce fait suggère des pensées très agressives à l'encontre de cette reproduction "petit-bourgeoise"**. La tentation d'attaquer les inégalités "par le haut", sa résolution par le bas ne faisant pas merveille, est, par la force des choses, mise en réserve en attendant des jours meilleurs.
L'indiscipline idéologique dont font preuve ces enseignants consciencieux, qui ciblent leurs élèves, sans s'occuper du "problème de société", insoluble dans un contexte libéral, doit donc être combattue par les bénéficiaires eux-mêmes, LES PARENTS!
Voilà pourquoi la FCPE a été chargée de l'offensive.
Sceptique
*Cette plainte est constante dans les conversations, mais rarement publique.
**Cette conviction de l'utilité de la connaissance, au niveau le plus élevé possible, dans la réussite professionnelle et sociale, est bien enracinée dans la classe moyenne, qui en a mesuré la réalité. Elle ne l'est pas moins chez les enseignants, dont la progéniture bénéficie de l'attention parentale, sans modération, et avec profit. La "upper-class" est beaucoup moins attentionnée dans le détail, le carnet de chèques étant, par contre, toujours prêt.