Les RTT des médecins hospitaliers: "Ah, mon pov' Docteur!"
Les médecins aiment leur métier. Ils en sont aussi très fiers. Ils pensent donc qu'ils méritent d'être bien payés. Ils le sont, au prorata de leur charge de travail, mais, qu'ils soient libéraux ou salariés, jusqu'à une limite supérieure, concrétisée par l'impôt ou par une grille salariale fixée par l'employeur. Les heures sup, sans charges et défiscalisées, ne sont pas prévues pour eux.
Les libéraux gèrent eux-mêmes l'équilibre entre les exigences de leur métier, celles de leur santé et de leur vie de famille, et leurs besoins d'argent.
Les salariés sont pris entre le travail qui se présente et qu'il faut accomplir, et l'absence de cette variable dans les logiciels de l'employeur. C'est pourquoi l'application des 35 heures à l'hôpital a créé un foutoir insoluble autant qu'injuste. Les soignants, dont les médecins, "font" entre une fois et demie et deux fois 35 heures par semaine, et accumulent des milliers d'heures "RTT" non payées et inscrites sur un compte. Personne n'était en mesure de fixer un délai pour le versement de ces heures supplémentaires. Au contraire, l'espérance qu'ils les oublient avait suggéré qu'elles doivent être réclamées avant leur dixième anniversaire! À l'approche de cette forclusion, les syndicats, poussés par leurs mandants, se sont inquiétés du sort de ces tirelires virtuelles.
Les choses se présentaient ainsi: Les soignants ne pouvaient "prendre" les congés accumulés(des mois..) sans perturber gravement le fonctionnement des services. Les comptables des hôpitaux n'avaient pas le premier euro pour les convertir en cash. Et le Trésor Public ne tenait pas du parlement le budget prévoyant le versement de salaires et des charges patronales qui les augmentaient naturellement. Quant aux remplaçants des soignants qui auraient pris leur solde de congés, il n'y en avait pas trace à Pôle Emploi, et pas plus d'inscription au budget. L'affaire était une bombe atomique!
Une longue négociation, rendue difficile par l'habituelle micronisation syndicale et leur surenchère, commença. Elle avait ses prolongements dans les arcanes de l'État, où le devoir de justice s'empoignait avec celui de rigueur budgétaire et l'argent à trouver.
Le résultat final fut la proposition de trois options au choix des ayant-droits: prendre les congés cumulés, en en imposant les inconvénients à l'établissement employeur, être payés des heures cumulées, dont le tarif "TTC" était proposé à 300 euros (certains trouvaient que c'était minable), enfin, que ces sommes soient versées à leur caisse de retraite complémentaire. Leur rendement, selon la caisse impliquée, est très variable, et "à fonds perdus" comme tout ce qui est versé à une caisse de retraite. Le réflexe de beaucoup de français de toutes catégories et de penser à leur patrimoine et à leurs héritiers, avant les plaisirs de leurs dernières années.
La compétition entre les syndicats des parties prenantes porte sur cette question délicate: quelle est la proposition qui nous roule le mieux dans la farine?
Sceptique (confraternel, mais non concerné)
Source: le Quotidien du Médecin