Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sceptique
19 avril 2012

Les RTT des médecins hospitaliers: "Ah, mon pov' Docteur!"

Les médecins aiment leur métier. Ils en sont aussi très fiers. Ils pensent donc qu'ils méritent d'être bien payés. Ils le sont, au prorata de leur charge de travail, mais, qu'ils soient libéraux ou salariés, jusqu'à une limite supérieure,  concrétisée par l'impôt ou par une grille salariale fixée par l'employeur. Les heures sup, sans charges et défiscalisées, ne sont pas prévues pour eux.

Les libéraux gèrent eux-mêmes l'équilibre entre les exigences de leur métier, celles de leur santé et de leur vie de famille, et leurs besoins d'argent.

Les salariés sont pris entre le travail qui se présente et qu'il faut accomplir, et l'absence de cette variable dans les logiciels de l'employeur. C'est pourquoi l'application des 35 heures à l'hôpital a créé un foutoir insoluble autant qu'injuste. Les soignants, dont les médecins, "font" entre une fois et demie et deux fois 35 heures par semaine, et accumulent des milliers d'heures "RTT" non payées et inscrites sur un compte. Personne n'était en mesure de fixer un délai pour le versement de ces heures supplémentaires. Au contraire, l'espérance qu'ils les oublient avait suggéré qu'elles doivent être réclamées avant leur dixième anniversaire! À l'approche de cette forclusion, les syndicats, poussés par leurs mandants, se sont inquiétés du sort de ces tirelires virtuelles.

Les choses se présentaient ainsi: Les soignants ne pouvaient "prendre" les congés accumulés(des mois..) sans perturber gravement le fonctionnement des services. Les comptables des hôpitaux n'avaient pas le premier euro pour les convertir en cash. Et le Trésor Public ne tenait pas du parlement le budget prévoyant le versement de salaires et des charges patronales qui les augmentaient naturellement. Quant aux remplaçants des soignants qui auraient pris leur solde de congés, il n'y en avait pas trace à Pôle Emploi, et pas plus d'inscription au budget. L'affaire était une bombe atomique!

Une longue négociation, rendue difficile par l'habituelle micronisation syndicale et leur surenchère, commença. Elle avait ses prolongements dans les arcanes de l'État, où le devoir de justice s'empoignait avec celui de rigueur budgétaire et l'argent à trouver.

Le résultat final fut la proposition de trois options au choix des ayant-droits: prendre les congés cumulés, en en imposant les inconvénients à l'établissement employeur, être payés des heures cumulées, dont le tarif "TTC" était proposé à 300 euros (certains trouvaient que c'était minable), enfin, que ces sommes soient versées à leur caisse de retraite complémentaire. Leur rendement, selon la caisse impliquée, est très variable, et "à fonds perdus" comme tout ce qui est versé à une caisse de retraite. Le réflexe de beaucoup de français de toutes catégories et de penser à leur patrimoine et à leurs héritiers, avant les plaisirs de leurs dernières années.

La compétition entre les syndicats des parties prenantes porte sur cette question délicate: quelle est la proposition qui nous roule le mieux dans la farine?


Sceptique (confraternel, mais non concerné)

Source: le Quotidien du Médecin

 

Publicité
Publicité
Commentaires
S
...le défaut de ponctuation de ma première phrase!
Répondre
S
C'est ce qu'indique le Quotidien du Médecin, et ça me parait vraisemblable, car les charges(patronales et salariales), sont incluses, et seront retenues dépassant (à ce niveau) les 50% du montant brut, le solde, +-200* euros de l'heure, est en rapport avec les niveaux de compétence et de responsabilité de chirurgiens, d'anesthésistes, d'urgentistes...car ce sont les personnels soignants concernés par ces dépassements habituels d'horaires de travail. Avant les 35 heures, ils faisaient bien plus que 39 heures, et leur salaire mensuel n'était pas modulé. Mais il était difficile, en appliquant les 35 heures à l'hôpital, de leur dire qu'ils ne seraient pas concernés! Très syndiqués, comme le sont les agents des services publics**, à la mode française, c'est à dire avec un choix très multiple et surenchérissant, ils n'auraient pas accepté leur exclusion de l'avantage...théorique.<br /> <br /> *Compte tenu, peut-être aussi, de l'érosion monétaire en dix ans<br /> <br /> **Les 35 heures ont été appliqués aux agents de l'État et des collectivités territoriales, alors qu'ils n'atteignaient pas ce total d'heures travaillées. "Ils" se défendent bien!
Répondre
L
"...être payés des heures cumulées, dont le tarif "TTC" était proposé à 300 euros..."<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne comprends pas bien. 300 Euros de l'heure ?
Répondre
S
"pas d'intention de vol"!!! Mes yeux me trahissent!
Répondre
S
Il n'était pas dans l'intention du législateur (Martine Aubry) de faire travailler pour rien les personnels hospitaliers. Mais la profonde ignorance de la spécificité du travail du soin a créé cette impasse: les soignants ne doivent travailler que 35 heures (comme tout le monde*). S'ils dépassent par nécessité, ils doivent bénéficier d'un repos compensateur, à prendre quand ils le peuvent, les RTT. Mais, pour des raisons propres à cette activité, ils ne peuvent jamais les prendre, sauf à fermer, pour un temps, un service ou un hôpital complet (sauf ses bureaux!). Pour chaque soignant, un compte d'épargne est ouvert, libellé en jours, semaines, mois, ou années de congés à prendre. Ce n'est qu'en raison de l'impossibilité de les prendre, qu'il a fallu leur fixer une contre-valeur monétaire. Les personnels hospitaliers publics sont payés au mois, selon des grilles de salaire.<br /> <br /> Il se pose alors un problème de budget. Cette dette n'est pas compensée par une recette propre à l'hôpital. Il faut que la recette nécessaire soit inscrite au budget de l'État, votée par le parlement, financée par un impôt supplémentaire. En nos temps de rigueur, et de peu de goût pour l'impôt du peuple français, l'équation est difficile à résoudre.<br /> <br /> <br /> <br /> *Auparavant, ils étaient payés pour 39 heures, même s'ils en faisaient beaucoup plus. Les 35 heures appliquées à la fonction publique par exigence des syndicats ( la plupart des agents de l'État travaillaient moins de 35 heures par semaine), ont créé cette situation aberrante.
Répondre
Sceptique
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité