Hommage à Olivier Ferrand

La vraie intelligence rend difficile l'engagement sans limites dans une idéologie. Il arrive toujours un moment où il faut donner raison à un adversaire avec lequel on participe à un débat, voulu élevé et courtois. C'est ce qui m'a frappré quand j'ai découvert Olivier Ferrand dans une émission de LCI, Think Tank. Il était lui-même fondateur de "son" think tank, "Terra Nova", associée au Parti Socialiste. Il a été successivement opposé, dans cette émission, à Charles Beigbeder, industriel et penseur d'une droite raisonnable, puis à Rama Yade, qui s'y montrait brillante, ce qu'elle est habituellement, et suscitait une admiration évidente de la part de son adversaire.

Hier encore, j'ai été surpris, pensant que son élection à l'Assemblée Nationale devait l'éloigner, au moins temporairement, de cette émission, de le revoir engagé dans un débat avec Benoist Apparu, un homme de son âge, ex-Ministre du Logement du gouvernement Fillon. Comme d'habitude, le dialogue était fervent et courtois, les tentatives de parler la langue de bois du parti ne tenaient pas longtemps. 

La nouvelle de sa mort subite, tombée pendant le JT de 13 heures, m'a ému et profondément attristé. Mon engagement, que j'espère raisonné et sans haine, est à l'opposé du sien. Mon scepticisme en est l'armature. Personne ne peut avoir tout à fait raison, ou tout à fait tort. La diversité des opinions, même regroupées en deux options principales, démontre cette relativité. Olivier Ferrand laissait souvent percer son attachement aux faits, impossibles à faire entrer dans des systèmes de pensée trop étriqués.

Il va laisser un vide, celui du "truchement", permettant la compréhension de la pensée de l'autre, à l'abri de l'assourdissant et habituel déluge d'artillerie.

Sceptique