Le mariage homosexuel: l'État n'oblige pas l'Église, l'Église n'oblige pas l'État.
La nouvelle majorité qui a en charge l'État a mis à son programme la reconnaissance du mariage des homosexuels et de tous des droits afférents à cet acte, dont l'adoption d'enfants. Ce projet a été approuvé en même temps que le Président qui l'avait inscrit parmi ses propositions, et par la majorité législative qui a suivi. Les sondages sur cette question précise donnent 65% de réponses favorables au mariage, un peu moins à l'adoption.
La démocratie fonctionne selon la logique, "autonome", de la "vox populi", amortie par le passage par l'intermédiaire des institutions. Qui permettent une réflexion approfondie de la question en débat, et une élaboration soigneuse du texte de loi qui en sera la conclusion.
Cette mesure est réclamée par la majorité des homosexuels (pas l'unanimité, il me semble), pour une raison essentielle: faire disparaître du langage officiel tout le vocabulaire qui distingue, de fait, les sexes et les modes de sexualité présumés. Le mariage ne sera plus entre Monsieur et Madame, mais entre deux personnes dont le sexe sera l'affaire personnelle, mais dont le choix de vivre ensemble comprend le cadre juridique du mariage.
Évidemment, personne n'est dupe de cette "novlangue" par défaut, mais à partir d'un certain niveau d'ancienneté et d'élaboration, un langage prend le caractère d'une convention entre ceux qui le partagent, et les termes de la convention peuvent être modifiés à la marge.
Il n'en est pas de même pour l'Église catholique, qui est la principale religion, en nombre, et en place historique, en France. C'est une religion monothéiste, révélée, et structurée, ayant un chef et une hiérarchie, gardiens de la doctrine, et veillant à son respect. Une religion fonctionne selon une logique hétéronome, sa vérité ayant une source extérieure à elle, mais qui l'engage. Il est donc aberrant de demander à une religion de mettre entre parenthèses sa logique propre et de se conformer à celle, changeante, de l'opinion.
Certaines adaptations des sociétés aux nouveaux besoins que leurs citoyens expriment peuvent entrer en conflit définitif avec la religion. La liste n'en est pas close. Ce qui n'est pas écrit dans la révélation divine ne peut être approuvé par ses représentants humains.
L'État, quand il est laïque, comme c'est le cas en France, doit imposer le droit qui résulte de la demande exprimée démocratiquement, sans prendre en compte le point de vue des religions, si le nouveau droit n'est pas en contradiction avec la liberté de conscience.
La religion doit (à ses adeptes) l'expression claire de sa position, dès lors qu'une évolution de la société sort de la mission que la divinité aurait donné à sa création, et que sa représentation est chargée de faire respecter. La logique propre de la religion prévaut, par définition fondatrice, sur celle de la société, définie par elle même, au jour le jour.
Dans une société laïque les préceptes d'une religion n'engagent que ses adeptes. Ce qui sera permis ne sera pas obligatoire. Cette "transformation", supposée automatique*, pèse beaucoup dans le rapport des français à la liberté.
En bonne logique, l'Église catholique a interpellé le Dieu auquel elle se réfère, sous la forme d'une prière collective spécifique, LUI demandant d'éclairer les esprits des législateurs sur SA préférence. Curieusement, les partisans de cette évolution de la société, supposés ne pas croire en Dieu et à son ordre, ont réagi comme s'ils craignaient un retour, pour l'occasion, du Saint-Esprit!
Sceptique
*La contraception, l'IVG, devaient dépeupler la France, l'euthanasie sera la porte ouverte à l'assassinat des vieux et des handicapés, etc, etc..