AU JOUR LE JOUR-V
LE PRÉCIPICE DE FLORANGE
Ou « on » l’évite, ou, « on » s’y jette, par solidarité avec ses victimes. Arcelor Mittal a annoncé l’arrêt définitif des hauts-fourneaux, mais conserve l’usine d’aciers spéciaux. Les ouvriers, sûrs de perdre leur travail, crient « au meurtre ». Ils accompagnent leur protestation d’un blocage de la production d’aciers spéciaux.
Le gouvernement fait ce qu’il peut. Le Président François Hollande a reçu Mr Mittal à l’Élysée. La réponse du sidérurgiste a été claire : il est prêt à céder les hauts-fourneaux à un repreneur dans un délai de deux mois, maximum.
France 2 a fait étudier le problème par un de ses journalistes. Œuvre utile, car on n’entend que le point de vue des ouvriers et de leurs défenseurs. La démonstration est fulgurante : privée de ses ressources naturelles (fer et charbon, épuisés) la sidérurgie lorraine est obligée de les importer à grands frais, par voie terrestre et fluviale. Leur transformation en fonte dans ces conditions n’est pas compétitive. Un tableau des productions sidérurgiques dans le monde révèle la place dominante de la Chine, qui consomme tout l’acier qu’elle produit. L’Europe en produit huit fois moins, et ça lui suffit. IL RÉSULTE DE L’EXPOSÉ QU’AUCUN INVESTISSEUR HONNÊTE NE PRENDRA LE RISQUE DE REMETTRE EN MARCHE LES HAUTS-FOURNEAUX DE FLORANGE. Ceux qui se porteront candidats auront une idée d’arnaque derrière la tête.
HOLLANDE À ÉCHIROLLES.
Le Président a bien fait de faire acte de présence auprès des familles des victimes et de celles des coupables, stigmatisées par le lynchage. Le lynchage est une conduite archaïque des humains, se laissant aller en groupe à leur racisme et aux pulsions meurtrières que ce sentiment brut suggère. La dilution groupale de la responsabilité les libère. Le racisme est inconnu par l’enfant, et accompagne la puberté et l’entrée dans la compétition sexuelle. Il s’atténue avec la maturation de la personnalité, l’intégration des valeurs sociales, à condition qu’elles fassent partie du paquet éducatif. Au contraire, le phénomène des bandes en fait le renfort de l’identité et de la violence.
DISSUASION ENTREPRENEURIALE
La société française n’aime pas les entreprises, de quelque nature, et de quelque taille qu’elles soient. Nos fondements ruraux l’expliquent. La raison des politiques, monarques, puis chefs d’État, a toujours été à l’origine des politiques industrielles et des grandes infrastructures qui les permettent. Mais les français ne sont toujours pas convertis à cette religion-là. Au mieux, les entreprises ne servent qu’à fournir des emplois. Leur sort n’intéresse personne.
C’est pourquoi, il se trouve toujours, dans les arcanes de l’administration ou du monde politique, des spécialistes du « coup de pied de l’âne », qui parviennent à glisser dans un programme des suggestions de justice sociale, ou fiscale, dont l’effet serait de dissuader tout entrepreneur de se lancer dans l’aventure. Ainsi ce projet d’imposition à 65% de la plus-value d’une entreprise, à sa revente. Les entrepreneurs crient à l’assassinat programmé. Pourquoi n’en auraient-ils pas le droit ? Dans la même ligne, la bonne idée du statut d’auto-entrepreneur est attaquée. Son relatif échec était déjà dû aux entraves dont on n’a pas pu s’empêcher de le munir. Sa précarité « politique » était déjà devinée par les éventuels candidats, et il ne faisait pas recette.
Placés devant la bourde soufflée par Bercy, qui la reconnaît avec candeur, les responsables politiques ont fait machine arrière. Plus vite que la croissance !
JARED DIAMOND
Le Monde (Culture et Idées) du 29 Septembre 2012 consacre une double page à ce penseur américain qui prédit une fin du monde précipitée par l’action nuisible de l’espèce humaine. Quelques exemples connus de disparitions de civilisations, du fait de leurs actions suicidaires, étayent cette thèse. Bien entendu, notre monde d’aujourd’hui est en « phase terminale », ou presque, de cette destruction de la biosphère par notre action prédatrice et destructrice.
Il y a un indiscutable rapport entre le niveau de développement culturel de l’homme et les dommages causés à la nature. Si une civilisation est victime de ses abus, la nature libérée de ses contraintes, en efface, imparfaitement, les traces. Des petits curieux, appelés « archéologues », les retrouvent et reconstituent l’histoire. Quelques unes ont été aidées à disparaître par des « nettoyeurs » de la même espèce. Cela fait quand même quelques siècles que se dégagent, au sommet des sociétés, des hommes qui perçoivent les dangers d’une maltraitance de la nature, et en proposent un usage plus raisonnable et prudent, sans, pour autant, bannir de leur société le bien-être et le progrès. Ainsi, notre pays n’a pas attendu les nouveaux prophètes pour protéger ses forêts et ses côtes. Notre société d’aujourd’hui gère au mieux le traitement des déchets ménagers, dont notre civilisation a multiplié le tonnage par le facteur 350 à 400. Tout le monde n’est pas d’accord avec les moyens proposés, car peu de participants à la constitution de déchets se préoccupent de leur sort.
Dès que l’homme ne compte plus sur ses dieux pour faire le ménage, il prend soin de son milieu, et il est aisé de s’en rendre compte. L’homme moderne accepte de payer plus cher son confort, sa qualité de vie. Par contre, il n’accepte pas, en bloc, qu’on l’oblige à revenir à un passé révolu.
Sceptique