"Couacs" ministériels: il vaut mieux en rire qu'en pleurer!
L’incident n’était pas inconnu, mais pas très fréquent quand la droite était au pouvoir, car elle a gardé du gaullisme la tradition de la discipline militaire, celle de la grande muette, du silence dans les rangs.
Comme les ministres sont en principe des « personnalités », il peut leur arriver qu’ils expriment leur opinion, « ex cathedra », un peu comme des évêques peuvent se croire Pape un court instant. L’exemple que je retiens dans l’histoire de la droite sarkozienne est l’imprudence verbale de Jean-Louis Borloo, qui fit allusion à une TVA sociale, destinée à soulager les entreprises françaises d’une partie de leurs charges*. Le sujet était assez sensible pour faire perdre quelques dizaines de sièges à une droite portée par le triomphe de Nicolas Sarkozy.
Si la droite, vraiment « droite », se structure comme un système planétaire, avec son « soleil » et ses planètes, elles même pourvues de satellites, qui gravitent le plus sagement possible à une distance respectueuse du « grand attracteur », la gauche, d’emblée hostile à l’institution militaire, aux défauts de ses qualités, se contre-identifie à ce qui peut y ressembler, et valorise, au contraire, l’égalité de principe de ses membres, même au delà de ce que le suffrage universel a décidé. Son image est celle d’une nébuleuse, sans forme définie, comme Magellan ou Orion, au milieu de laquelle brillent des étoiles.
Comme la droite qui vient de perdre le pouvoir avait justement privilégié, en raison de la personnalité de son chef, et de sa tradition, son mode de gouvernance monarchique ou bonapartiste, la gauche ne pouvait moins faire que de restaurer….le bordel**.
Quand je dis « la gauche », il ne s’agit pas évidemment du vainqueur de la présidentielle, qui, derrière sa posture de détachement, de modestie, de normalité, ne peut ignorer, et n’ignore sûrement pas, les exigences d’ordre et de prise en charge d’un peuple qui se lasse très vite du désordre qui l’a fait rire un moment.
Ceux qui trainent les pieds à le comprendre, ce sont les frustrés de l’élection présidentielle, ceux qui espéraient être sélectionnés, et qui ne le furent pas. Ceux, aussi, qui se sont alliés au plus fort, non pas parce qu’ils lui reconnaissent une supériorité réelle, mais parce qu’il faut faire avec une opinion populaire que le nouveau saint esprit n’a pas encore touchée. Ils, ou elles savent, au fond de leur cœur, que la Vérité est de leur côté, et qu’Elle ne s’accommodera jamais d’un compromis. Leur mission est de la faire triompher un jour.
Celui qui vient de faire désordre est un multirécidiviste ! Dès son entrée au gouvernement, il a étalé sa conception de son pouvoir, à ses yeux immédiat et sans limites. Il y a eu besoin de lui rappeler, en douce, que l’institution dont il était chargé faisait partie d’une société, qu’elle n’était pas propriétaire des enfants qui lui étaient confiés, dont les parents n’étaient pas déchus parce qu’ils n’étaient pas adhérents de la FCPE. Que, enfin, les bailleurs de fonds qu’étaient les communes et les départements avaient leur mot à dire.
Un ministre de l’Éducation Nationale, qui bouscule l’histoire en proclamant : »Pourquoi JE vais réussir.. » n’est pas homme à mettre son mouchoir sur ses démangeaisons. Il n’a pas tardé à dire ce….qu’il ferait si c’était lui qui était le Président !
Reste la question posée à la société française. En Mai et en Juin 2012, ELLE a choisi, en principe en connaissance de cause, de se confier à la Gauche. Sa versatilité montre déjà plus que le bout de son nez ? La popularité du Président et de son gouvernement sont déjà moindres que celle de Nicolas Sarkozy au bout du même temps ? Il me semble que c’est bien en raison de cette tendance « gauloise » que la constitution de la Vème République, « romaine », ou « franque », a été choisie, pour permettre que la France soit gouvernable.
C’est pourquoi je préfère « Les silences du Colonel Bramble » aux « discours du Docteur O’Grady »*** ! L’exercice du pouvoir défini par nos institutions place ses responsables devant les réalités de notre société, « invariantes » depuis des siècles. Les « retoucher », ou les « bousculer », là est la question. Tout est dans le dosage. La politique est un vrai métier !
Sceptique
*Cinq ans après, « on » en est toujours au même point ! La question des charges patronales arrache toujours le cœur, les ongles, et les c......s de la gauche. Sous l’œil de Bernard Thibault, « on » ne peut rien faire ! » , et il n’en finit pas de partir !
**Manuel Valls a été spécialement chargé de le contenir.
***d’André Maurois, officier de liaison auprès de l’armée anglaise en 14/18