LA VISITE DE FRANÇOIS HOLLANDE AU MALI
Notre intervention musclée au secours du Mali ayant été menée rondement et avec un succès inattendu, en tout cas dans ce délai, c'est à peine trois semaines après sa décision, que le président français est allé recueillir ses lauriers, mais aussi rappeler les limites de notre intervention. En raison de nos moyens, mais aussi des faiblesses de notre opinion envers ces "ingérences" dans les affaires de nos anciennes colonies.
François Hollande a été très chaleureusement accueilli dans les villes du Nord Mali, libérées de l'occupation par les brigades islamistes d'AQMI et leurs alliés touaregs. Les maliens occupés ont passé une très mauvaise année sous la férule des fanatiques. Ils ont donc senti pleinement ce qu'était une libération.
Les choses semblent avoir été différentes à Bamako, la capitale. La foule qui était là était enthousiaste, mais peu nombreuse, pour une ville de quatre millions d'habitants. Les discours, du Président malien, puis de François Hollande, ont été des assauts de politesses et de remerciements, de rappels de notre passé commun, de la place des soldats maliens dans nos armées de 1914-1918 et de 1939/1945. Le Président français a rappelé que la France "n'avait pas vocation à être là, longtemps", et que c'étaient les forces maliennes et leurs allés d'Afrique de l'Ouest qui devraient maintenir la sécurité dans le Nord-Mali, et l'intégrité territoriale de l'ensemble, tel qu'il a été transmis par le colonisateur français, lors de l'accession à l'indépendance.
Cet objectif à court terme n'est pas réaliste. Ni l'armée malienne, ni ses alliés, ne sont en mesure d'empêcher le retour en force de l'occupant djihadiste, ni surtout, de lui rendre la vie impossible dans le coin du désert propice à son refuge, en lui interdisant toute possibilité de ravitaillement par des raids sur les villes du Sahel. Il faut pour cela la capacité de surveiller le désert, et de faire intervenir les moyens aériens de destruction des véhicules transportant les agresseurs. Ces moyens aériens, les africains n'en disposent pas. Grâce à leurs instruments de détection et de visée sophistiquée, nos Rafales ont une efficacité inimaginable, mais leur utilisation est très coûteuse. Nos hélicoptères, guère moins. Nous ne disposons pas de beaucoup de temps avant les températures torrides de l'été. C'est pourquoi une forte pression doit être maintenue ces prochaines semaines ou ces prochains mois, sur ces bandes armées, pour les forcer à se disperser, à fuir, vers le seul territoire où elles pourraient se sentir en sécurité, la Libye.
Même si nous n'avons pas cédé au chantage implicite que constitue leur existence, nous avons en tête le sort de nos otages. Est-il plus risqué aujourd'hui, qu'hier? "Ils" n'ont pas pas empêché notre intervention et la mise en déroute de leurs ravisseurs. Leurs souffrances seront encore pires, là où ils partageront leur insécurité . Leur liberté en échange de sauf-conduits? C'était ce qu'avait proposé l'Algérie aux agresseurs d'In Aménas. Leur orgueil était encore plus fort que leur raison, et l'usage meurtrier de la force a été choisi par l'agressé. Mais leurs commanditaires sont maintenant dans une position nettement plus fâcheuse.
Sceptique