L'INTERVENTION FRANÇAISE AU MALI: UNE ANALYSE DE ZAKI LAÏDI (telos-eu.com)
J'apprécie particulièrement les analyses de Zaki Laïdi, chercheur et enseignant à Sciences'Po. Celle qui fait l'objet de ce billet a été lancée par le site Telos, dont il est le fondateur.
L'auteur répartit en trois éléments ses observations et ses déductions.
En ce qui concerne la France, il conclut:
-À la capacité militaire de la France, qui lui a permis, en l'occurrence, d'intervenir seule, de mobiliser les ressources d'infanterie et d'appui aérien dont elle disposait dans cette région d'Afrique, pour stopper les colonnes djihadistes qui fonçaient en direction de Bamako. Puis d'engager une contre-offensive, cette fois-ci avec des renforts pour l'acheminement desquels elle a obtenu le soutien logistique des américains et de quelques autres membres de l'OTAN. D'exploiter le succès initial en poursuivant les assaillants, en libérant le territoire du Nord-Mali qu'ils occupaient, et ses villes, dont Gao et Tombouctou. De toute évidence, les plans de cette action étaient prêts.
-À l'absence d'intérêt marchand, à l'absence d'un projet d'imposer un modèle de solution politique.
-À l'unique souci d'empêcher la déstabilisation de cette région de l'Afrique, qui fut sous sa responsabilité de colonisateur.
Le deuxième élément est la mise en exergue de l'insignifiance stratégique de l'Union Européenne, incapable de concevoir sa défense, ne comptant que sur la faiblesse encore réelle de l'ancien empire soviétique, et sur un protectorat américain devenu distant (mais resté réactif).
Le troisième est, justement, le partenariat moral et logistique des États-Unis, qui, en d'autres temps, auraient crié à un réflexe colonialiste, mais qui ont su évaluer l'importance du coup porté au terrorisme islamiste, sans qu'ils aient à engager leurs propres combattants. Les victimes américaines de l'attaque d'In Amenas, sans autre rapport avec l'action djihadiste au Mali que la haine globale que Al Qaeda voue aux occidentaux et à leurs alliés musulmans, leur ont permis de prendre la mesure du projet islamiste pour l'Afrique.
Revenant à ce que dévoile l'évènement de la faiblesse politique de l'Union Européenne, il relève, en ce qui concerne la France, l'impossibilité qui est la sienne de renforcer l'union politique telle que la souhaite l'Allemagne. La France a encore trop d'obligations particulières envers son ex-empire pour les assujetir à la frilosité pacifiste d'une Europe timorée.
Il ne faut pas, et là, ce n'est que mon avis, en vouloir à l'Europe d'être paralysée face à toute crise politique internationale. En conclure que l'idée est une impasse, qu'elle n'a pas d'avenir. Au présent, c'est sûr, l'Europe qu'on attend n'est pas....à terme!
Sceptique