CET ILLETTRISME POUSSÉ SOUS LE TAPIS*.
"Il" ne devrait pas exister, ce bouton rouge sur le nez de l'Éducation Nationale, deuxième budget de notre pays, et qui réaffirme, depuis huit mois, son droit de propriété sur les enfants de 3 à 16 ans.
Depuis le collège unique et obligatoire, et son corollaire, la suppression de l'examen d'entrée en sixième, nos enfants sont comme sur un tapis roulant, qui les conduit, en principe d'une seule traite, du cours préparatoire jusqu'au Brevet élémentaire. La plupart d'entre eux y parviennent et vont même au delà, handicapés par un sérieux déficit de l'expression écrite, de ses critères fondamentaux, l'orthographe et la grammaire.
"Ils"(surtout), et "elles"(moins nombreuses**) se retrouvent au Lycée, car depuis le Collège, obligatoire et unique, une mission supplémentaire a été confiée à notre enseignement, faire réussir l'examen du baccalauréat par 80% d'une classe d'âge. Pour y parvenir, on y est presque, il a bien fallu que les examinateurs ferment les yeux sur la pitoyable formation en langue française d'un bon nombre de candidats, par ailleurs possesseurs des connaissances nécessaires, et se rattrapant à l'oral.
Le bac n'est plus suffisant pour un quelconque métier de "burolier"***, et il faut donc s'inscrire à l'Université. Qui, face à la fréquence du handicap, fait pression sur les postulants à certaines études pour qu'ils suivent des cours de remise à niveau.
Certains bacheliers, "passés entre les gouttes", grâce à leurs "stratégies de contournement" arrivent à cacher durablement leur incapacité à maitriser la lecture et l'expression écrite. Ils se rattrapent et se font valoir par leur maitrise des chiffres, de leur principal outil, l'informatique. Ils se débrouillent pour se trouver un "écrivain" fraternel et former un duo....secret, et...inséparable. L'éventualité d'une séparation est angoissante.
On a beau avoir baptisé ce handicap du nom ronflant de dyslexie-dysorthographie, il n'en reste pas moins un échec de...l'école. Il y a toujours eu des enfants ayant des difficultés en lecture et en expression écrite, que les enseignants jugeaient inaptes ou paresseux, et qui quittaient l'école pour l'apprentissage, puis l'usine. Le tapis roulant ne le permet plus, et l'abus de la "méthode globale"****a augmenté sensiblement leur proportion. Ceux qui arriveront à en tomber avant sa fin obligatoire seront les laissés pour compte de l'enseignement public.
Le handicap aggrave l'inégalité des chances de nature sociale. Les parents attentifs, et atteints dans leur amour-propre par les difficultés de leur enfant, vont prendre en charge le travail complémentaire à accomplir. Le passage dans l'enseignement privé, les cours particuliers, l'aide patiente et rassurante à l'enfant en difficulté, nécessitent du temps, de l'argent, de la disponibilité.
Du côté de la politique, le problème est nettement "clivant", en novlangue d'aujourd'hui. Le discours politique se partage entre la mise en cause de l'école, de ses méthodes, de la disponiblité des enseignants, ou la mise en cause des "usagers", les parents, les cochons-de-payants, et leurs protecteurs politiques. "Pas d'argent, pas d'école", ou "faire bonne école avec peu d'argent".
Nul besoin de faire un dessin pour faire savoir qui pense quoi.
Sceptique
*Le "Monde" des 17-18 Février, page 10(Société). Lire la belle histoire de "Meherzia", en bas, à droite.
**La prédominance masculine porte un coup sévère à la théorie du genre. Il y a un problème de comportement, lié au sexe, à l'imprégnation hormonale qui se produit pendant la vie foetale, nécessaire à la détermination sexuelle de l'anatomie. Les garçons sont moins sages, moins dociles, plus dispersés dans leurs intérêts. La féminisation de la profession enseignante a sûrement ajouté des difficultés et des souffrances supplémentaires.
***Travail de bureau (Marie-Anne Chazel dans "Le Père Noël est une ordure", par la troupe du Splendid.
****Constatant que la lecture acquise est globale(les mots sont reconnus sans nécessité de les épeler), les pédagogues se sont mis en tête de faire sauter l'étape des lettres et des syllabes dans l'enseignement de la lecture et de l'écriture. C'était postuler une maturité neurologique à l'âge d'entrée à l'école. Il a fallu revenir, non sans souffrance, encore lancinante, de l'amour-propre, à la progressivité de l'acquisition.
Complément du 22 Février 2013: Dans le "Monde" du 21/02/2013, p.20(débats), Antoine Prost, historien de l'&ducation, revient sur la baisse du niveau scolaire, évaluée essentiellement sur la connaissance du français, mais aussi sur les mathématiques. De 2000 à 2009, le nombre d'élèves insuffisamment compétents a augmenté d'un 1/3 (33%). Alors, vive le retour à la semaine de 4 jours et demi? L'auteur suppose que sa réduction à 4 jours n'a rien du arranger. Mais il soupçonne pour la phase précédente, dont l'évaluation se traduit par une baisse de niveau, un problème de pédagogie.
La résistance des communes de toutes tailles au volontarisme de Vincent Peillon a des motifs financiers sérieux. Nous sommes dans une période de vaches maigres. Quant aux familles, elles sont dérangées dans l'organisation de leur vie professionnelle et familiale, et elles trainet les pieds, n'osant pas dire franchement non, mais ne disant pas oui. Le mieux serait de faire l'essai d'une semaine de quatre jours avec un programme allégé, concentré sur les fondamentaux, une réduction de quinze à dix jours des vacances d'hiver et de printemps, à une semaine celles de la Toussaint ,et ne pas toucher aux vacances d'été. Cette programmation est nécessaire aux professions du loisir. Mais le choix de la pédagogie pourrait être moins rigide, adapté aux besoins des enfants, à l'état de leur base culturelle, acquise dans leur famille.
Sceptique