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Sceptique
5 mars 2013

DRÔLE DE FRANCE!

Si notre presse écrite est réservée, ou plutôt discrète, nos journaux télévisés consacrent tous au moins un chapitre, voire les trois-quarts de leur temps d'antenne, à l'événement du mois, la démission du Pape Benoît XVI, et  l'attente anxieuse de son successeur. Leurs écrans sont pleins de monsignori à calotte rouge qui vont et viennent dans les rues de Rome, et dès qu'un visage d'un prélat français est reconnu, il est invité à une déclaration. Comme aucun d'eux ne semble avoir de chances d'être élu, leur liberté de parole est plus grande. Mais ils prennent leur responsabilité au sérieux.

Il n'empêche, cet engouement contraste étrangement avec la situation réelle. Notre laïcité, rappelée à tout bout de champ, et l'affaiblissement de la pratique de la religion catholique, en France, après quelques siècles de prééminence. Dans nos campagnes, la plupart des églises sont fermées. Il ne s'y pratique plus que des enterrements, surtout, et de rares mariages. Débordés, les quelques prêtres, de tous âges, en fonction, ont sur les bras des paroisses par dizaines. Les offices dont je parle sont le plus souvent assurés par des laïques...pieuses. C'est à se demander pourquoi l'Église préfère les hommes?

Il semblerait, cependant, que cette fonte de la pratique ne correspond pas à un effacement de toute trace de croyance...ou de nostalgie. Les obsèques civiles sont, à la campagne en tout cas, tout à fait exceptionnelles. Le rite religieux assuré par la famille fait figure d'assurance- élernité.

Le doute, et le sentiment de culpabilité, peut-être, aussi, de fragilité, qui l'accompagnent, pourraient expliquer le malaise et la peur qu'inspirent la piété, et ses manifestations ostensibles, des musulmans. S'ils venaient à devenir plus nombreux, au fil des années, ils pourraient nous contraindre à une conversion, ou la faire paraître comme opportune. Les discours des quelques radicaux qui en rajoutent des louches contribuent à entretenir le frisson.

En existe-il qui rêvent tout haut d'une église catholique qui se rallierait complètement à la modernité, et désacraliserait tout, à commencer par elle même? Qui cautionnerait toutes nos revendications individualistes, toutes nos demandes d'approbation officielle? C'est une position parfois exprimée par des athées accomplis.

Je préfère celle, pleine d'humour, et en même temps rigoureusement logique, de "Mademoiselle" Solange Bied-Charreton*, qui aboutit à la conclusion, en opposition à sa propre libre-pensée, qu'elle préfèrerait voir succéder à Benoît XVI un pape aussi "ringard", si ne n'est davantage, que le pape sortant. Un pape auquel elle pourrait s'opposer, se faire les griffes sur sa soutane. Un anti-portrait de sa génération.

"L'ennui naquit un jour de l'uniformité". Est-ce ce qu'elle redoute? Si, oui, elle a raison.

 Sceptique

*Le "Monde du 3/4 Mars 2013, p.16 (et, oui!), Débats.

 

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Commentaires
S
La connaissance scientifique n'oblige pas à l'athéisme, mais elle rend plus difficilement soutenable en soi-même un processus de création à partir d'un néant. Aucun phénomène naturel, même celui de la vie, n'est incompatible avec les lois de la matière, et l'auto-organisation qui en résulte. Vous évoquez le "dessein intelligent" qui rend compatible la "réussite" de la création de la nature, et le "ratage", par échappement itératif, de celle de l'homme. Je pense que le ratage de l'homme n'est qu'une puissance x d'une nature vivante qui n'a pas du trouver souvent les conditions indispensables pour apparaitre et évoluer, toujours sous la pression du milieu.<br /> <br /> "On"sait qu'elle disparaitra inexorablement à un stade encore très lointain du vieillissement du système solaire, où elle n'existe que sur notre terre (dans l'état actuel de nos connaissances!).
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P
Même les scientifiques réfléchissent sur l'existence de Dieu dans ce XXIe siècle alors que la science réalise des prouesses.<br /> <br /> Il ne s'agit pas de "s'échapper" de la mort- la mort faisant partie du processus de la vie- mais de s'interroger sur l'origine de l'univers. On ne peut échapper à toutes interrogations. J'aime en particulier celle-ci, d'un ancien directeur à la Nasa:<br /> <br /> « On ne peut être confronté à la loi et à l'ordre de l'univers sans conclure qu'il doit exister une conception et un but derrière tout ça... Plus nous comprenons les complexités de l'univers et ses rouages, plus nous avons des raisons de nous étonner de la conception inhérente qui le sous-tend... Etre forcé de ne croire qu'en une seule conclusion - que tout dans l'univers soit apparu par le fait du hasard - violerait l'objectivité de la science elle-même... Quel processus aléatoire pourrait produire le cerveau d'un homme ou le système de l'oeil humain ?... »
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S
Est-ce que ce n'est pas au nom du sacré que notre société à résisté à la contraception, à l'IVG, aux traitements palliatifs, et encore aujourd'hui, à l'euthanasie demandée? C'est aussi, au nom du sacré, qu'elle n'a accepté que du bout des lèvres le mariage pour tous, une idiotie, certes, mais ne heurtant que la raison, pas un réel sacré.<br /> <br /> La pensée humaine peut se saisir de la mort comme "réel", échappant à une "réelle" connaissance. Apporter une réponse, non vérifiable mais consolante, a été la première tâche des religions. La raison est contrainte c'accepter son impuissance. La sacralisation de la nature, qui ne nous rend pas la pareille, est elle une solution de remplacement? En quoi la sacralisation décidée par l'homme, serait elle plus fondée que la sacralisation au nom d'une exigence divine? <br /> <br /> P.S. J'apprécie beaucoup vos questions, et j'ai le même plaisir à vous répondre.
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S
Vous touchez là au coeur de ma réflexion. Étant résolument "moniste", le dualisme corps-esprit n'est qu'une illusion construite par nos sens. À quoi s'ajoute l'impossibilité de se penser mort. D'où la conception d'une âme immortelle, soit restant isolée, transportant notre "être" dans l'au delà, avec ceux des autres....méritants, soit faisant rejoindre à cet être un "grand tout", réserve éternelle de....futures âmes, pour certaines croyances. À partir de ces prémices, la spiritualité n'est qu'exaltation psychique, jusqu'à la transe, ou les états crépusculaires.<br /> <br /> La laïcité s'impose le respect des religions et des philosophies. En même temps, il y a une séparation entre la pensée laïque, autonome, et la pensée religieuse, prenant en compte 'une source hétéronome, qui détermine une Vérité et une Erreur. <br /> <br /> Je considère le détournement du sacré, majoritaire dans la pensée commune, comme positive, tant qu'elle n'est pas remplacée par une idéologie, qui sacralise ses fondements, ou par une utopie. Mais que cette évolution s'accompagne d'une nostalgie du prêt-à-penser, et d'une fascination pour ceux qui croient, ne m'étonne pas. Comme disait Freud, les névroses collectives permettent de faire l'économie d'une névrose individuelle.
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P
Le sacré est inhérent à l'homme, depuis l'aube des temps; même si l'on vit dans une époque désacralisée. <br /> <br /> La laïcité n'empêche pas (au contraire) une liberté philosophique ou religieuse. D'où peut-être la difficulté de l'Eglise de trouver sa place dans notre monde dit moderne.<br /> <br /> " Le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas ", cette phrase attribuée à Malraux, plus que jamais d'actualité, a au moins le mérite de nous interroger sur notre avenir. Mais il me semble que cet avenir là ne préoccupe plus guère les hommes d'aujourd'hui bien trop absorbés par l'immédiateté des choses. Que sont devenus les philosophes ?
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Sceptique
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