LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE EST-IL UN "MACHIN"?
C’est la convergence d’informations et de paroles très diverses et non synchrones qui m’inspire cette réflexion.
Il y a cette intervention, annoncée pour ce soir Jeudi 28 Mars 2013, du Président de la République François Hollande, élu il y a presque un an, et tombé depuis à 27% de satisfaits ! Son élection avait réuni un peu plus de 51% des français, plus lui même, dans une croyance commune aux miracles. Lui s’accroche encore, ou fait semblant. La moitié de ses convertis n’y croit plus. C’est en raison de la haute probabilité de ce revirement prématuré que le mandat du Président et de sa majorité a été fixé à cinq ans.
Il y a ce retour sur la scène publique du prédécesseur de François Hollande, Nicolas Sarkozy, d’abord sous la forme d’une mise en examen par un juge d’instruction, pour « soupçon d’abus de faiblesse », aux dépens de Madame Liliane Bettencourt, à l’occasion de sa campagne présidentielle, en 2007, puis d’un voyage éclair à Bruxelles, où il est allé remettre à un amical Ministre belge, une Légion d’Honneur qu’il avait lui-même attribuée pendant son passage au pouvoir présidentiel. Nicolas Sarkozy a mis à profit ce temps très restreint pour décocher quelques flèches vers son successeur, et faire une allusion très météorologique (d’actualité) à ses ennuis judiciaires.
Il y a eu, ces dernières heures, sur la chaine parlementaire, la Nième* rediffusion de l’entretien avec Daniel Cohn-Bendit de l’émission « Déshabillons-les ». Daniel Cohn-Bendit a fait le choix, pour se définir comme homme politique, de privilégier sa capacité à la passion la plus outrancière, la plus chaude, la plus insolente, au lieu d’une raison qui ne peut qu’avoir la froideur de l’ingénieur ou du chirurgien. Son pragmatisme, il le réserve à des responsabilités non spectaculaires, à sa vie de famille. « On » assiste à une séance du Parlement Européen à l’occasion de laquelle Daniel Cohn-Bendit interpelle vertement le Président Nicolas Sarkozy pour sa participation, indigne**, à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin. La réplique du Président Sarkozy, c’est la révélation de la courtoisie et de la cordialité chaleureuse dont le député européen est capable à l’occasion de rencontres privées. L’intéressé reçoit, impavide, le « diagnostic » du président Sarkozy. Autrement dit, en séance publique, Danny fait son cinéma….en disant la vraie vérité, non diplomatique !
Enfin, c’est ce que rapporte Bruno Lemaire, ancien ministre du gouvernement de François Fillon, dans son livre « Jours de Pouvoir ». Il a participé à un dialogue avec le journaliste Olivier Todd. Ce dernier a traité la fonction de Président de la République de « machin », terme méprisant utilisé par Charles De Gaulle pour désigner l’ONU. Et Bruno Lemaire s’est vu reprocher par l’entourage de Nicolas Sarkozy de ne pas avoir sauté sur le journaliste pour ce propos reçu comme injurieux.
La vérité sort parfois de la bouche des méchants. Oui, il résulte de son mode de désignation par un suffrage universel et direct à deux tours, que le poste est un « machin », car l’élection n’ouvre pas que des droits au pouvoir. Elle crée des devoirs, non explicites, d’ajustement à la réalité, disqualifiant à l’avance toute politique ne prenant en compte que les intérêts de la majorité qui a fait l’élection. Si « l’équation personnelle » de l’élu, et le camp politique auquel il appartient, sont deux piliers de la fonction, le troisième garantissant la stabilité de l’ensemble, contraint de rendre un service de cinq ans, n’est fait que de « raison pure », ne souffrant aucune légèreté d’interprétation. Il faut admettre que les incantations en direction des partisans, dont le moral est ébranlé, ne doivent être que des boniments !
Ce n’est pas l’homme qui ment, mais la fonction.
Sceptique
*Le personnage est fascinant, et l'émission en question doit être régulièrement re-demandée.
**DCB se livre à cette occasion à une vigoureuse attaque contre les régimes communistes.
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