AFFAIRE CAHUZAC: "IL FAUT RAISON GARDER", SIFFLER LA FIN DE LA PARTIE.
Les hommes, et les femmes*, politiques, ne sont pas des "flics", ou des juges d'instruction. Ce sont des gens que lient une communauté idéologique, nuancée, de préférence, et des relations d'amitié, ou de rivalité...à l'intérieur d'une majorité, ou d'une opposition.
Tout le monde politique, réuni, lève les bras au ciel après l'aveu par Jérôme Cahuzac, ex-ministre du Budget, de la possession d'un compte à Singapour, transféré de Suisse aux environs de 2006. De l'argent gagné pendant ses années d'activité de chirurgie esthétique, et de bons conseils aux laboratoires pharmaceutiques. Pour reprendre la formule populaire, Jérôme Cahuzac avait le coeur à gauche (c'est la participation à l'activité de Claude Évin, ancien ministre de la Santé socialiste, sévère censeur des médecins libéraux, qui l'avait mis en contact de laboratoires pharmaceutiques. Les pouvoirs de séduction étaient réciproques.), et le portefeuille à droite. À partir d'un certain niveau de revenu, et donc d'imposition, le portefeuille se révolte contre les débordements du coeur. Le clivage, avec ignorance réciproque de ce que fait chaque main, est indispensable à la paix intérieure.
Jérôme Cahuzac a peut-être été sincère un long moment, quand il a juré qu'il n'avait jamais eu de compte à l'étranger. Sa conviction le plaçait dans le camp des victimes de la calomnie. À l'Élysée, à Matignon, ou à Bercy, "on" ne pratique pas le "troisième degré", ou le sérum de vérité.
Le dénouement de la tragédie a été à la hauteur de nos grands auteurs classiques**. Mais maintenant, laissons tomber le rideau, et gagnons la sortie.
Si le Ministre déchu tient parole, rapatrie son magot, et le dépose aux pieds de son Ministre des Finances, celui-ci aura de quoi payer quelques minutes de fonctionnement de notre cher pays. Sinon, comme il n'est pas inscrit à l'actif*** du budget, le navire France n'aura pas la moindre vibration, comme s'il frappait une grosse vague, ou plongeait dans un creux.
Cette affaire ne doit être que la fin de la carrière politique de Jérôme Cahuzac, un point, c'est tout. Les gesticulations des opposants de droite et de gauche font partie de l'épilogue de la pièce, plus grave, et plus violente, cette année.
Un "accident" de personne ne doit pas mettre en panne le pays tout entier. Il faut se dire que tout français se trouvant dans la situation financière du coupable aurait été tenté de faire le même péché. C'est l'occasion qui a fait le larron. Des millions de français font ce rêve chaque semaine, parfois plusieurs fois, pour une parcelle de bonheur de notre grand argentier. Ils se disent tous, "si ça m'arrive, je fais comment pour me cacher?"
Je sais qu'on va me reprocher mon indulgence pour la faiblesse humaine. Les rapports entre les français et le fisc sont mauvais depuis des siècles. Ils sont pétris de contradictions. Les français attendent tout de l'État, mais ne sont pas généreux à son égard. Le dit État avait pris de très mauvaises habitudes au Grand Siècle, qui a laissé de très mauvais souvenirs. De part et d'autre, le peuple français et l'État français partagent une même méfiance, et une même exigence, réciproques. Le concept de République, cher à notre président, a laissé les sentiments en l'état, car le sens du mot n'est pas le même pour chaque partie!
Sceptique
*Il n'échappe à personne que ce genre de problème met rarement en cause des femmes politiques.
**Corneille et Racine. Personne n'a envie (aujourd'hui) d'en rire.
***Il me semble que pour ce délit lui-même, il y a prescription. Ce sont les parjures du parlementaire qui sont condamnables.