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Sceptique
9 mai 2013

LES SÉQUESTRÉES DE CLEVELAND

Un histoire comme celle-là, succédant à d'autres, au dénouement aussi surprenant, redonne de l'espoir à tous les parents, victimes d'une épidémie d'enlèvements d'enfants, de filles, le plus souvent, disparus sans laisser de traces. Ils se disent, ces pauvres parents, que la condition d'esclave sexuelle est préférable à l'exécution sommaire, que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.

L'histoire de l'humanité témoigne d'une réalité triviale, le statut fragile des femmes, point faible des familles et des sociétés, qui sont seules à leur reconnaitre, à l'intérieur d'elles-mêmes, un statut, une valeur. Sitôt séparées de leur société originaire, elles ne sont plus rien. Que des objets. Parfois précieux, si elles ont la chance d'être belles. Sinon, elles sont toujours utiles comme servantes. 

Quant aux hommes, d'abord massacrés quand ils étaient vaincus, leur valeur ouvrière leur assura finalement quelques années de survie. Leur renouvellement était assuré par de nouvelles batailles.

Cette pratique fut progressivement expurgée de l'humanité, sommée de la reconnaître comme un crime contre elle-même. Il avait quand même fallu attendre que tous les hommes se reconnaissent mutuellement comme membres à part entière de l'humanité. Ce ne fut pas tout de suite évident. La couleur de la peau, la religion, les moeurs, étaient jugés à l'aune des vainqueurs. La dernière question fut celle de l'extension aux femmes des droits de l'homme. Dans l'esprit de chaque homme, il y a un doute. Ou un regret. Leur exclusion comportait des avantages.

Les hommes défendant plus vigoureusement leur famille que tout autre objet, la situation de la possession d'une femme, sans avoir à en rendre compte à son donateur, son père, devint très exceptionnelle, réservée aux guerriers lâchés dans la nature. Avec les conventions de toutes sortes qui lièrent les sociétés humaines, même en état de guerre, le viol des femmes se fit exceptionnel, et risqué. Et la libération, corps et esprits, des femmes, se faisant plus généreuses, ou plus curieuses, ou moins chichiteuses, pouvait laisser prévoir la fin des violences masculines. Il n'en fut rien. Certains hommes, pas mal, même, se sentirent frustrés par l'abandon de leur supériorité physique sur la gent féminine. La mode du débridement des fantasmes dans la littérature, le cinéma, réveilla quelques vocations. Car, de plus, le recours obligatoire à la séduction respectueuse, courtoise, et...coûteuse,  amplifia les inégalités entre les hommes sur ce terrain. Le raccourci de la violence apparut comme la solution des timides et des complexés, toujours perdants dans la compétition. Le "à chacun sa chacune", prévisible par la démographie équilibrée à une certaine échelle, c'était bien fini. Une polygamie, de fait, pratiquée par les mâles les plus avantagés, réduisit, "ipso facto", les chances des autres.

Capturer une femme, la séquestrer pour en jouir tout à son aise, sans demander l'autorisation de personne, nécessitait une organisation qui n'était pas à la portée de tout un chacun. Ce qui a fait la rareté et l'insoupçonnabilité de la pratique. Facilitée, cependant, d'un autre côté, par le progrès de l'individualisation et de l'indifférence entre voisins.

Quelles solutions peut élaborer une société pour lutter plus efficacement contre cette forme de violence masculine? D'abord, à la source, ne jamais abandonner la recherche d'enfants disparus, possiblement enlevés. Après l'effet de surprise, et d'incrédulité, au début de l'épidémie* de ce type de faits, l'efficacité, et la ténacité, des policiers ont déjà fait baisser le nombre d'affaires non élucidées, et souvent libéré les enfants capturés quelques heures après leur enlèvement. Il y a aussi un effort à faire, contre la pudeur, le refus d'y penser, sur l'information des enfants, leur réflexion sur cette éventualité, la maitrise de leur peur, et l'utilisation de tous les moyens de donner l'alerte. Un enlèvement, une séquestration, un viol, sont des "abus de faiblesse". Il faut essayer d'agir, préventivement, sur la variable "faiblesse".

Sceptique

*La médiatisation de ces affaires commence, dans un premier temps, par "donner des idées" à ceux qui peuvent se reconnaitre comme frustrés, victimes des limites posées par la société.

 

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Commentaires
P
Votre remarque sur les sociétés humaines me semble juste. Le père de mon ami s'est trouvé entre deux eaux. <br /> <br /> Il tirait une certaine autorité de son puritanisme, mais "il n'a pas pu resister à la tentation" et il a mené une double vie dont il n'a pas été très fier ses derniers jours.<br /> <br /> <br /> <br /> Ce serait long de dire tout ce que cela a impliqué dans nos vies à cette époque.
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P
Ce qui m'a dérangé de ce qu'i a fait ce fut pour son attitude quotidienne.<br /> <br /> <br /> <br /> C'était un catholique blanc, hautain, conservateur et très patriote. Il jugeait tout d'un oeil severe comme le paragon de la vertu qu'il prétendait être. <br /> <br /> <br /> <br /> Nos affrontements verbaux ont été nombreux. Il nous jetait à la figure la dégénérescence de notre classe d'âge. Moi il m'agaçait. Mes parents le regardaient avec une certaine distance (ils n'ont pas de religion) Il a rendu la vie de son fils difficile allant jusqu'à payer quelqu'un pour qu'il séduise une fille qui sortait avec lui (je l'ai su mais je n'ai jamais osé le dire à mon copain). La fille n'était pas assez bien (origine indienne). Il n'avait, peut être, pas tort, mais . . . quand même ! Grâce à cela son fils s'est marié avec une autre bien pire mais qui présentait mieux (blanche).<br /> <br /> <br /> <br /> Je n'était pas sur place lors de son dernier mois. Je n'aurais rien dit mais je l'aurais regardé très fixement. Mon ami me dit qu'il n'avait pas l'aire très fièr ses derniers jours, il s'est occupé de lui (comme médecin) payé une fortune en soins et supporté des demi-frères qui lorgnaient sur tout ce que sa mère avait. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce n'est pas le fait qu'il ait eu une autre famille qui me gêne. C'est le personnage et le contexte.
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S
En quoi vous a-t-il berné (ou bernée), personnellement? Il a berné sa famille, qui n'a pas souffert pendant toute la durée du secret. Les sociétés humaines ont comme une respiration faisant alterner le puritanisme et le libertinage. La souffrance à cause de l'un pousse à en guérir par l'autre. Il y a incompatibilité entre les demandes humaines et la nature du même nom. <br /> <br /> Ça me rappelle un dessin de Sempé: un prêtre et un psychanalyste sont devant leur portes, voisines. Ils voient arriver vers eux un homme semblant accablé. Le prêtre di au psychanalyste:"s'il a péché, il est pour moi. S'il n'arrive pas à pécher, il est pour vous!"
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P
Le père de l'un de mes amis d'enfance avait une deuxième famille. Nous l'avons appris (mon ami, sa famille et la mienne) lors de son dernier mois de vie alors qu'il avait plus de 80 ans et on le connaissait depuis plus de 40 ans.<br /> <br /> <br /> <br /> Aujourd'hui encore je me rends compte jusqu'à quel point ses absences nous semblaient justifiées et combien nous étions confiants de cette vie chargée de travail qu'il nous racontait. <br /> <br /> <br /> <br /> Son côté bon catholique aurait du nous pousser à nous méfier (les bigots ont toujours un sens moral double) Mais rien a fait et il nous a berné jusqu'à sa mort.
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S
Les informations sur cette abominable affaire continuent de pleuvoir, et mettent l'accent sur les carences de la police et des services sociaux. Comme partout, l'acharnement de la police est un facteur essentiel de l'élucidation. La pression exercée sur elle par les pouvoirs publics est également efficace. Si l'essentiel de l'action est entre les mains de de ces pouvoirs, l'information des éventuelles victimes, par les parents, ne peut être inutile.
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Sceptique
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