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Sceptique
21 mai 2013

LES URGENCES, OU L'ASYMPTOTE.

Que mes lecteurs me pardonnent l'usage de ce terme mathématique, qui décrit une fonction tendant vers une valeur, mais ne pouvant y parvenir. Je n'ai pas trouvé d'autre mot, décrivant une réalité comme celle des urgences, sans jugement moral.

Les urgences ont toujours existé en médecine, mais pendant longtemps, les chances de faire quelque chose d'utile ont été si faibles qu'une organisation à l'échelle d'une ville ou d'un territoire plus important ne s'imposait pas. C'est le progrès de l'anesthésie-réanimation, passant paradoxalement par le blocage des réactions d'un organisme frappé par une lésion potentiellement mortelle, qui a fait apparaitre comme utile, une organisation méthodique de cette nouvelle forme de médecine. Le SAMU a été inventé par une patron d'anesthésie-réanimation, le Professeur Lareng, de Toulouse. Il ne s'agissait, à l'époque, que d'une ambulance bien équipée, avec son personnel infirmier et son anesthésiste-réanimateur, qui se rendait sur le lieu d'un accident ou au domicile du malade, pour les premiers soins, plus particulièrement le "déchoquage", réduisant les risques du transport.

Le succès de la méthode faisant brusquement monter le niveau de la demande, la solution a été de créer, en annexe des hôpitaux des services d'urgence, accueillant nuit et jour les urgences de toutes sortes, en en faisant le tri, en faisant tous les examens nécessaires au diagnostic, en entreprenant tous les soins nécessaires. La formule a été rapidement débordée, tant par les habitants du voisinage, en première intention, que par les équipes de Police-Secours et des Pompiers. Les chutes sur la voie publique, les états d'ivresse, ont rapidement pris une place démesurée dans le flot d'urgences déversé. Quel que soit son cas, le malade, s'il est conscient, est questionné, examiné, soigné. Le tout, si c'est nécessaire, sur un brancard confortable, qui permettra de le transporter de service  en service, de laboratoire en laboratoire, jusqu'à la salle d'opération,éventuellement. La nécessité d'une hospitalisation est examinée. En attendant sa possibilité, le patient reste sur son brancard, sous la surveillance de l'équipe de garde.

L'incertitude qui accompagne tout malaise, toute douleur interne, tout trouble de la conscience, a fait du recours aux urgences la solution unique pour tous les témoins, profanes, de ces phénomènes. Les moyens existant, le fatalisme d'entan a disparu. Les Urgences sont LA solution. Son "embouteillage", le surmenage de ses soignants, l'incompréhension des familles ou des patients, sont des motifs de conflits et de stress. Parfois de violences réelles. Les médias, la presse professionnelle, les pétitions des syndicats, s'en font périodiquement l'écho.

Les représentants syndicaux des personnels hospitaliers affectés aux urgences mettent volontiers en cause les médecins libéraux exerçant dans le périmètre affecté à un service d'urgences. "Ils" ne participeraient plus à la continuité des soins, ils se défausseraient systématiquement, en cas d'appel pour une urgence, sur le service public, afin de ne pas interrompre, pour un temps indéterminé, leur consultation en cours.

C'est exact. Mais les conditions d'exercice dans les villes ont changé. La circulation automobile et le stationnement sont devenus difficiles. La profession médicale n'a plus aucun privilège sur ce point. Au contraire, les exemples d'une sévérité à la limite d'un parti-pris pervers ont été signalés. Le rayon d'action et la célérité d'un médecin se déplaçant à pied sont trop limités.

La mise sur pied d'un service d'urgence est devenue très exigeante. Il faudrait, entre autres, un spécialiste de chaque spécialité en astreinte ou de garde, chaque jour, chaque nuit. Trois équipes complètes de manipulateurs et de laborantins, pour les examens complémentaires.

Je ne vois qu'une solution: le renforcement de l'équipe médicale d'accueil, rendant possible l'évaluation en équipe de la gravité réelle de l'urgence, la prescription du traitement nécessaire pour une à deux journées, et l'information du médecin traitant, de l'événement, et des résultats des examens. Le tri initial joue le principal rôle dans l'encombrement des urgences. Il est possible qu'elles soient considérées comme une offre de soins disponible en permanence et gratuite. Mais cet abus ne peut être jugé et sanctionné comme il le serait dans l'armée. 

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