MINISTRES CHATOUILLEUX ET FRUSTRÉS.
À quelques exceptions près, les ministres (des deux sexes) du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, sont des "bleus", manifestement ravis, et surpris par leur nomination. Ils et elles ont du se dire:"Je suis ministre, et maintenant,qu'est-ce-que je fais pour qu'on s'en aperçoive? Il faut que j'existe, que je voie dans les yeux des autres que je suis ministre.
Et, pour exister, pour beaucoup de monde , il faut faire chier.
Notre Ministre de la Santé, premier exemple, n'avait peut-être mesuré à quel point elle tenait dans son poing serré un bon nombre de citoyens et de citoyennes, les fumeurs. Elle avait hérité du problème. Son prédécesseur*, au moment de la transmission, lui avait dit:"vous serrez là, fermement."
Mais tout au long de l'année "politique", du début Mai 2012 à celui de Mai 2013, s'est développé un mouvement rebelle s'affranchissant de la tutelle du Ministère de la Santé, les fumeurs de cigarettes "électroniques", une sorte de mini-narguilé diffusant une vapeur chargée d'un arôme agréable, et contenant un peu de nicotine pour ses effets psychotropes. De nombreuses études sur ces "cigarettes" ont conclu à une nocivité infiniment plus faible que les vraies cigarettes, et à leur effet facilitant du sevrage total.Il n'est pas établi que leur choix en première attention incite à passer aux vraies cigarettes.
C'est donc un usage qui ne devrait pas alarmer la Ministre de la santé. Mais elle donne l'impression que cette pratique la nargue, lui renvoie une inutilité. Cette forme de désobéissance citoyenne n'est pas plus supportable qu'une autre, et la Ministre a donc décidé de lui imposer les mêmes restrictons qu'au vrai tabac. Avant, et après 18 ans, on reste "sanitairement" un mineur. Admettons que tout être humain "normal" a, jusqu'à un âge avancé,des plaisirs que le Docteur Knock condamnerait.
À quelques centaines de mètres, une autre novice veut faire le ménage dans ce qui dépend de son autorité. Un Ministre de Nicolas Sarkozy y a déposé son étron, le statut des auto-entrepreneurs. Cette invention permettait aux chômeurs refusant l'oisiveté et la dépendance, de créer sans presque de capitaux, et sans les formalités aussi dissuasives qu'habituelles, une auto-entreprise de services, avec peu de contraintes comptables, dispensées de toute fiscalité tant qu'elle n'ont pas dépassé un plafond de revenu laissé à l'auto-entrepreneur. Aucun délai n'était fixé pour atteindre ce minimum.
Ce dispositf a toujours beaucoup de succès, parait-il. Je me suis aperçu que dans le domaine qui pouvait m'intéresser, le conseil en informatique, de nombreuses auto-entreprises avaient rapidement disparu. Il est dit que ceux qui offrent leurs services dans le bâtiment font une concurrence déloyale aux artisans patentés. Je n'ai jamais reçu d'offre de ce type.
J'en arrive donc à conclure qu'il y a beaucoup d'appelés, et peu d'élus.
Mais là encore, la Ministre est irritée, à double titre**, par l'existence de cette nébuleuse, qui n'a dû son salut il y a un an, que par le chemin direct et certain vers pôle emploi des personnes concernées. La ministre voudrait marquer son autorité sans se faire engeuler par Michel Sapin, un ancien, lui. Elle a donc inventé que le statut ne pourrait durer plus de deux ans. Tant il est vrai qu'un fonctionnaire recruté est titulaire avant ce délai. Alors, pourquoi pas les entrepreneurs, auto, ou non?
Ces gens, qui ont pris goût à leur entreprise, qui ne sont pas encore découragés de vivre, chichement et sans sécurité, de leur compétence, protestent contre cette envie de les persécuter qui démange leur Ministre. Ils crient haut et fort leur colère. Il vaut mieux, d'ailleurs qu'ils en rajoutent, car les médias leur font écho.
On critique les corses et les marseillais pour leurs règlements de comptes, qui font pourtant faire des économies à la police et à l'administration pénitentiaire. Mais ceux qui montrent le bout de leur nez, ou bien davantage, depuis un an, puent la haine.
Sceptique
*Roselyne Bachelot, une femme, aussi. Mais y-a-t-il un féminin, d'usage courant, de "prédécesseur?
**Celui d'un parti aux réflexes dirigistes, celui d'un legs de l'ennemi.