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Sceptique
2 juin 2013

UNE CIVILISATION BÂTIE SUR DU SABLE?

C'est tout à fait par hasard que j'ai pu voir un reportage de la chaine Arte, consacré aux problèmes posés par les besoins insatiables de sable d'une civilisation devenue mondiale, construisant ses infrastructures et ses villes avec du béton. À quoi bon un reportage, de nos jours, si le but n'est pas d'affoler l'homme moderne vautré avec insouciance dans les plaisirs de la société de consommation?

Ce dernier était conforme au genre, mais le problème est effectivement sérieux.

En deux siècles, la révolution industrielle partie de l'Europe occidentale et des États-Unis a gagné le monde entier. Nous avons contribué à cette diffusion dès le 19ème siècle en conquérant ce monde, profitant de notre rapport de forces très favorable. Pour certains conquérants, il s'agissait de se réserver des ressources naturelles et un marché pour les produits de l'industrie nationale. Quelques uns ont ajouté le noble projet de diffuser le savoir qui avait abouti à notre réussite, aux populations placées sous notre administration directe, pour notre commodité.

Si la possession et l'administration directe des territoires conquis ont complètement reflué, à quelques exceptions près, le modèle de civilisation, technique et matériel, qui l'avait permise, a été totalement adopté. Les rancunes, parfois tenaces, parce que politiquement utiles, n'englobent pas les éléments "incontournables" hérités de l'Occident, l'acier, l'électricité, la bagnole et son carburant, le béton, symbole de la solidité.

La mondialisation de ce besoin créé de toutes pièces par notre civilisation est considérée comme une boite de Pandore par nos propres penseurs, désespérés par l'approche de la limite des ressources diverses de la planète. En même temps, comment interdire aux humains peuplant le monde, en supposant que nous en ayons les moyens politiques et militaires, d'aspirer à notre bien-être et à ce qui le permet?  

Le béton a besoin de sable, une de ses matières premières. La folie mondiale du béton, faisant la solidité des immeubles, permettant une compétition vaniteuse de leur hauteur, la solidité des ouvrages d'art qui supportent les voies de chemin de fer, ou les autoroutes, a fait de ce "fluide" minéral, produit de l'érosion naturelle des roches siliceuses, une matière première profitable, valant la peine d'être extraitee et transportée au bout du monde, pour satisfaire une nouvelle soif.

Alors, partout où il y en a, les hommes, avec de petits moyens, sac par sac, ou avec des gros, s'ils sont organisés en sociétés, parfois mafieuses, prélèvent du sable, pour l'envoyer aux batisseurs du monde. Et ce prélèvement, de ce matériau à la fois solide et fluide, le met en mouvement et provoque des changements importants des côtes, faisant disparaître une autre source de bonheur de l'homme "moderne", la plage!

On entendait presque les sanglots (justifiés)des commentateurs, exposant ce désastre de plages réduites à une bande de quelques mètres, au pied de constructions, qui tombaient comme les premiers rangs des armées d'autrefois, sous l'effet des fusils de l'ennemi. Car la mer profite de la diminution du sable pour aller frapper plus loin, attaquant le socle continental, et ce qu'il supporte. 

Le paradoxe est que, pour satisfaire la demande de cet ingrédient du béton, "on" met à mal un autre trait de la prospérité des hommes, les vacances, les plaisirs de la plage et des bains de mer. La guerre entre ceux qui vivent du tourisme côtier ou de la pêche littorale, et ceux qui font leur beurre avec le sable sucé au large de ces côtes, est déclarée.

Mais c'est une guerre civile! Sans prospérité, pas de vacances (même si c'est le dernier poste sacrifié!). Quelques astuces sont proposées, très amusantes, rappelant les trois petits cochons: construire en bois et en paille comme isolant, fabriquer du sable en broyant finement le verre qui encombre les déchetteries (il est,  jusqu'ici, en grande partie recyclé, sous forme de bouteilles neuves.).

Il y a tellement de problèmes d'environnement posés par la prolifération et l'élévation du niveau de vie de l'humanité, que ce problème là n'est manifestement pas prioritaire. Comme les autres, il suscite des fantasmes malthusiens: empêcher les populations en retard de le rattraper. Attitude vaine et injuste. Tout aussi stupide, celle de nous sacrifier pour donner le bon exemple.

Encore du boulot pour les politiques!

Sceptique

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Commentaires
S
Je n'ai pas des connaissances d'ingénieur en matière de matériaux, mais il me semble que le broyage du verre pour lui faire retrouver une structure granulaire proche du sable naturel doit être très poussé, nécessitant un broyeur puissant. Par contre, son recyclage sous forme de nouvelles bouteilles fait économiser 10% d'énergie par rapport à la fabrication de verre neuf.
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C
Ah oui, les adeptes du "tout va mal" ont trouvé une autre cause, après tant d'autres.<br /> <br /> Et, bien évidemment, Arte a trouvé un nouveau sujet pour dénoncer, fustiger, alarmer, maudire...<br /> <br /> Quand les Occidentaux s'approprient en touristes les plages lointaines et exotiques, on les anathématise. Quand il n'y a plus de plages, on les regrette !<br /> <br /> Cela dit, je suis toujours un peu étonné par la volonté de recycler les milliards de bouteilles que nous consommons. Après tout, s'il faut du sable il n'y a évidemment qu'à pulvériser ces bouteilles, comme vous en parlez (j'avoue que le "raisonnement" est un peu court...)
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S
J' ajoute, au vu de la belle construction de bois qui illustre l'article, que je n'habiterais pas dans une maison de bois. Car quand ça brûle, ça va vite!
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S
Pas obligatoire, mais permis. Pour une fois que ce qui est permis ne deviendra pas obligatoire!
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O
Les plagistes sont désespérés, il ne sera plus obligatoire d'utiliser des matériaux en bois pour certaines constructions nouvelles, c'est anticonstitutionnel...<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.actu-environnement.com/ae/news/bois-construction-QPC-censure-Conseil-constitutionnel-18597.php4
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Sceptique
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