L'AUSTRALIENNE QUI PARLE AVEC UN ACCENT FRANÇAIS.
C'est une histoire qui ne date pas d'hier. Le phénomène serait apparu il y a déjà huit ans, à la suite d'un grave accident avec traumatisme cranien. La phonation était restée altérée, et les spécialistes appelés à confirmer et à expliquer l'anomalie, l'ont définie, comme étant un accent français, et l'ont qualifié de très rare, mais pas inconnu.
Au début de mes études de psychiatrie, de telles observations avaient été signalées, au cours de comas post traumatiques, ou d'auras épileptiques. Le sujet en observation bredouillait des phrases, non pas avec un accent seulement, mais dans une langue étrangère dont il n'avait aucun souvenir, après avoir retrouvé sa conscience. La psychiatrie de l'époque, très convaincue du bien fondé des théories de la psychanalyse, voyait dans ces phénomènes la confirmation des mécanismes de l'oubli et du refoulement, créant l'inconscient.
Il parait certain encore aujourd'hui , que l'usage d'un langage prétendument inconnu, ne peut provenir que d'une expérience réelle de l'usage, même sommaire, d'une langue apprise au cours de la petite enfance. Il n'y a pas de gène spécifique d'une langue; mais une capacité génétique à acquérir un langage.
Dans le cas qui intéresse brusquement les francophones, ce qui se passe chez cette femme doit être vérifié. Ne pourrait-il s'agir, simplement, d'une expression orale altérée par la paralysie de quelques fibres des nerfs craniens qui commandent les organes de la phonation?
Si "l'accent français" n'a pas cette cause, vérifiable par l'examen ORL , il ne peut provenir que du court apprentissage du français suivi en classe primaire, globalement oublié, mais dont l'engrammation est restée suffisante pour redevenir fonctionelle, en secours d'un circuit homologue chargé de contrôler la bonne diction en anglais australien, et, lésé, lui, à l'occasion de l'accident.
Cette rarissime séquelle d'un traumatisme cranien ne vient pas en renfort de la théorie freudienne, ni en celui d'une détermination génétique des langues! Elle rappelle la subordination d'une fonction du langage correcte à un état correct de l'appareil phonatoire et de sa commande par le néo-cortex des hémisphères cérébraux..
Sceptique