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Sceptique
30 juin 2013

NOTRE EUROPE, ENTRE RÊVE, CAUCHEMAR, ET...RÉALITÉ.

Il a été beaucoup question de l'Europe tous ces jours-ci, sur le mode polémique, en France, qui projette sur "Elle" ses difficultés et ses échecs. Une "tête de turc" s'est offerte à notre vindicte, Manuel Barroso, copieusement détesté par notre pouvoir actuel, car porte-parole d'une Commission forcément trop libérale, comme l'est l'Union Européenne dans sa majorité.

Notre droite ne porte pas dans son coeur la Commission de Bruxelles, car elle douche ses prétentions à faire ce qu'elle veut. C'est notre problème depuis le début. Nous projetons notre conflit interne entre Raison et Passion. Comme le rappelait Michel Barnier, notre appartenance à l'Europe est une nécessité, donc du domaine de la Raison. Notre droite politique n'a aucune raison de ne pas rentrer dans le rang quand il y a conflit. Il ne lui reste qu'à maitriser ses réflexes "chauvins".

Notre gauche, actuellement au pouvoir, enrage de s'y sentir isolée, surtout en ce moment, où les pouvoirs européens appartiennent, au pire, au centre droit. Et quand ils ont été "de gauche", c'est à la Social-Démocratie qu'ils se sont identifiés, sans aucune référence au marxisme, ce qui est encore impossible à la gauche française. C'est pour cela que Barroso est honni à la puissance "n"*!

Heureusement, le seul maitre à bord dès qu'il s'agit de politique extérieure, c'est le Président de la République, François Hollande. "Socialiste" en deçà de nos frontières, il est "social-démocrate" au delà. Et il est, "raisonnablement", pro-européen, admettant que l'Union ne soit ni française, ni socialiste.

Ce qui est étrange, et met en cause notre perception collective, c'est que l'Union Européenne fait encore envie. Les états balkaniques issus de l'éclatement de la Yougoslavie toquent à sa porte, font l'effort interne, sûrement douloureux, de préparer l'examen de passage**. Les responsables de l'orgueilleuse Islande se tapotent le menton. Rétrospectivement, ils se disent que l'appartenance à l'Union Européenne leur aurait évité leurs gros ennuis.

Et on reparle aussi, discrètement, de la Turquie. C'est la caricature de Plantu, dans le "Monde", qui a attiré mon attention. Mais, dans ce cas particulier, l'Union Européenne doit être particulièrement circonspecte. Car il y a toujours des critères d'incompatibilité.

Avant la consolidation du pouvoir de l'AKP et de son chef, Recep Tayyip Erdogan, c'était le mode de fonctionnement de la République Turque léguée par Mustapha Kemal qui posait problème à l'Union Européenne. Dans sa sagesse, Atatürk avait confié à son armée et sa magistrature la garde des réformes essentielles qu'il avait imposées à la Turquie, réduite à la péninsule anatolienne, après la guerre de 1914-1918, achevée par la victoire de la coalition franco-anglaise. Dès que le gouvernement turc déviait de la ligne fixée par la Révolution kémaliste, l'armée fomentait un coup d'état, et reprenait le pouvoir pour un temps. C'était inacceptable pour l'Union Européenne, qui a soutenu un affaiblissement de ces contre-pouvoirs. Mais en même temps l'ouverture de la possibilité d'un retour à un partage avec la religion historique, l'islam. L'islam n'est pas incompatible avec le nationalisme turc, mais il l'est avec la modernisation de la société turque, et, surtout, avec la laïcité fondamentale des sociétés européennes***.

L'évolution du pouvoir de Erdogan vers un autoritarisme et un retour offensif des règles sociétales propres à l'islam, outre qu'il provoque une réaction violente de la société citadine laïcisée, l'éloigne des exigences de l'Union Européennes en matière de liberté individuelle. Tout légitime qu'il soit en Turquie, le pouvoir démocratique n'est plus compatible avec les normes de l'Union Européenne. Et ceci, compte non tenu des autres problèmes comme l'occupation d'une moitié de l'île de Chypre, et de la non reconnaissance du pouvoir démocratique de la partie restée grecque....et réciproquement. Et, pour l'opinion française en particulier, le refus de reconnaître le génocide arménien.

Sceptique

* "n" comme "haine"

**En toute discrétion (dans nos médias), la Croatie a rejoint l'U.E. cette nuit.

***L'histoire religieuse de l'Europe est chrétienne dans sa totalité, avec ses variantes catholique, protestante, et orthodoxe. Tout en restant des "groupes de pression", les religions n'ont pratiquement plus d'influence sur la vie politique et sur le fonctionnement des sociétés. Elles ne concernent que les individus.

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