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Sceptique
16 juillet 2013

LA RECHERCHE SUR L'EMBRYON HUMAIN: LES LIMITES D'UN REFUS.

"Et s'il n'en reste qu'un à refuser,  je serai celui-là" . Dans notre pays, les adeptes de ce principe sont plus nombreux et plus déterminés qu'ailleurs. Le récent débat sur le mariage pour tous a contribué à crisper les tenants d'un ordre de la nature, transcendant toutes les convictions, les religieuses et les matérialistes.

La recherche sur l'embryon humain fait l'objet d'une demande des chercheurs en biologie, car les études sur les embryons d'animaux, qui ont fondé l'embryologie, la science du développement d'un être vivant, de sa conception, par fusion d'un gamète mâle et d'un autre, femelle, jusqu'à l'obtention d'un sujet viable, ne suffisent plus aux chercheurs en biologie humaine. Les progrès de la science ont montré que les espèces ont une spécificité biologique, et une "carte d'identité" très précise de chaque individu à l'intérieur d'une espèce. 

Pour rester dans ce champ qui implique des points de vue éthiques et religieux, la carte d'identité génétique d'un individu est strictement individuelle, "par hasard", par l'effet de différences minimes mais multiples, d'un génome à un autre, qui font que nous sommes uniques, à l'intérieur de notre famille, et de notre espèce, cela va de soi. D'où la quasi impossiblité de maintenir en état un organe greffé, même provenant d'un proche, sans un traitement affaiblissant la réaction du système immunitaire, qui s'empresserait de rejeter l'organe étranger. Les risques de cette répression de l'immunité ne sont pas négligeables, et les moyens de l'entretenir, assujettissants, sans tenir compte de leur prix.

Nous savons depuis assez longtemps que ce sont les instabilités de nos gènes qui altèrent le fonctionnement de nos cellules, et sont à l'origine d'une perte de régulation et d'une prolifération anarchique, échappant à l'auto-contrôle cellulaire, le cancer. Nous savons depuis longtemps que nous fabriquons des cancers à tout instant, mais que notre système immunitaire les détecte immédiatement et les détruit. Nos cancers sont le résultat d'un échappement d'une cellule devenue cancéreuse, capable de neutraliser la réaction immunitaire. Son développement à l'intérieur de l'organe dont elle fait partie finira par devenir détectable par son volume ou par la gêne fonctionnelle qu'elle fait subir à l'organe.

Parmi les moyens de la médecine, inventés pour lutter contre le cancer, il y a des substances chimiques qui empoisonnent spécifiquement la division incontrôlée de la cellule. La première manière de les utiliser a consisté à les essayer sur les diverses formes et localisations de cancers, permettant de repérer les plus avantageuses pour tel ou tel type de cancer.

L'affinement de ce tri, et celui de la connaissance très précise du génome du sujet malade, a permis de faire un lien entre chaque sujet et le type de cancer qui l'affecte. On pouvait comprendre pourquoi tel médicament agissait, et un autre, non. Ce qui a ouvert la possibilité d'une prévision d'efficacité et d'un choix du traitement le mieux adapté, en première intention. Le traitement d'un cancer se fait maintenant avec un drone. Le "tapis de bombes", ou le "déluge d'artillerie", c'est fini.

Quand une voie de recherche s'ouvre, ce n'est pas une venelle, mais un boulevard. La recherche sur l'embryon humain fait partie des voies ouvertes par les nouvelles connaissances. Il appartient aux scientifiques de décider ce qui leur est nécessaire. Pas aux philosophes*. Par contre, les politiques ont leur mot à dire, et une lourde responsabilité pèse sur leurs épaules. Or les opposants dogmatiques à la science soufflent aux politiques le choix d'une interdiction pure et simple.

Leur triomphe, en France, n'est pas impossible. L'équivalence du jugement du scientifique et de l'ignorant est devenue un critère de l'égalité républicaine. Les comités scientifiques sont sous le contrôle de fait des non-scientifiques.

Seulement, voilà, la science n'est plus la propriété du monde occidental, et encore moins de la France. Ce qui sera interdit chez nous sera permis ailleurs. Ce qui ne sera pas trouvé chez nous, sera trouvé ailleurs.

S'il est un domaine où l'avis du profane ne peut être juste que par hasard, c'est bien celui de la science. La responsabilité des décideurs sera énorme. D'un côté ils recevront des demandes motivées mais pas forcément de justification simple. De l'autre des vociférations, des passages à l'acte, des annonces apocalyptiques. Prendre une décision négative au nom de la "France seule"....je préfère n'en rien dire avant que ça tombe.

Sceptique

*Billet inspiré par l'opposition violente d'un philosophe, Mr Fabrice Hadjadj, publiée par Le Figaro de ce jour.

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Commentaires
M
C'est vrai que ce qui sera interdit en France sera peut-être autorisé ailleurs. Mais je tremble à la pensée des conséquences. Les recherches seront sûrement mal utilisées.On pourra choisir le sexe et les qualités physiques de son enfant, ce qui sera très pratique pour la parité !!!<br /> <br /> Au sujet du cancer, j'ai toujours crains que les dépistages ne réveillent un cancer latent.
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Sceptique
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