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Sceptique
30 juillet 2013

L'ALTERNANCE, FINALEMENT, C'EST QUOI?

Avec la constitution de la Vème République, De Gaulle a permis la stabilité de l'action gouvernementale, et en même temps, a rendu prévisible le changement du profil de l'histoire politique à court terme, d'orages rapprochés sur un lac, à une marée océanique. L'ampleur des problèmes légués par la IVème République, à commencer par la guerre d'Algérie, a "calmé le jeu" politicien jusqu'aux événements de Mai 1968, où la révolte des étudiants de Nanterre a été le détonateur d'un assaut généralisé d'une opposition frustrée. "Elle" faillit réussir. Un sursaut du gouvernement et du parti gaulliste, faisant descendre à leur tour, dans la rue, une autre foule, soutenant le pouvoir légitime, De Gaulle prononça la dissolution de l'Assemblée Nationale et la convocation à de nouvelles élections législatives. Ce fut un ras-de-marée gaulliste, "une chambre introuvable"*.

Le second tangage a affecté la présidence du centriste Valéry Giscard d'Estaing. La première alternance fut l'accès au pouvoir de François Mitterrand et de son Union de la Gauche.

Si le quinquennat avait été institué dès cette époque, Mitterrand n'aurait pas été réélu en 1986, et Jacques Chirac aurait eu sa première....et sans doute dernière chance. Le point faible de la constitution de la Vème, c'était la rupture de rythme entre la durée de la Présidence, sept ans, et celle de la majorité parlementaire, cinq ans. C'était l'Assemblée Nationale qui encaissait le vote sanction avant le vrai responsable, le Président, et le Président, lui, profitait de l'impopularité récoltée par l'opposition pendant la cohabitation. Si le Président Chirac, élu en 1995, "s'est tapé" cinq ans de cohabitation, c'est de sa faute. Celle d'une dissolution après deux ans de pouvoir....largement suffisants pour plonger dans les sondages.

Et s'il a été élu en 2002, c'est de la faute du Premier Ministre Lionel Jospin, fauteur de bêtises, par angélisme, et pas encore habitué à la cruauté et à l'ingratitude des électeurs.

Nicolas Sarkozy, parti "sur les chapeaux de roue", épuisa sa popularité en se heurtant de plein fouet aux archaïsmes chéris de notre gauche et de ses clients. La même mésaventure se profile pour François Hollande, dont le "plein fouet" est toujours attendu, mais qui a pris le temps, urgent, de malmener les grands principes de la droite, et de remettre en selle le "tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil"....sauf la droite, évidemment. L'alternance en 2017, à moins de miracle, c'est gros comme une valise.

La question qui peut se poser dès maintenant est celle de la fatalité d'une alternance tous les cinq ans, divisée en deux parties inégales, une courte pour casser tout ce qu'ont fait une majorité et un Président sortants, une longue pour la réalisation d'un programme précaire et révocable. Nicolas Sarkozy avait senti que si cinq ans étaient un peu courts, le double serait sûrement insupportable. D'ores et déjà, on peut penser que c'est mal parti pour dix ans. Pourtant, pour certaines réformes, le temps risque de manquer.

Ce qui m'inspire cette réflexion aujourd'hui, c'est l'éditorial de Paul-Henri du Limbert dans le Figaro de ce matin, qui compare l'ardeur de la gauche face à un pouvoir de droite, et la mesure de la droite quand elle est à son tour dans l'opposition.

La droite est sans doute plus soucieuse de son image dans l'histoire. Volontiers bête, elle ne veut pas pousser jusqu'à être conne. "Ce qu'une loi a fait, une autre loi peut le défaire", suggère l'éditorialiste, en constatant l'usage que la gauche fait de ce droit. 

Dans les domaines de l'évolution des sociétés, toujours vers davantage d'individualisme, retirer une liberté accordée n'est pas facile, peut-être même impossible. Il y a des libertés collectives qui manquent, parce que les collectivités se défendent moins bien que certains individus. Jusqu'à maintenant, la droite n'est jamais revenue sur des libertés qu'elle a combattues....parce qu'elles étaient portées par la gauche. 

Alors, défaire, détricoter, abolir, non. Paul-Henri du Limbert énumère les "bombes" qui sortent de l'atelier de François Fillon, candidat à la candidature pour 2017: suppression de l'ISF, des 35 heures, du principe de précaution, retraite à 65 ans, uniforme pour les élèves du primaire et du collège. En un an de réflexion, c'est pas mal!

Sceptique

*Profondément vexé par ce qu'on lui avait fait, voyant ses ennemis à l'abri dans le cadre sans risques du Sénat, le Général De Gaulle ne put s'empêcher de "tenter le diable". Il organisa un référendum sur le sujet de la réforme du Sénat. Il le perdit et se retira sur le champ, laissant la France ingrate se débrouiller sans lui. Il fallut bien.

 

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