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Sceptique
2 octobre 2013

SYRIE: L'OMBRE D'UN DOUTE.

Les nations démocratiques avaient franchement choisi leur camp, défini les coupables et les victimes. Les "printemps arabes", qui ont éclaté successivement en Tunisie, en Égypte, en Libye, ont été salués comme des libérations des tutelles de dictateurs impitoyables, cupides, accapareurs.

Mais remplacés par d'autres, formés dans leurs prisons, souvent, et tout autant soucieux de tenir les esprits par la force, ils ont semé le doute chez leurs protecteurs. 

Oubliant les soubresauts traversés par les pays européens au cours de leur marche vers la démocratie, ils se sont vite demandés si les pays arabes étaient aptes à de doter d'une authentique démocratie, sans passer par une guerre civile.

Ils n'ont pas pensé différemment quand la Syrie est entrée à son tour dans l'agitation, les manifestations populaires, les appels à la démission lancés vers Bachar El Assad, héritier de son dictateur de père, Hafez El Assad. A priori, comme héritier, il devait être moins solide.

Mais malgré diverses défections de politiques et de militaires, Bachar El Assad a opté pour la manière forte, la défense de son pouvoir, du coeur politique et démographique de son pays, Damas. Il dispose de l'essentiel de son armée, et d'un allié de poids, la Russie, et son Président, héritier tout à la fois de Staline et des tsars les plus autoritaires. L'allié fournira sans lésiner les armes, les munitions, et la protection diplomatique.

Cette situation semblait bloquée, aucun des camps en présence ne prenant un avantage décisif, les victimes et les destructions s'accumulaient. Une attaque aux gaz sur une position rebelle près de Damas, faisant plusieurs centaines de victimes, rebelles ou civils sous leur contrôle, a mis en émoi la communauté occidentale. Qui avait pris l'initiative de l'attaque? Assad niait, les rebelles n'en avaient pas les moyens. Il fut admis qu'elle provenait du camp gouvernemental. La France et les États-Unis semblaient décidés à punir le régime assassin, mais la Russie et la Chine empêchèrent l'autorisation de l'ONU. Le recul des E.U. contraignit la France à faire de même. La Russie fit alors un geste de conciliation, auquel Assad se rallia. Le syrien ferait détruire ses stocks d'armes chimiques.

Le dindon de la farce ne peut être que la rébellion syrienne. Celle-ci se partage entre sa représentation politique, le CNS, et ses combattants sur le territoire syrien, l'ALS. À laquelle se sont associés des combattants de toutes sortes, mais pour la plupart animés par la volonté de remplacer le pouvoir baassiste, se voulant laïc, par un pouvoir islamiste sunnite, rigoureux. Or, la Syrie étant une mosaïque de peuples et de religions très diverses, ce projet requiert une prolongation indéterminable de la guerre civile et de ses exterminations ciblées.

Sur le terrain, l'ALS, se sentant abandonnée par les puissances occidentales, a fait alliance, politique, avec les groupes islamistes, pour une constitution future conforme à la charia. Le CNS est rejeté par cette nouvelle alliance, ainsi que le projet de négociation entre les protagonistes sous la houlette internationale. Ça promet une poursuite jusqu'à l'écrasement d'un des deux camps, et la soumission totale des survivants à un vainqueur qui aura pris les plus mauvaises habitudes.

Reste-t-il un "bon choix" aux défenseurs des "droits de l'homme"? Les occidentaux se sont portés, prudemment, au secours de ceux qui voulaient LA démocratie. Contre celui qui défendait la dictature d'une minorité. 

Mais maintenant, subsiste-il une différence entre "bonnet noir" et "noir bonnet"? Il semble bien que notre choix sera, à coup sur, mauvais, voire absurde. Dans d'autres pays, nous avons du "avaler" des choix apparemment "démocratiques" de partis religieux, bien décidés à mettre au pas les tièdes, les agnostiques, et les minorités pratiquant une autre religion que l'islam. Heureusement pour notre honneur, ce sont parfois les citoyens menacés de perdre leur liberté qui ont secoué ou mis à bas ces nouvaux pouvoirs.

Ce qui restera définitivement "inconfortable", c'est notre présence au spectacle, donné en temps réel, par ceux qui s'entretuent, et rasent leur pays de tout ce qui dépasse le niveau du sol. Ceux qui échappent à l'enfer arrivent sur nos côtes, et nous ne savons pas quoi faire pour eux, et pour combien de temps. Nos égoïsmes sont d'un autre ordre, reflètent une autre faiblesse.

Sceptique 

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P
Comme toujours, le monde occidental s'est réveillé bien trop tard.
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Sceptique
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