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Sceptique
8 novembre 2013

IRAN ET OCCIDENT: ENTRE PEUR ET RAISON.

Le conflit, "contenu", ou "froid", dure depuis plus de trente ans, avec la prise du pouvoir par le clergé chi'ite, et la fondation d'une République Islamiste fondant "pour l'éternité", la prééminence de l'islam chi'ite sur la société iranienne. Cette dernière a le droit de faire un choix entre les prétendants agréés par le Guide Suprême, coopté par le clergé, mais pas plus. Le dernier mot est réservé aux religieux.

Dès ses premiers instants, le nouveau régime est entré en conflit avec les États-Unis, allié et protecteur du Shah, renversé par la révolution. Mais aussi, avec les états musulmans sunnites, avec les nations occidentales solidaires des américains*, et enfin, par principe, avec l'État d'Israël, auquel plusieurs guerres, déclenchées par les États arabes, mais perdues par eux, ont donné un avantage territorial et militaire. L'État d'Israël peut compter, en cas de menace sérieuse, sur l'appui politique et militaire des États-Unis, et des autres nations occidentales. Mais sa politique propre est de ne jamais se laisser surprendre, et de posséder les moyens de détruire préventivement tout ce que ses capacités de renseignement détectent comme préparatifs d'une attaque, ou comme moyens d'acquérir l'arme atomique.

Sans frontière commune avec l'État d'Israël, l'Iran des mollahs se considère néanmoins en guerre "naturelle" avec l'État juif, intrus dans une région devenue "terre d'islam". Il ne pourrait accomplir sa mission "divine" que par la possession de l'arme nucléaire et du vecteur nécessaire pour la lancer sur l'ennemi juré. Il en résulterait immédiatement l'anéantissement de l'Iran, et peut-être de bien d'autres parties du monde, si toutes les puissances nucléaires prenaient partie pour la victime, ou le coupable**.

Heureusement, toutes ces velléités, destinées à satisfaire le bon peuple, sont verrouillées par la raison, suffisamment partagée par les responsables des parties protagonistes, pour ne pas aller trop loin. 

Mais pas en deçà du minimum, quand même. Pendant les deux mandats du "président" Ahmadinejad, particulièrement phobique de l'État d'Israël, l'Iran a, de manière difficile à cacher complètement, tellement les moyens d'espionnage à partir des satelites ont progressé, augmenté sa quantité de matière fissile, toujours "à des fins civiles", mais suffisantes pour entretenir la méfiance d'Israël et de ses protecteurs. Les atermoiements de l'Iran en réponse aux demandes de contrôle par l'AIEA n'ont pas permis d'aboutir à une conclusion fiable. Et la grande crainte des occidentaux est le déclenchement d'une action préventive d'Israêl, endommageant les installations suspectes par des moyens classiques. Car la riposte de l'Iran serait d'empêcher la circulation des pétroliers dans le détroit d'Ormuz, et "d'assoiffer" le monde, dépendant du pétrole des pays du golfe.

Les seuls moyens dont disposent les puissances occidentales pour contrer l'Iran, ralentir autant que possible sa production de matière fissile, la mise au point de sa bombe, et celle de son vecteur, sont les sanctions économiques, gênant ses exportations de pétrole, recette essentielle, et l'entretien des matériels de fabrication occidentale, achetés avant la rupture. Le pouvoir réel de ces sanctions ne pèse que sur la population civile. Les besoins de l'armée sont prioritaires, et les effets des sanctions sont un secret bien gardé.

Les événements sanglants de 2009 consécutifs à la réélection douteuse de Mahmoud Ahmadinejad  ont révélé au monde l'existence d'une résistance de la jeunesse à la théocratie installée dans les années 1970. Et, lors de la dernière élection présidentielle, c'est un mollah modéré, Rohani, qui l'a emporté sur un autre candidat plus "officiel". Avec beaucoup de prudence, le nouveau gouvernement a approché les occidentaux, au premier rang, les américains, toujours exigeants et méfiants, pour eux-mêmes et pour leur alllié israélien.

Selon un entretien donné hier au "Monde" par le Ministre des Affaires Étrangères de l'Iran, le négociateur de l'Iran déclare qu'un accord de son pays est possible (sur quoi?), mais que le déficit de confiance est du côté des occidentaux. La France n'est pas la moins exigeante, et l'américain Obama manque de fiabilité. Le surcroit de méfiance en provenance de l'allié israélien pèse lourd. Toute baisse de la garde des États-Unis pourrait libérer une action préventive d'Israël, avec les conséquences qu'on imagine sur l'approvisionnement en pétrole des européens.

Sceptique

*Sous forme d'attentats et d'assassinats de personnalités refugiées.

**J'ai eu d'autres occasions de commenter les tentatives de maitriser la technologie de l'arme nucléaire de nations semblant exclues par leur pauvreté et leur manque de moyens humains pour aboutir à un résultat démonstratif. Grâce aux coups de pouce fraternels de quelques savants soucieux d'égalité, d'équilibre, des pays pouvant avoir des soucis paraissant plus urgents à résoudre, sont parvenus à rassembler les moyens de produire le modèle de base de l'arme nucléaire. Leur fierté en a bénéficié, mais la possession de l'arme ne leur a pas tourné la tête. L'exemple de l'Inde et du Pakistan a été rassurant. Ennemis dès leur formation, immédiatement après la fin de la domination anglaise sur le continent indien, ils ont eu la sagesse de ne pas brandir, l'un et l'autre, leur bombe. Il est vrai que les deux pays y ont accédé presque simultanément. La possession de l'arme flatte l'amour-propre, mais "met du plomb dans la tête". La Corée du Nord fanfaronne pour sa propre galerie, mais sait bien ce qui lui arriverait si elle passait à l'acte. De plus, ses alliés "naturels" doivent la mettre en garde. Pour les mêmes raisons, je pense que l'Iran serait encore plus raisonnable après y être parvenu, qu'il peut l'être aujourd'hui. Mais, pour des raisons de politique intérieure, l'Iran ne peut offrir sa reconnaissance de l'État d'Israël, et son intention de le laisser en paix.

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