DÉFENSE DE LA TVA
La popularité de François Hollande et de son équipe est en chute libre, et son autorité, son droit à gouverner, sont contestés par toutes les parties...payantes. Il est un fait qu'un gouvernement démocratique ne peut qu'être paralysé par une opposition généralisée. Chaque "groupe de pression" voit plus de profit à se plaindre, à évoquer sa mort, qu'à faire participer ses clients au financement de l'État. Participent maintenant à la curée les artisans et les commerçants.
Pourtant, s'il est de tradition que la gauche monte sur ses grands chevaux, contre la TVA, sous prétexte qu'elle affecte le niveau de vie du peuple, c'est pour tout le monde le moins douloureux des prélèvements. Nos voisins, qui ont suivi notre exemple, en adoptant notre invention, n'hésitent pas à fixer des taux impensables pour nous, sans qu'aucun dommage plus grave que ceux que nous subissons, soit constaté.
La droite portée au pouvoir en 2007 avait envisagé sa hausse pour alléger les charges sur le travail, dès sa prise de fonctions, mais une indiscrétion de Jean-Louis Borloo avait fait les choux gras de l'opposition, qui l'avait brandie comme la fin du monde, juste avant les élections législatives. Il a fallu que la coalition de la droite et du centre nient farouchement, pour sauver la majorité présidentielle. Moins cinquante sièges quand même!
Ce n'est qu'en fin de quinquennat que sa hausse, compensant une baisse des prélèvements sur le travail équivalente en volume, a été annoncée, pour une mise en application après les élections présidentielle et législatives. Mais le boniment de la gauche l'emporta. Dans la foulée, elle annonça le retrait de la décision "posthume", de la droite.
La gauche avait dans ses projets de quoi assommer toute l'économie marchande française. Bénéfice zéro, et les patrons, au RSA. "On" lui fit valoir que c'était "fou", et un peu de raison lui revint. Un traitement palliatif fut conçu pour maintenir en survie, mais pas plus, l'économie privée. Le garrot fut desserré d'un quart ou d'un demi-tour, selon le degré de sympathie. Le boniment s'était inversé, les actions destructrices, non.
Mais comme il fallait bien compenser ces cadeaux à "La Finance", la gauche, après avoir annulé la TVA sarkoziste, en concocta une bien à elle: 0,4 point de hausse sur le taux supérieur (19,6 à 20%)*, 0,5% de baisse du taux le plus bas (produits de consommation de base), donc de 5,5 à 5%, et, enfin, une hausse substantielle du taux intermédiaire, celui des travaux d'entretien (et non de création) assuré par les artisans, et les entreprises de services. De 7 à 10%. À l'exception des entreprises de jardinage: de 7 à 20%. La possession d'un jardin est un luxe, l'incapacité de l'entretenir soi-même ne peut faire pitié. Pan sur le portefeuille des vieux bourges. Et si les entreprises de jardinage ferment leur porte, bast! "On" sait que leurs employés ne sont pas syndiqués et seront inaudibles.
Cependant, vu l'état de la popularité et de l'autorité du gouvernement actuel (15% selon le sondage du jour), il n'y a pas de raison à ne pas tenter sa chance. Les artisans, les métiers de bouche, fabriquant et vendant des produits transformés**, brandissent la menace de perte d'activité, leurs clients renonçant à faire des travaux non urgents, ou se serrant la ceinture, coupant leur faim avec du pain sec plutôt qu'avec un croissant.
Du temps où les travaux des artisans étaient frappés du taux maximum, 19,6%, les petits chantiers se faisaient "au noir", sans facture et payés en espèces, parfois même par les ouvriers, pendant leur week-end. C'était une perte sèche pour le fisc et la Sécurité Sociale. Un gouvernement intelligent fixa le taux des travaux d'entretien à 5,5%, pour faciliter le retour des travaux facturés, et des rentrées d'argent pour le fisc et les dépenses sociales.
À un taux presque double, il est inéluctable qu'il y aura un retour au travail au noir, d'une part, une réduction des demandes de travaux facturés, d'autre part. Se tirer une balle dans le pied n'est pas forcément volontaire. Ça peut tenir à la maladresse ordinaire.
Perrette, une fois de plus, a supputé trop de bénéfices sur son pot-au-lait, et pourrait bien le casser, n'avoir plus que ses yeux pour pleurer.
Ce qui est angoissant, dans cette histoire, c'est le danger du recours systématique à l'émeute par les diverses parties de la population, ne voyant que ce moyen pour être entendues et respectées. Les "joueurs de flûte"adorent ces situations. Ils espèrent en profiter pour installer leur dictature. Les moyens de défense de l'État (police, CRS, armée) sont présumés intacts. Mais il leur faut un chef et une mission précise.
Notre pays n'a ni besoin, ni les moyens, de s'offrir une révolution. Une gouvernance ferme et intelligente suffirait.
Sceptique
*Les importateurs ne seront pas méchamment affectés par cette hausse modeste.
**Les métiers de bouche doivent être affectés par les taux moyen et supérieur selon la sophistication de leur produits transformés, ce qui doit compliquer leur comptabilité. Car le taux pour les aliments de base étant abaissé, s'il était unique, ils n'auraient pas de motif à se plaindre.