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Sceptique
13 décembre 2013

LE POST-MODERNISME AU SECOURS DE LA GAUCHE.

Le peuple français ne sait plus à quels saints se vouer. Abandonnés de Dieu, ces précieux auxiliaires se montrent impuissants à obtenir des miracles, ils déçoivent, et se font renvoyer en Enfer à l'élection suivante. Un an et demi après la dernière, pourtant pleine de promesses*, c'est très mal parti, le peuple n'y croit plus, les troncs sont vides, les imprécations fusent. La pieuse Bretagne est en pointe de la contestation.

À l'échelle du monde, c'est comme si nous n'étions plus bons à rien. Les compétitions économiques tournent toutes à notre humiliation et à un tour de vis financier. Et il faut partager le peu qui reste en un nombre toujours croissant de rationnaires. Dont beaucoup débarquent d'un peu partout, avec leur prospectus flatteur en mains. Leurs agences de voyage nous présentent toujours comme Bysance, l'Eldorado, ou le palais de Dame Tartine. Leur déception n'est pas moindre que celle des autochtones, mais ils n'ont pas de billet de retour.

Les "et moi, et moi?!", ou les "et nous, et nous?!", ne sont récompensés que par leur écho. Il y a ceux qui ont une maison et pas de revenu, et ceux qui n'ont ni maison, ni revenu. Aux premiers les saints promettent un revenu. Aux seconds, ils promettent les maisons des premiers. Qui grognent, et en appellent aux démons, qui ne vantent pas le bon samaritain.

De quel côté que se tournent les yakas des deux bords, ceux qui ont le pouvoir, et ceux qui le désirent, les problèmes apparaissent insurmontables. Comment faire bonne chère avec peu d'argent? Comment faire du travail rentable, quand d'autres travaillent pour rien? Il manque toujours trois cents pour faire un euro. Et tout euro donné à l'un va être pris à l'autre. L'astuce consistant à prendre tous les euros de quelques uns pour les donner à tous les autres, a échoué en peu de temps. "Ils" ont donné une fois, puis sont partis. En Suisse ou en Belgique.

Avant cette crispation, du français ordinaire, sur son travail, sur sa maison, sur ses économies, la France avait accédé non sans efforts, à l'état de nation, ou société, moderne. Prospère, libre, offrant à chacun les mêmes valeurs, les mêmes libertés, la même culture. Un travail, la santé la meilleure possible, une retraite. La dégradation, le renchérissement, de ces offres, ont ramené une inégalité qui affecte particulièrement les derniers arrivés, les immigrés accueillis depuis les années 1950 jusqu'à nos jours, avec une difficulté croissante. Le ratage de l'intégration des immigrants, toutes raisons confondues, la charité obligatoire imposée aux populations autochtones, a créé plus de méchanceté que de bonté.  Elles sont de plus en plus tentées par l'égoïsme militant. 

Certains veulent bien jouer ce rôle, tandis que d'autres essaient de ne pas renier leurs valeurs. Il y a au moins ces deux façons de ne pas être indifférent. Contrairement à la réputation que les puristes des deux bords essaient de leur faire, les français ne sont pas indifférents. À rien. C'est précisément pour cette unique raison que chaque partie leur attribue ce défaut.

À partir de cette attribution erronée: ceux qui ne sont pas de notre avis sont indifférents à nos arguments, il est logique d'énoncer: la modernité est dépassée puisqu'elle est devenue inaccessible. Autant y renoncer, et même, déconstruire ses friches, l'échec de l'intégration, l'échec de la mobilité résidentielle, l'échec scolaire, l'échec social, l'échec culturel. Puisque le désir de s'intégrer ne trouve pas l'énergie nécessaire, renonçons à cet idéal. Que chacun reste comme il est, tant qu'il y tient. La cristallisation en communautés de ces choix individuels doit être acceptée. Leurs signes de reconnaissance et de distinction, aussi. Il faut cesser d'attendre d'eux qu'ils se fondent dans le troupeau anonyme**.

Malheureusement, cette déconstruction, ce post-modernisme qui n'est pas un dépassement, mais une régression, un renoncement, personne ne peut prédire ce qu'il donnera à terme. Aucun modèle incontestable de réussite n'est à notre disposition. La majorité des français ne lui fait pas confiance. Ceux qui la refusent se montrent radicaux: si un problème ne peut être réglé, il faut le supprimer. C'est de toute évidence impossible, et ne laisse que sa meilleure gestion possible, et un effort coûteux et soutenu dans les sens d'une meilleure adaptation à l'existant, plutôt que par son remplacement hasardeux.

Le plan proposé par les déconstructivistes au gouvernement: remplacer l'unité permise par la laïcité, en communautarisme débridé, la culture par des cultures, l'histoire, par des histoires, est un saut dans un artificiel inconnu. Il pré-suppose qu'on fasse taire, par n'importe quel moyen, les contestataires, ces "retardataires", ces rebelles au "progrès". Lequel a peu de chances d'être conduit par la main, en douceur, vers cet horizon idéaliste.

Sceptique

* Aux promesses proprement dites s'ajoutait une confiance naïve pour un homme mal connu.

**"Ils" positivent ce constat négatif en proposant que la société française intègre les valeurs particulières des communautés d'immigrés, qu'elle "leur fasse une place", pour faire un nouvel ensemble. Et ça vaut pour toutes. Il ne faudra se plaindre d'aucune!

 

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