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Sceptique
19 décembre 2013

UN LOT DE CONSOLATION.

Le bénéficiaire serait, si les électeurs sont assez nombreux à être d'accord, Édouard Martin, ce syndicaliste qui s'est mis très en vue lors des ultimes combats pour contraindre le patron, Arcelor-Mittal, de maintenir en production le haut-fourneau de Florange, dont la rentabilité, faute de charbon et de minerai local, n'était plus démontrable. 

Arcelor-Mittal était d'autant plus coupable qu'il maintenait l'activité d'un laminoir à froid moderne, transformant en tôle de bonne qualité des lingots d'acier fabriqués à Dunkerque, à partir de matières premières arrivant par mer. Les bienheureux ouvriers formés au laminage se voyaient garantir leur emploi, tandis que les fondeurs, malgré leur ancienneté, devaient se résigner à une reconversion ou au chômage.

La sidérurgie française, nationalisée après la guerre, ce qui faisait évacuer, pour ses parrains communistes, toute préoccupation de rentabilité, a rencontré la limite des subventions à tout va, interdites par les traités signés avec nos partenaires européens, qui ignoraient un tel système d'assurance-vie pour les industries lourdes...ou même, légères.

À la fin des années Mitterrand, qui avaient commencé, toujours à la demande pressante de l'allié communiste, par agrandir le domaine industriel public, la situation financière du secteur, quelques scandales politico-financiers ajoutés, et la distorsion de concurrence mécontentant nos partenaires, la décision fut prise de re-privatiser la sidérurgie et quelques autres paniers-percés publics.

Leur gestion, en permanence contrariée par une agitation sociale, les esprits des ouvriers et de leurs syndicats n'étant pas privatisables, les nouveaux propriétaires s'empressèrent de refiler la patate chaude à qui en voudrait. Le sidérurgiste indien Mittal prit le risque. Sans doute par inconscience de ce qui l'attendait. En Inde, on ne fonctionne pas comme ça. Le travail est encore un marché, de l'offre et de la demande. La demande excède l'offre*.

Souriant, paraissant blindé contre les insultes qui pleuvaient de toutes part, en langage de Ministre autant que d'ouvriers, l'indien tint à ses décisions de faire le ménage dans ses biens français. Il y eut Grandange pendant le quinquennat de Sarkozy, il y avait Florange qui attendait Hollande. L'un comme l'autre n'obtinrent rien de concret du patron près-de-ses-sous. Et l'État français avait juré qu'il respecterait l'orthodoxie européenne. Les choses s'accomplirent envers et contre les valeureux combattants du statu quo.

Édouard Martin avait été le héros de Florange. Pourtant, il représentait la CFDT, un syndicat se distinguant par son pragmatisme, sa préférence pour la négociation. Édouard Martin se fit aussi rude qu'un cégétiste patenté. Avec le même résultat.

La différence, c'est qu'il a du reconnaitre intimement la déraison qui l'avait animé, la vanité de la pensée magique sur les responsables non hexagonaux, qui ne s'en laissent pas conter. François Hollande et son bouillant Montebourg se contraignirent au silence. Mittal, ou rien! L'Europe, ou rien!

En politique, la rancune n'est pas une vertu. Le parti qui avait du souffrir mille morts pendant cette crise opposant ses grands principes et le réalisme nécessaire du pouvoir, confronté à ses limites (inimaginables par les esprits ordinaires), avait pu soupirer de soulagement. Le système de l'élection au parlement européen était l'aubaine qui lui permettrait de payer le "pretium doloris". La première place de la liste a quand même quelques chances, malgré la dégringolade normale du parti majoritaire.

Sceptique

* En France, aussi, mais ce n'est pas normal! 

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Commentaires
S
Lors de ma première année de pension, pour ma sixième, le plus chahuteur des "grands" est devenu "pion", du jour au lendemain. Et, immédiatement, le plus "vache". Ses camarades restés dans la piétaille n'ont pas apprécié le virage. Il en est même venu aux mains avec son frère ainé, également pensionnaire, et agacé par ses grands airs. Je continue à ne pas trouver "normal" un tel changement d'attitude, même, s'il n'est pas surprenant.<br /> <br /> Ce que je reproche, personnellement, à Édouard Martin, c'est d'avoir "monté la tête" de ses camarades, s'éloignant ainsi de la manière d'être des syndicalistes CFDT, et, une fois la défaite, logique, consommée, de se rallier à l'ex-traitre, le P.S. Je ne pense pas être plus sévère que ses compagnons de lutte.
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P
E. Martin n'est pas le premier à se comporter de cette façon. Que lui jette la pierre celui qui...
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Sceptique
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