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Sceptique
3 janvier 2014

DIEUDONNÉ ....

L'affaire arrive en première page des quotidiens nationaux, inspire un éditorial, celui du "Monde", et fait sortir Manuel Valls, Ministre de l'Intérieur, "de ses gonds". 

La cause est le spectacle donné chaque soir, dans son théâtre, par l'humoriste Dieudonné, qui a pris pour cible de sa méchanceté, les juifs, ceux de France, ceux d'Israël. Et leurs défenseurs et "complices", les français de "l'establishment", du monde politique et journalistique. Il fait la joie mauvaise de tous ceux qui partagent peu ou prou cette idée d'une domination du monde par les juifs alliés aux américains. En France cette idée pousse dru aux deux extrêmes de l'opinion, l'extrême-gauche, et l'extrême droite.

Dieudonné M'Bala M'Bala. Métis, aurait il un compte à régler avec les blancs, qui ont contribué à le faire, mais sans son consentement? Il ne semble pas. 

Si sa rancoeur ne concernait que les blancs, elle disposerait de larges circonstances atténuantes. "Ils" ont gros sur la conscience, et il est très tendance d'enfoncer le clou.. Mais lui, il y rajoute leur favoritisme envers les juifs, en réparation des crimes ineffaçables commis par les nazis contre le peuple juif, réduit à une race. La guerre israélo-palestinienne qui n'en finit pas, depuis la création de l'État d'Israël, n'est pas jaugée avec les mêmes poids que les autres conflits ethniques, critique l'humoriste, pour justifier ses propos anti-sémites. Pour rétablir une juste mesure, il en vient à regretter publiquement les oublis de l'extermination. Il s'en prend à des juifs vivants, insinuant qu'ils ne devraient pas exister.

Cette pensée, qui réduit la Shoah à un "détail", ou qui attaque les survivants, où qu'ils soient, existe, au moins dans la partie du monde impliquée dans les retombées des persécutions antisémites et de la "solution finale", dont la création de l'État d'Israël devait être la réparation, et la prévention d'une récidive. Le rejet absolu de cet état, sa négation, ou la promesse de son anéantissement, ne font qu'entretenir la haine et cerner son objet: les juifs. Le monde occidental est pris entre deux culpabilités, celle d'avoir été faible face aux nazis, de ne pas avoir pu empêcher l'extermination de six millions de juifs d'Europe, celle de ne pouvoir défendre les droits des populations arabes de Palestine, poussées dehors par l'expansionisme sécuritaire d'Israël, auquel la paix est toujours refusée, dans les faits.

L'interférence religieuse, de part et d'autre, aggrave la situation, creuse le fossé. Interpellé, Dieu ne répond pas. Il aurait donné sa réponse, il y a longtemps, mais pas la même à chaque peuple.

L'humoriste aurait-il viré dans le mauvais sens une "cuti", ou a-t-il choisi sciemment la pire manière de provoquer la société française, coupable et honteuse, par un discours méchamment antisémite? 

Ce qui est étrange, c'est qu'il a commencé sa carrière d'humoriste par un duo avec Élie Semoun. Il ne devait pas y avoir d'antisémitisme dans leurs échanges, ou alors sur le mode "gentil", "moqueur des travers", comme les juifs le pratiquent entre eux. Leur séparation n'aurait rien du à des outrances de Dieudonné, mais a une histoire de sous. Mais c'est après cette séparation que Dieudonné a entonné le vieux discours de l'extrême droite, qui s'est mélangé avec les griefs de l'extrême-gauche, qui soutient la cause palestinienne.

Malheur à celui par qui le scandale arrive. Dieudonné ne fait pas, seulement, rire son public. Ses insanités sont reprises, "urbi et orbi". Tout le monde y a droit. Il a inventé une version honteuse du "bras d'honneur", qu'il a appelé "quenelle". Toutes les célébrités qui veulent se démarquer du monde qui a fait leur fortune, le font par ce geste, "donné à voir".

Faut-il répondre à la provocation, ou l'ignorer, ne pas entrer dans le jeu d'une hystérie collective? L'éditorial du Monde souligne les obstacles juridiques, placés pour protéger la liberté de la création artistique, que rencontrerait une action administrative ou judiciaire. L'artiste a déjà été condamné par des tribunaux à la suite de plaintes. Il doit d'importantes sommes constituées par des amendes impayées. Mais il a su, comme d'autres, organiser son insolvabilité. C'est ce point fort qu'il faudrait affaiblir, conclut le quotidien, plutôt que risquer l'échec, de l'ajouter à ceux qui sont déjà recensés.

Je partage ce point de vue pragmatique. Il ne faut pas faire d'un spectacle permis, un spectacle obligatoire!

Sceptique

Note du 6 Janvier 2014: La Ministre de l'Intérieur a concocté un texte ministériel permettant la prise de mesures d'interdiction par ls maires et les préfets, interdisant la poursuite des spectacles de Dieudonné (au delà de la première séance). Globalement, les mesures sont considérées comme maladroites et peu opérantes. S'il n'avait rien fait....!

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Commentaires
S
Il semblerait que Manuel Valls a trouvé les moyens de faire appliquer nos lois sur le racisme, aux spectacles, même privés. Bien sûr, les contestations peuvent être suspensives, et la justice prend son temps pour se prononcer. Mais personne ne défend vraiment Dieudonné, et il devra finir par céder, par renoncer à la provocation.<br /> <br /> Cette limite à la liberté d'expression nous est spécifique. Elle est un autre "symptôme" de notre "non-indifférence", dont l'expression positive est notre interventionnisme en faveur des victimes de toutes sortes. Notre fameux "droit d'ingérence" (en fait, un sentiment de devoir).
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P
Reste à savoir maintenant si l'interdiction administrative de spectacles est bien conforme à notre droit.
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S
Tout à fait, mais ça ne semble pas si facile. Ça le serait encore moins, ailleurs qu'en France.
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P
Nous avons des lois; appliquons-les; ni plus, ni moins.
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Sceptique
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