LE NOUVEAU HOLLANDE ET SON PARI.
J'ai pu écouter, hier après-midi, toute la conférence de presse du Président François Hollande, et un certain nombre de questions et de réponses. Je ne me suis pas attardé aux inévitables questions sur ses aventures et leurs conséquences. L'affaire était, bien sûr, malvenue, mais elle ne l'a pas déstabilisé. Il s'y était bien préparé.
Sur la forme, je l'ai trouvé différent de ce qu'il voulait paraître au début de son mandat. Il a endossé le costume, ou l'armure, d'un Président de la Vème République, responsable des pouvoirs qui lui ont été confiés par les français. Il sait qu'il sera jugé à ses actes et à leurs résultats. Il n'est plus temps de tergiverser, ou de rêver.
Aux questions pressantes, il a répondu sur le nom de sa doctrine personnelle: "social-démocrate". Ce qui l'éloigne, forcément, de l'aile socialiste "pur sucre" de sa majorité, de son allié vert, et de ses électeurs communistes.
Mais, "social-démocrate", il peut traiter de la même manière les partenaires patronaux et syndicalistes du fameux pacte de responsabilité, ne pas entendre les cris d'orfraie de ceux qui rêvent de goulag pour les mal-pensants. Être "social-démocrate" constitue le minimum vital pour que son projet aboutisse.
On sait que le patronat a répondu favorablement à sa proposition. Un chef d'entreprise, accablé par le poids des salaires et de leurs charges, incapable de soutenir la concurrence des pays à bas coût de main d'oeuvre, ne peut voir aucun avantage à faire faillite. Toute disposition qui rééquilibre les conditions de la concurrence et lui redonne une chance, est la bienvenue.
Dès qu'il s'agit d'une entreprise "moyenne", il est difficile de calculer l'avantage en termes d'embauches de ces mesures. En tout cas, elles ne doivent pas être imposées dans le contrat, être "calculées" arbitrairement par l'administration ou les "partenaires sociaux". La gestion de l'entreprise doit être assurée librement par le patron. Mais il est bien connu qu'au bas de l'échelle des entreprises, certaines peuvent être mises en déficit dès la première embauche. Si celles qui parviennent au niveau d'intérêt d'avoir un collaborateur pouvaient satisfaire ce besoin plus vite, le gisement d'emplois , en volume, suivrait.
Ces "conditions", implicites, sont balayées par les porte-paroles des syndicats et de l'aile gauche de la majorité. Elles préconisent donc un pouvoir de police contraignant, sur ce que devront faire les entreprises des avantages qui leur seront accordés. Si ce pouvoir est accordé, et confié à ceux qui le demandent, il est à craindre que les entreprises renoncent, et que leur casse continue.
Les représentants de l'État, chargés du projet élaboré par son chef, le Président François Hollande, devront donc être fermes, face à ces demandes dénaturant l'esprit du projet. Le clivage idéologique qui partage toujours la gauche française et ses formes dans la société civile, les syndicats, reste donc l'obstacle, à la fois le plus lourd et le plus subtil.
Il reste, aussi, le problème du financement de la protection sociale, qu'il faudra rééquilibrer, par un transfert à une autre source fiscale, pesant sur les ménages ou la consommation. Les économies faisant partie du projet sont encore virtuelles. Or l'allègement de charges doit être immédiat*.
Ce projet présidentiel constitue sa dernière chance de sortir la France de l'ornière dans laquelle elle s'est embourbée. Le "ce n'est pas moi, c'est l'autre!" ne prend plus. Et aucune "récompense" n'est à attendre de sa réussite, car si l'aile gauche de sa majorité n'a pas intérêt à la déserter, son électorat sanctionnera le Président en fin de mandat.
Nous ne sommes peut-être plus, pour un "certain temps", dans une période favorable pour les présidents de la Vème République. C'est déjà bien qu'ils disposent de cinq ans pour faire quelque chose, mais, sans récompense.
Sceptique
*Parmi les méthodes d'allègement de charges à effet "bijectif", tant sur le pouvoir d'achat des salariés que sur la charge des entreprises, il y aurait celle d'un abattement à la base. Les prélèvements ne partiraient plus du premier euro, mais du 51ème, par exemple, ce qui ferait 50 euros de plus pour le salarié, et au moins 25 euros de moins pour l'employeur (pour un SMIC mensuel), les charges sur les salaires bruts se situant près de 50%. Le manque à gagner des organismes sociaux devra être réparti entre les salaires au dessus du plafond, la CSG, et la TVA.