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Sceptique
30 janvier 2014

MUNICIPALES À PARIS. UN DÉBAT.

LCI et EUROPE 1 organisaient hier soir un débat entre tous les chefs de file des candidatures à la Mairie de PARIS.

Je n'avais aucune envie de suivre ce débat, qui ne me concerne plus, et dont personne ne pouvait attendre quoi que ce soit. Un désir familial m'a imposé quelques tranches d'image et de son. Et il se trouve, quand même, que Paris, sa vie politique, depuis son changement de statut, sa mutation, urbanistique et fonctionnelle, m'ont concerné pendant vingt ans.

J'ai connu PARIS, capitale de la France, une ville agréable, à la circulation facile, gérée par l'État, avec l'assistance de mairies d'arrondissement. J'ai connu Paris, fief du bon père Jacques Chirac, toujours agréable à vivre, un peu moins à y circuler, tranquille jour et nuit, même dans ses quartiers chauds, et, grâce à ses ressources propres de capitale, très peu gourmande des contributions de ses habitants. 

Paris avait connu une dépopulation à la suite d'une folie collective pour la banlieue, surtout l'Ouest, par où arrivait le bon air. Autant aller le respirer encore intact. Mais pris dans les embouteillages monstres de l'autoroute de l'Ouest, les ex-parisiens déchantèrent, et la parenthèse de l'immobilier très accessible se referma. Je m'y étais installé à temps.

Jacques Chirac quitta sa mairie pour l'Élysée, en 1995. Son successeur n'avait pas son charisme. Paris devint une proie appétissante et facile. Elle fut conquise par la gauche, multicolore, dès les municipales suivantes. "Elle" entreprit de "civiliser" sa conquête. Vieille habitude colonialiste...le mot ne fut pas prononcé, bien sûr.

Paris avait des habitants, mais elle avait aussi des visiteurs. En provenance de la banlieue. Une bonne partie arrivait en voiture, et envahissait progressivement, en une à deux heures, tout l'espace libre de la capitale. Tous ces travailleurs venaient prendre leur part du bon air, et le remplaçaient par les gaz d'échappement de leurs voitures*. 

La première tâche, prise en mains par les Verts, fut d'empêcher, par tous les moyens, cette invasion quotidienne.  Les boulevards et les grandes rues furent rétrécis par des terre-pleins, des pistes cyclables, et des voies réservées aux bus et aux taxis, d'une largeur une fois et demi le nécessaire. La circulation privée, voitures particulières et véhicules professionnels non municipaux, fut partout contrainte à une seule file. Le stationnement fut drastiquement limité. Sa réduction encore en cours fait l'orgueil de Madame Hidalgo et de son compère écolo. L'inutilité de tous les travaux d'entretien du patrimoine privé a été imposée de fait. Les contraventions pleuvent sur les plombiers, maçons, ou électriciens qui interviennent sur les logements privés.

La seconde fut d'améliorer le service public du transport, indirectement par les voies réservées plus larges, et directement par la construction d'un tramway qui ceinturera la ville tout au long des anciennes fortifications, transformées en "Boulevards des Maréchaux". Et la troisième, par "les jeux", qui n'ont rien à voir avec ceux de Rome, mais qui inversent les propositions d'Alphonse Allais et de Ferdinand Lop, rapprocher le centre de Paris de la campagne et de la mer. L'ancien Paris-Plage, devenu le très chic Touquet, est maintenant reconstitué pendant quelques semaines d'été, sur une partie de la voie sur berge de la Rive Droite de la Seine.

La dernière ambition, celle de remplacer la bourgeoisie aisée pouvant habiter à Paris au prix que ça vaut, par un électorat plus sûr, hébergé dans des HLM, fut limitée par la rareté et le prix des terrains disponibles. L'objectif visé, supérieur aux exigences de la Loi, est de 30% de logements HLM à Paris "intra-muros". La dernière trouvaille est de remplir l'Avenue Foch, espace choyé par les grosses fortunes, françaises et étrangères.

Heureusement pour les édiles, comme partout ailleurs en France, les électeurs sont plutôt passifs. Ils confient leur destin à ceux qui savent les séduire, et ne chipotent pas sur les détails. Ils aimaient Chirac. Caressés dans le sens du poil, chouchoutés par Delanoë et consorts, ils se fichent des malheurs des banlieusards, des chauffeurs de taxis, des petits artisans qui rapetassent leurs logements. Ils payent un peu plus d'impôts, mais ce n'est rien à côté de ce que payent les autres franciliens. Dans les frontières sûres et reconnues de leur arrondissement, ils ne se sentent pas concernés par les foucades des politiques.

Bref, ils ne sont pas malheureux, et n'attendent pas au tournant Madame Hidalgo. Dont les chances de garder la Mairie de PARIS sont d'un niveau appréciable.

Sa challengère ne fait pas de propositions radicalement opposées. Au contraire, elle en rajouterait volontiers aux gâteries de la majorité rose-vert-rouge. Pour tous les candidats, le paiement habituel des additions par les diverses activités prestigieuses de Paris leur garantit le caractère indolore de leurs actions.

L'État, la République, perdent progressivement la main sur les affaires parisiennes. Autrefois, il était difficile de définir les parisiens, tous "de passage". Maintenant, ils peuvent se définir, constater leur différence d'avec les autres habitants de l'Île-de-France. Une frontière, sans barbelés, mais infranchissable si on tient à sa vie, les en sépare, le périphérique. La candidate de la droite imagine le recouvrir d'une dalle, sur laquelle pourrait s'élever de beaux immeubles, se vendant bien. Sa rivale lui lance un coût de 200 milliards, soit un siècle et demi de l'investissement annuel du Paris d'aujourd'hui!**

Cette surenchère est le point faible de la démocratie (enfin, de ceux qui la sollicitent). Elle ne tient plus compte du statut de capitale de Paris. Pour le moment, la connivence entre la majorité nationale et la majorité parisienne met sous un large mouchoir tous les conflits d'intérêts.

Madame Hidalgo part dans la compétition avec un avantage qu'elle devrait retrouver au deuxième tour. Il n'y aura pas de vote sanction à Paris, parce que les conséquences de la gestion de la majorité de François Hollande ne s'y font pas sentir. Paris est une résidence privilégiée pour les classes moyenne et supérieure, aisées***. 

Sceptique

*Peut-être réduite en quantité, mais concentrée sur une surface réduite, la circulation automobile est toujours aussi intense et difficile, et a sûrement une autre motivation que le plaisir de brûler du carburant. Elle est vouée aux gémonies, par tous, sans un iota de réflexion et d'analyse. Sauf par le représentant du FN, qui rassemble les mécontentements.

**Un périphérique transformé en tunnel continu serait éprouvant, plus "accidentogène", et encore plus malsain.

***La très sthénique représentante du Front de Gauche rêve, bien sûr, d'arracher le pouvoir de fait aux "problocs" de la capitale, en bloquant à un bas niveau leurs loyers. Et en faisant expulser leurs actuels locataires? Cette mesure complémentaire irait de soi, mais "chut!"!

 

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