LA "MAJORITÉ" A-T-ELLE UN PLAN "B"?

Faire suer le "costume-trois-pièces", comme ils en ont rêvé, n'a pas marché. Planter de longues épingles dans une poupée à l'effigie de Sarkozy, non plus. Le zéro pointé des sévères examinateurs européens a mis les dirigeants français face à leurs responsabilités, tous rangs confondus, du Président aux représentants du peuple. Ceux qui ont été punis, le plus injustement, étaient les plus modestes.

Mais le malheur des "autres", de toute évidence, n'apprend rien. Les survivants se cabrent devant la monstrueuse évidence. Il faut cesser de pomper, il faut laisser se reconstituer les nappes phréatiques, laisser couler les sources, de nouveau.

C'est le plan conduit par le nouveau Premier Ministre, Manuel Valls. Il a des prédécesseurs dans l'histoire de la gauche au pouvoir. Les meilleures erreurs ont une fin.

Le "encore un peu de temps, Monsieur le bourreau" est énoncé au nom des gagne-petits, nombreux en France, en particulier parmi les retraités des professions indépendantes (commerçants, artisans, agriculeurs). Ils ont peu cotisé, comptant sur la valeur patrimoniale de leur entreprise, et le nombre d'actifs dans leurs professions s'est effondré. Le système par répartition ne les avantage pas.

Ce système (je fais une parenthèse) est le meilleur et le plus sûr, mais il souffre de la crise, du chômage de masse qui réduit le nombre de cotisants. Mais les revenus du patrimoine et de l'épargne(victime d'une chasse abusive), ne compensent pas.

Il est donc exact que de nombreux retraités sont au premier rang des victimes de notre déconfiture économique. Mais qui doit beaucoup au "n'importe quoi" de la pensée économico-politique (ou inversement). En évoquant avec des sanglots leur triste sort, les pourfendeurs du plan "Valls"* mettent un mouchoir sur les chômeurs de (très) longue durée**. Eux n'auront que le minimum vieillesse....peut-être?

Heureusement pour tous les français au revenu modeste, l'inflation est devenue très faible. Ceux qui ont encore une activité économique serrent leurs prix pour la prolonger. Il n'y a que les prix des services d'état et de l'énergie qui augmentent. À cet égard, l'hiver doux que nous venons de vivre a évité beaucoup de misères***.

La majorité a la chance que la France et l'Europe ont fini par "toucher le fond", et qu'elles remontent doucement, portées par une reprise mondiale modeste, mais réelle. Et la crise internationale que nous devons à Poutine pourrait ne pas être aussi nuisible que ça.

Michel Sapin, Ministre co-gérant l'Économie avec Arnaud Montebourg, voit déjà, grâce à ses lunettes, le taux de croissance (presque) salvateur pour 2015. Qui pourrait s'en plaindre? Quant à Arnaud Montebourg, il vient de se voir couvrir de fleurs par le PDG du groupe algérien Cevital. Il aurait vigoureusement soutenu, à l'aide de fonds d'état ("on" en trouve toujours quand "on" cherche) le sauvetage de Fagor-Brandt. Dont les syndicats ont accepté les sacrifices exigés.

Pour autant, pour sauver "la forme", pour faire monter les enchères, les députées contestataires (les plus en vue), continuent de menacer le gouvernement d'un vote de censure. Je pense que leurs collègues masculins, sans oser le dire, serrent les fesses. 

Ces promoteurs d'un plan B flattent aussi le corps électoral de la gauche, les fonctionnaires et assimilés. À cause de la crise, leur "point d'indice" est gelé. C'est à dire que les traitements de fonctionnaires ne sont pas globalement augmentés, indépendamment de l'inflation et de la capacité contributive de l'économie nationale. Seules les augmentations dictées par l'inflation, et celles liées à l'avancement sont maintenues. J'ai l'impression que la masse des agents de l'État et des collectivités locales est consciente de ses avantages en terme de sécurité, et des difficultés réelles du pays. Il n'y a que les personnalités en vue de leurs syndicats qui donnent, un peu, de la voix. Comme invités par les politiques, peut-être?

Quant à leur solution, elle consiste à réserver les mesures du Pacte de Responsabilité (la baisse des charges), aux PMI-PME, écartant les grandes entreprises. Vous savez, celles qui font quelques milliers de chômeurs supplémentaires, quand elles s'effondrent! Étonnant? Non, hélas!****

Sceptique

*Le plan Valls a été élaboré avec le Président et un certain nombre de Ministres et d'experts.

**Cette larme confirme le "point aveugle" sur le problème des retraites: même nos parlementaires ignorent, sans s'en rendre compte, le fonctionnement de la retraite par répartition, l'impact du chômage de masse sur ces ressources. Les retaités sont malheureux parce que les salariés sont malheureux.

***Le froid est resté coincé sur le continent Nord-Américain.

**** Cf la chanson de Brassens, "les cons".