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Sceptique
27 mai 2014

UN SHERPA, RUE DE VAUGIRARD.

Je suis tombé, par hasard, ouvrant BFM-TV, en fin d'après-midi, sur le déballage de Maitre Maisonneuve, expliquant, en long et en large, et plutôt six fois qu'une, les petits arrangements entre l'entreprise Bygmalion, qu'il représentait, et les responsables de la campagne présidentielle, pour imputer au budget de l'UMP des factures de services rendus par la société au candidat Nicolas Sarkozy, afin d'éviter les dépassements illégaux. C'est un autre titre, plus féroce, que j'ai noté dans ma tête:"Byg Mic Mac"!

Mais, deux heures plus tard, toujours par hasard, et sur la même chaine, c'était la confession d'un Jérôme Lavrilleux, décomposé, au bord des larmes, livrant à Ruth El Krief qu'il avait été le seul responsable de ces transferts de dépenses sur le budget du parti, affolé qu'il était, alors, par le niveau du dépassement du maximum légal. L'obsession du candidat de ne pas laisser, oublié, un coin de France, lui faisait exiger des meetings supplémentaires, à improviser au prix fort. "L'intendance suivra !" du grand ancêtre Charles De Gaulle, et reprise par ses successeurs, était inscrite dans le bréviaire des frères convers.

Jérôme Lavrilleux, second responsable de la campagne du Président, et maintenant, bras droit de Jean-François Copé, Président de l'UMP*, a affirmé devant la journaliste, à la fois stupéfaite et avide, qu'il n'avait jamais révélé à Nicolas Sarkozy ce qu'il avait fait pour "le remettre dans les clous", ni à son nouvel amateur d'ascension présidentielle, auquel il n'est pas moins dévoué, Jean-François Copé**.

Qui était tellement convaincu que tout avait été "nickel", qu'il venait de porter plainte contre Bygmalion***, se défendant des soupçons de  facturations fausses, ou gonflées, et accusant son client d'exigences et de chantage.

"Pour une brique, t'as plus rien!" était le titre d'un film de rançonneurs de banques des années 1970 . La sécurité des banques a fait des progrès depuis, et cette source d'inspiration des cinéastes est tarie. À cela s'est ajouté l'euro et son inflation propre. Les factures en millions d'euros sont banales. S'il y a eu consensus entre la droite et la gauche pour assainir le financement politique, le souci des candidats méritants mais pauvres, a pesé sur les maximums, les laissant à un niveau irréaliste. Il y a toujours des têtes plus égales que les autres, et leur satisfaction impose à leur supporteurs d'avoir de l'imagination et de la prudence de Sioux.

Pendant que Jérôme Lavrilleux parlait, des équipes de policiers de la brigade financière perquisitionnaient déjà les sièges de l'UMP, de Bygmalion, pour commencer. Jérôme Lavrilleux les trouverait à sa porte à son retour, c'est sûr. 

Sceptique

*On sait que pour un dépassement (faussement) modeste, le compte de campagne de Nicolas Sarkozy, candidat à sa succession, a été "retoqué" par le Conseil Constitutionnel. Il a fallu à l'UMP ouvrir une souscription pour venir au secours du candidat promis à la ruine. La somme a été réunie en quelques semaines. Le dépassement réel était donc, en fait, très supérieur à la réalité avouée. Faire bonne démocratie avec peu d'argent, allons donc!

** Interrogé sur la dispute entre Copé et Fillon, Jérôme Lavrilleux s'est montré sincèrement convaincu qu'il n'y avait eu aucune fraude en faveur de Jean-François Copé(lors du vote interne en Novembre 2012). On est "sherpa", ou on ne l'est pas!

*** Pour avoir accès au dossier, en fait, par l'intermédiaire d'un avocat, probablement.

Note complémentaire du 19 Juin 2014: La nouvelle direction de l'UMP se pose la question de l'exclusion de son trop dévoué serviteur. S'il était appointé par le parti pour la fonction exercée auprès de Jean-François Copé, il ne doit plus l'être depuis son élection au Parlement Européen (dont il n'a pas démissionné, à ma connaissance). Quant à son exclusion comme militant, elle me parait discutable. Sa faute est l'effet d'un excès de piété envers son chef, qu'il a voulu protéger de la vérité. La possibilité d'une telle faute me parait liée aux valeurs de ce parti: la hiérarchie militaire ou féodale, le dévouement au chef. C'est une variété du "mensonge pieux", de l'acte altruiste. 

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