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Sceptique
1 juin 2014

UNE CHASSE À L'HOMME N'EST JAMAIS INDISPENSABLE.

Je reviens sur la crise qui vient de secouer l'UMP, et a abouti à la démission programmée de Jean-François Copé. Cette crise, très sérieuse, a été déclenchée par les soupçons, diffusés par la presse d'investigation, d'irrégularités financières contituées à l'occasion de la campagne du candidat à un deuxième mandat présidentiel, Nicolas Sarkozy.

La réaction en chaine à ces soupçons, ce fut d'abord la conférence de presse de Maitre Patrick Maisonneuve, avocat de la société Bygmalion, première cible citée. 

Déjà, "on" avait trouvé anormal que ce prestataire de services "politiques" (organisation matérielle de meetings, entre autres), fondé par des amis de Jean-François Copé, ait été le fournisseur exclusif de l'UMP, avant et pendant la campagne présidentielle. Peut-être au delà, d'ailleurs, mais forcément plus modérément. La vie politique proprement dite se calme pendant les premières années d'un mandat présidentiel.

De plus, le rejet global des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy par le Conseil Constitutionnel, pour cause de dépassement, a nécessité l'organisation d'une souscription auprès des militants et sympathisants, pour réunir les millions d'euros dus par Nicolas Sarkozy à ses créanciers. L'UMP avait sûrement mis la main à la poche pendant la campagne, et après, pour maintenir la pression sur ses fidèles. Pour conserver des effectifs conséquents de cotisants, le mouvement a maintenu un niveau élevé de communication avec eux. Ses besoins d'argent sont restés élevés. Les élections municipales et européennes, déjà prometteuses de votes-sanction, ont justifié des efforts supplémentaires de communication, dirigée par Jean-François Copé.

À mon avis, les pertes sévères subies par la majorité aux élections municipales sont l'effet des votes-sanction*. L'activisme des partis d'opposition n'y est pas pour grand chose. Par contre, les électeurs qui se dérangent pour les "européennes" ont une vision, positive, ou négative, de l'Union Européenne. Une indifférence de leur parti à leur égard, sous forme d'absence de campagne, aurait des conséquences sur leur participation.

Le pavé est tombé dans la mare, après, ajoutant au trouble laissé par le score flamboyant du Front National, devançant l'UMP. N'ayant pas envie de porter le chapeau, la société Bygmalion a envoyé son avocat expliquer à des journalistes ébahis, qu'elle s'était prêtée, sous le menace de rupture de contrat, à des manipulations de factures, pour alléger celle de la campagne présidentielle, et faire payer par l'UMP des prestations imaginaires. Difficile de nier quoi que ce soit après ça! Les regards soupçonneux ont du s'échanger en masse entre  cadres permanents du parti, ou leurs mandants politiques. 

Quelques heures plus tard, ce fut la confession douloureuse de Jérôme Lavrilleux, co-directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, chef du cabinet de Jean-François Copé, qui revendiquait l'unique et totale responsabilité de la manipulation demandée des factures, sans laquelle le budget de campagne de Nicolas Sarkozy n'aurait même pas pu être présenté! Il ajoutait qu'il n'avait jamais révélé, à Nicolas Sarkozy, et, plus tard, à son mentor, Jean-François Copé, ses initiatives risquées.

On sait qu'entretemps, Jérôme Lavrilleux a été élu député européen pour la région Nord-Ouest. Mais il a insisté sur son entière disposition envers l'action judiciaire inévitable. 

La faute pèse sur le mouvement politique dans son ensemble, dans sa conviction, très "américaine", que le succès est proportionnel à l'argent investi dans la propagande. Ce n'est même pas vérifié aux États-Unis même, bien qu'aucun parti n'ait jamais pris le risque de ne pas engloutir un minimum de millions de dollars dans sa campagne. Entre les mouvements motivés de l'opinion, et les capacités réelles du bourrage de crânes, le débat n'est pas tranché. Il y a un minimum indispensable, mais "on" ignore ses dimensions.

La spécificité française, ce sont ses rapports à l'argent. De ses origines rurales, résultent la manie de le cacher. Son histoire catholique ne fait pas de sa possession une vertu. Et l'évolution absolutiste et orgueilleuse de son ancien régime a aggravé son cas. Le paradoxe est que tout en faisant voeu de pauvreté, la République jette l'argent par les fenêtres. Donc, elle préfère qu'il lui soit réservé.

Il est possible que notre régime présidentiel, la Vème République, ait favorisé le clivage droite-gauche, et contraint les deux camps en compétition à dépenser toujours plus d'argent en frais de campagne. Il en est résulté des moyens illicites pour remplir les caisses des partis politiques, et le sacrifice de trésoriers poursuivis par la justice pour ces faits, généralement dénoncés par le parti adverse. La solution a été l'encadrement légal du financement des partis politiques et des campagnes importantes, comme l'est la présidentielle. Pour maintenir une égalité des chances, les plafonds ont été fixés bas.

Aucune loi ne parviendra jamais à transformer les humains en petits saints. Ce qu'on demande spécifiquement aux politiques, c'est de ne pas utiliser leur pouvoir à leur profit personnel. C'est le cas dans cette affaire. C'est par dévouement à sa cause et à son représentant, que cet homme engagé a agi. C'est à la justice de le poursuivre pour infraction à la loi, mais sûrement pas à des membres de son parti* d'en faire un bouc émissaire.

Sceptique

*Les hommes politiques n'acceptent pas cette idée de votes-sanction, punissant des acteurs non responsables de la politique sanctionnée. Ils se font des illusions sur les sentiments au jour le jour des électeurs. C'est la politique qui touche leur vie quotidienne qui fait leur opinion au même rythme. Le travail des élus locaux n'est pour eux qu'une simple délégation. Ils ignorent leur nom, généralement. 

**L'un d'eux s'est fait une publicité de cette façon. 

 

 

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