QUELQUES RÉFLEXIONS SUR NOUS-MÊMES.

L'actualité gave nos capacités à l'émotion, et au clivage qui la partage entre "tout pour", ou "tout contre". Et comme l'image d'un miroir, la sensiblerie, vraie, ou "institutionnelle", de notre Président, libère celle de chacun d'entre nous. Nous ne pouvons, décemment, avoir moins de coeur que notre Président!

Ne rougissons pas trop vite de notre sensiblerie. Elle imprime des traces durables dans la vie du monde. Les "french doctors", c'est nous, le "devoir d'ingérence", c'est nous, et, au jour le jour, les manifs qui battent le pavé et nos oreilles, sont le plus souvent motivées par des sujets qui nous touchent, forcément, mais qui sont hors de notre pouvoir. À Paris, nous vociférons contre Jérusalem ou contre le Hamas, contre Poutine, ou contre (nettement moins) Porochenko.

La guerre israélo-palestinienne récemment rallumée, gravement, soulève notre opinion. À partir du "sondage" permanent que réalisent les réactions d'internautes à chaque information, sanglante, notre émotion se porte nettement sur les moins forts, qui prennent le maximum des coups, les palestiniens de Gazah. Ceux qu'ils donnent sont comptés pour rien. J'ai bien connu l'émotion inverse, des années 1960 et suivantes, où la coalition des états arabes et des palestiniens faisaient des victimes israéliennes, non seulement sur place, mais dans le monde entier, où les hommes du Fatah montaient attaques et détournements, avec quelques assassinats bien choisis , pour qu'il n'y ait pas erreur sur leur sens.

Entretemps, les israéliens ont gagné plusieurs guerres, et, du coup, ils ont entendu d'une oreille plus complaisante les promesses du ciel, transmises par les rabbins. Tandis qu'en face, du côté palestinien et alliés, "on" a réactualisé les promesses inverses faites au Prophète.

Notre réaction majoritaire, étrangère à la perplexité divine, est celle de mécréants décomplexés. Il y a un peuple fort, l'israélien, et un peuple faible, le palestinien. Donc la justice est automatiquement du côté du faible. Et que de notre point de vue les deux belligérants n'aient rien à faire, ne nous trouble pas.

Ce n'est pas différent pour notre nouvelle émotion, créée par le sort fait aux chrétiens du Moyen-Orient, par les actuels dominants, les fanatiques salafistes, auxquels Allah a confié la conquête du monde, interrompue malencontreusement il y a quelques siècles. Dans leurs marches conquérantes, les héritiers des cavaliers de Mahomet reprennent le nettoyage incomplet de leurs ancêtres. Ils font table rase des hommes et des oeuvres païennes oubliées.

Il est donc naturel que nous choisissions les plus faibles, victimes de ce droit du plus fort. Du sommet de l'État aux chaumières, une majorité des français est favorable à cet accueil. Seul le Front National, bousculé dans sa logique, fait la moue.

Observer que l'argumentaire de ceux qui subissent la force israélienne, et de ceux qui nettoient la Syrie et l'Irak, est rigoureusement le même, serait d'une grossièreté insigne.

Sceptique