L'HOMME ET L'ARME À FEU.

L'arme à feu rassure l'homme qui la porte, lui donne un supplément de puissance, très réel, mais aussi, imaginaire. Hélas, à tout instant, elle peut le rendre assassin.

Dans l'affaire de Dolomieu, c'est le délinquant, armé pour faire peur à la victime de son larcin, qui tire sur un témoin gênant, et le tue. Dans cette autre affaire, survenue à Joué-sur-Erdre, rapportée par le Figaro, c'est la victime qui tire, et qui tue un cambrioleur.

Il n'y a plus de peine de mort, et le cambriolage ne l'a jamais fait mériter. Il y a cependant un certain nombre de cambrioleurs qui ont payé de leur vie cette activité. L'association des victimes ne s'en émouvait pas vraiment. Le premier jugement populaire est toujours "qu'il ne l'a pas volé!"

Mais l'ordre public ne peut accepter qu'on puisse se faire justice, et il revient exclusivement à la Justice de la rendre. 

Un trait répétitif dans ce genre d'affaires, est que, malgré leur clarté, elles passent par l'incarcération de la victime qui a poussé trop loin son indignation. L'opinion reçoit cette sévérité, ou cette prudence pointilleuse, comme un parti-pris en faveur de la délinquance.

Pour qui sait se servir d'une arme à feu, à distance courte ou moyenne, un tir "instinctif", ou "au jugé", peut tuer. Les adeptes des clubs de tir, dans ces circonstances, font des "cartons" éloquents.

La solution préventive est individuelle et réfléchie: ne pas avoir d'arme à feu chez soi*. Qu'on sache, ou non, s'en servir. Car l'usage dans l'état de rage que déclenche une intrusion, se contente des services de notre cerveau archaïque, que nous partageons avec les fauves ou les taureaux. Tirer dans les pattes ou en l'air nécessite un degré de conscience sur lequel il ne faut pas compter. Autre avantage de l'absence d'arme, l'évitement de tout accident familial.

Sceptique

*La société ne peut refuser à des professions très "sollicitées", comme les bijoutiers, la possession d'une arme à feu. Mais on a vu que leur usage légitime a valu de sérieux ennuis aux agressés, supposés pouvoir se défendre mécaniquement, sans émotion.