LAISSONS LES PEUPLES DISPOSER D'EUX-MÊMES...

Mais, aidons-les, cependant, à se défendre contre des envahisseurs en manque d'empire.

L'éditorial du "Monde", daté du Mardi 19 Août 2014, exprime une inquiétude convenue face au recours aux combattants kurdes, appuyés par l'aviation américaine, pour arrêter les djihadistes fanatisés de l'État Islamique, qui veulent rétablir le califat de Bagdad, nettoyé de tous ses impies et hérétiques divers.

Les kurdes ont déjà commencé à combattre, et à remporter des succès, mais ils demandent des armes, équivalentes à celles qu'ont récupérées les djihadistes, au dépens de l'armée irakienne "officielle". Des armes, pour l'essentiel, américaines. 

Nous, français, n'avons pas tardé à réagir, "à la française", et nous aurions déjà réalisé une livraison. Dont le contenu n'est pas révélé. Mais d'autres suivront, les anglais, les américains, les allemands, peut-être, malgré la phobie des guerres héritée de l'aventure nazie.

Ce dont s'inquiète le rédacteur du "Monde", c'est que cette puissance, cette responsabilité, confiées aux kurdes, les incite à imposer leur indépendance politique comme prix de leur courage.

Si les kurdes ne sont pas les seuls à ruer dans les brancards turque, syrien, irakien, et iranien, ils le font, en vain jusqu'ici, depuis des siècles. Le point faible créé en Irak par l'invasion américaine de 2003, le remplacement du pouvoir dictatorial de Saddam Hussein par la "majorité" chi'ite, détestée et méprisée par toutes les autres composantes de la population de l'Irak, va se prolonger inéluctablement par la dislocation de l'ensemble artificiel en ses trois éléments "naturels", les sunnites, les chi'ites, et les kurdes. Les minorités, chrétienne, yazidie, et peut-être d'autres, ne pourront que se placer sous la protection du plus tolérant. En ce moment, c'est le kurde.

L'Irak, comme nation, est une création de toutes pièces par le mandataire anglais désigné par la SDN en 1918. Comme toutes les nations découpées dans l'empire ottoman vaincu en même temps que son allié allemand. 

Cette aire géographique semble avoir toujours été propice à la formation d'empires, "in situ", ou par la volonté d'envahisseurs. Depuis l'antiquité jusqu'à la fin de la première guerre mondiale. Au risque d'en oublier, je ne ferai pas la liste des empires qui s'y sont succédés.

Mais les empires, c'est fini, et cette région du monde rejoint le club des nations, ensembles plus petits et majoritairement consentants à vivre ensemble. Les conflits déchainés dans cette partie du monde n'entrent plus dans la définition de guerres civiles, comme il est courant de les nommer. En tout cas, ce n'est pas à la communauté internationale d'en décider. Son seul devoir est d'en limiter les horreurs, mais là encore, ses interventions sont rarement bienvenues.

Au stade d'évolution constaté aujourd'hui, on ne peut qu'avoir le sentiment que l'indépendance des parties de l'Irak, en guerre les unes contre les autres, rendrait chaque partie plus heureuse. 

Sceptique