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Sceptique
25 août 2014

SYRIE: VERS UNE RÉVISION "DÉCHIRANTE"?

Une guerre civile ravage, depuis quatre ans, la Syrie. Le bilan humain a atteint 192.000 morts(chiffres officiels). "On" ne voit pas le bout de cette guerre, dont le Président Bachar el Assad est le principal responsable, mais qui dépasse, maintenant, les possibilités locales, soit d'une victoire d'un camp sur l'autre, soit de leur réconciliation. Car il y a longtemps qu'il n'y a plus deux camps en conflit. S'il y a une unité apparente du régime de Bachar El Assad, soutenu fidèlement par son allié russe, le camp "rebelle" est composite, et les groupes islamistes ont peu à peu réduit l'importance des "libéraux", à l'origine de la révolte. Les "djihadistes", fanatisés, plus cruels, et terrorisant les humains ordinaires, constituent maintenant la principale force d'opposition* au régime alaouite**. Et ces "djihadistes", sunnites, se partagent à leur tour par leur référence à Al Qaeda, ou à l'État Islamique, qui prétend reconstituer le califat de Bagdad, et a entrepris, pour y parvenir, de conquérir l'Irak, dont Bagdad est la capitale. Aux mains d'un pouvoir chi'ite, depuis l'invasion américaine de 2003.

Cette guerre est "religieuse-politique". Ces deux volets ne sont pas dissociables. Le politique doit échoir à la vraie religion. Celle qui se proclame, haut et fort, possédant seule cette qualité, est le sunnisme. Les camps qui la déchirent sont déterminés par leurs chefs, non par des nuances de leur foi.

Le chi'isme, qui réunit la religion et la politique en Iran, n'avait jamais eu cette possibilité en Irak, bien qu'il y fut majoritaire, en particulier dans le sud. C'est l'occupant américain, qui, obsédé de démocratie, le mit en selle et lui donna les moyens de dominer les sunnites, "détrônés" de leur position dominante, fondée sur leur valeur guerrière. 

Revanchard et sectaire, le pouvoir chi'ite d'Al-Maliki a déroulé un tapis rouge (de sang) au sunnisme triomphant. Qui, dans cette nouvelle version, entend restaurer le "nettoyage" fondamental de l'islam, à l'égard des adeptes des autres religions, survivants des rescapés de la conquête musulmane des 7ème-8ème siècles de notre ère.

On dit que l'histoire se répète. Peut-être, mais c'est le désir des hommes, qui souffrent du souvenir des échecs, partiels, ou complets. Le désir de l'EI, c'est d'effacer l'histoire du repli territorial et politico-militaire de l'islam depuis le 16 ème siècle***, accompli en 1918 avec le dépeçage de son successeur, l'empire ottoman.

Mais l'ordre du monde n'est plus déterminé par les religions, dont le "droit" de contrôler la vie politique est de plus en plus contesté, parfois brutalement, comme en Égypte. En dehors du monde musulman, les pouvoirs sont globalement laÏques. Leur référence religieuse n'est plus "d'État". 

Sur le vaste champ de bataille qu'est devenu le Moyen-Orient, les forces qui se réclament de l'islam radical ont un comportement absolument intolérable. La médiatisation, voulue par les assassins eux-mêmes,  amplifie le sentiment d'horreur, et oblige les intervenants occidentaus (ou autres) à "revoir leur copie". L'assassinat, "publique", de James Foley a été le choc déterminant. La lutte contre ce pouvoir fanatique nécessite une révision de nos choix. Le brutal Bachar el Assad est devenu plus fréquentable que son ennemi Al-Bagdadi. 

Il est avéré que les américains l'ont déjà compris et ont révisé leurs actions en conséquence, s'alliant aux russes sur ce champ particulier. Leurs partenaires européens devront opérer le même renversement. Je pense que la France ne sera pas la dernière.

Sceptique

*"Ils" constituent une sorte de Légion Étrangère, par le recrutement de volontaires des communautés musulmanes de divers pays, d'Europe, en particulier, et par l'esprit, l'Islam primant sur les nationalismes. Les intérêts des civils présents sur le territoire qu'ils contrôlent ne sont pas pris en considération.

** Secte chi'ite.

***La bataille navale de Lépante, mettant fin à l'invulnérabilité des turcs. Le siège de Malte et son échec l'a précédé de quelques années.

Note du 2 Septembre 2014: Un expert en religions islamiques, Mr Pierret, conteste l'utilité d'un revirement de l'attitude occidentale envers le régime syrien de Bachar El Assad. Il souligne que le pouvoir pris par Al-Qaeda ou l'État Islamique dans certaines régions de la Syrie, a été bien accueilli par les populations sunnites, accablées par la répression du pouvoir syrien. Il vaudrait mieux soutenir les rebelles libéraux, les initiateurs de la révolte de 2011. Mais ils ne sont pas bien organisés, et parfois tentés par l'extrémisme religieux et ses conséquences sur les comportements. Le "cordon sanitaire", tentant d'empêcher l'arrivée de jeunes volontaires en provenance des communautés musulmanes de l'Europe, est une bonne mesure, à court et moyen terme. Quant à la surveillance stricte des retours de ces djihadistes fanatisés, susceptibles de prolonger leur combat dans le pays d'origine, elle va de soi. Leur incarcération est une mesure préventive.

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