LE SOCIAL-LIBÉRALISME SERAIT-IL UN BON GROS BOBARD ?

C'est François Facchini, un Professeur Universitaire d'Économie, qui l'affirme ou le soupçonne, dans la page "Débats" du Monde daté du 6 Septembre 2014. Son observation se limite au socialisme français.

Il relève les trajectoires suivies par la gauche socialiste lorsqu'elle se voit confier le pouvoir. Elle part invariablement "bille en tête" dans une oeuvre de démolition ou de mise hors service de l'économie marchande, car elle est convaincue que les entreprises, laissées, modérément*, libres de travailler, en profitent pour ne rien faire, ou alors, faillite.

"Elle" sacque, elle taxe, les survivantes, en augmentant les prélèvements existants, elle invente des taxes ou des contraintes "sociales" nouvelles. Tout étonnée, à peine quelques semaines plus tard, elle s'aperçoit que ces entreprises la trahissent encore plus, quelles mettent la clé sous la porte à une cadence accélérée. Interpellée par les syndicats, elle ne met pas beaucoup de temps à s'apercevoir qu'elle ne peut rien faire, que les premières victimes de l'hécatombe sont sur des créneaux obsolètes, exposés à la concurrence des pays devenus capables de faire la même chose, mais à bien moindre prix.

Constatant l'aggravation rapide de la situation qu'elle a héritée, elle commence par essayer de calmer les plus excités de ses zélotes. Tâche ardue. Ils se débattent, crient à la trahison, retardent la manoeuvre de repli.

Il faut pourtant, d'urgence lâcher du lest. Mettre un mouchoir sur ses actes de foi, qui "ont de la bouteille", qui sont sacrés dans l'esprit et le coeur de bien des partisans. À coup sûr, ils se sentiront trahis. Au milieu du gué, les responsables sont tiraillés entre la nécessité d'aborder l'autre rive, et le devoir de ménager les trainards.

Ceux qui ont pris pied sur la rive du réalisme, de la reconnaissance de l'importance des locomotives dans la bonne marche des trains, tiennent un discours flatteur et rassurant en direction de ceux qui remettent en marche leurs usines. Les malédictions parties de l'arrière-garde arrivent étouffées. Les chefs ne savent plus où donner de la voix, dire quoi à qui. Ils sont escortés par des bavards qui claironnent leurs rengaines anti-capitalistes.

Ce qu'observe l'auteur, c'est que cette adaptation à la réalité, après la tentative de vivre le rêve, se répète à chaque retour au pouvoir du socialisme. Il ne lui semble pas que la conversion soit sincère et définitive. Les éléments pragmatiques de la majorité reconnaissent la nécessité de temporiser, de remettre à plus tard la vraie victoire, mais la masse continue de ruminer sur les malfaisances de la finance, des patrons, des "banksters"**.

La traversée du désert sera longue. En 2017, il faudra assurer le plein de voix au candidat de la droite républicaine pour éviter l'élection de Marine Le Pen. Combien de temps sera nécessaire pour oublier François Hollande? Quelles sont les chances d'un énarque de gauche, trentenaire aujourd'hui, d'être présidentiable à cinquante ans, avec le même programme que son glorieux, mais malchanceux, prédécesseur?

Sceptique

* Héritage de notre histoire paysane et monarchique, notre économie marchande n'a jamais été libérale, car plus souvent à l'initiative de l'État, que spontanée. Il en est résulté des réglementations tatillones, et leur...rémunération! Le troisième paramètre, important, le "catholique", ne me semble pas jouer un rôle dans ce rapport particulier.

** Mot emprunté à un sympathique anarchiste.

Comments

[Sceptique]

En relisant ce billet "vieilli", à l'occasion du passage d'un lecteur, je m'aperçois que j'ai eu la préscience du surgissement d'un réformateur jeune, nettement trentenaire à l'époque de la rédaction du billet. Je pense que beaucoup verront dans ces lignes la silhouette d'Emmanuel Macron, le "chouchou" de François Hollande, "repreneur" du mandat de Président, tombé des mains faibles du socialiste.